Faits divers

A Chalon-sur-Saône, Il attaque son voisin armé d'un merlin

A Chalon-sur-Saône, Il attaque son voisin armé d'un merlin

Son père lui avait payé cette porte vitrée, une belle porte à 1 300 euros. Mais il ne l’avait pas posée, elle attendait, posée au sol. Alors quand son pote et voisin rate sa cible au lancer de hachette, que la hache tombe sur la vitre et la brise, c’est le drame.

Un funeste lancer de Tomahawks
L’idée d’organiser lors d’une soirée un « lancer de Tomahawks », comme il dit, est déjà chelou, mais alors laisser une porte vitrée sous la cible, fffff. Ça s’est passé aux Bordes. Le temps a passé. Le voisin et ami semble n’avoir pas choisi de dédommager pour la porte (peut-on le tenir pour responsable ? les assurances couvrent-elles le lancer de Tomahawks ? ...), et les deux hommes ne se parlent plus. C’est dans ce contexte que le 29 mai au tout petit matin, le propriétaire de la porte entre, ivre, chez son ancien pote, lequel dormait sur son canapé, cuvant lui aussi une nuit de fête. 


A coup de hache, à coup de ciseaux : le PSIG se déplace
A l’issue de sa visite, patrouilles de gendarmes et membres du PSIG sont au domicile. Monsieur X a plusieurs blessures, dont l’une causée avec une paire de ciseaux. « Je ne le reconnaissais pas », dit-il de son voisin, à l’audience de comparution immédiate où celui-ci est jugé. Il est né en 91. Il est en état de récidive légale. 
Il a d’abord brisé le pare brise de la voiture, -« il tenait à sa voiture, je voulais lui montrer que quand quelqu’un casse ce à quoi on tient, ça fait mal au coeur »-, avec un merlin. Le merlin est une hache destinée à fendre les bûches, pour dire comment l’autre a pu avoir peur quand le prévenu a retourné la hache contre lui. Plusieurs voisins attestent avoir vu le prévenu essayer de le frapper à la tête avec le merlin. Le prévenu dit « non », la victime dit « si ». 


Ils boivent trop et enquiquinent le voisinage
Alors, côté picole les deux semblent bien donner et la présidente Catala évoque la saturation des voisins. « Ils en ont marre de vous, mais aussi de vous, parce que vos comportements ne sont pas sereins quand vous avez bu. » Le prévenu se maintient sur une ligne de crête : il lui en voulait, il voulait lui montrer que personne n’aime qu’on vous casse vos affaires, mais n’a pas essayé de frapper avec hache, et les ciseaux, bah ça faisait « une griffure ».


« Ça m’a ruiné ma vie, c’t’alcool. J’avais un bon travail et j’ai tout perdu » 
Le point central de l’audience, c’est que côté picole, le prévenu va au-delà de tout. 8 mentions à son casier, deux condamnations récentes, pour violences conjugales, puis les mêmes, en récidive. Il a été incarcéré, mais il a commis ces nouvelles violences alors qu’il était en sursis probatoire, on lui avait ôté son bracelet électronique le 20 mai... « Ça m’a ruiné ma vie, c’t’alcool. J’avais un bon travail et j’ai tout perdu. » Il avait assuré avoir arrêté l’alcool, en avait même « verbalisé les bienfaits ». Alors ? « Quand je suis tout seul, ça va, mais quand je suis avec d’autres, c’est l’engrenage. » 


Enchaînements de pertes
Avec ça, la représentante du ministère public souligne « l’ampleur de son immaturité », s’arrête sur la problématique alcool, les différentes condamnations, conclut « rien ne semble l’arrêter » et requiert pas moins de 2 ans de prison ferme avec maintien en détention puis un sursis probatoire (1 an de prison au cas où) renforcé pendant 2 ans et la révocation de 5 mois de sursis. « Moi je vois surtout un homme de 30 ans qui finissait une peine sous bracelet électronique et qui a connu un enchaînement de malheurs. Il perd successivement son permis de conduire, son travail, son père. Ne peut voir ses enfants que lorsqu’un des mères le veut bien. J’imagine la détresse et la solitude de cet homme » plaide maître Varlet. 


"Je suis désolé, je n’ai rien contre toi. On règle tout ça et on n’en parle plus ? "
L’avocat insiste sur « la fragilité certaine » du prévenu, estime qu’il a beaucoup à faire, glisse que des rendez-vous chez le psy une fois par mois c’est peut-être insuffisant ? Le prévenu a la parole en dernier. Il veut dire un mot à son pote-voisin qui a 15 jours d’ITT : « Je m’excuse, je suis désolé, je n’ai rien contre toi. On règle tout ça et on n’en parle plus ? » Au moment des réquisitions, il avait baissé la tête : 2 ans !... Mais la tentative de coup de hache à la tête, corroborée par plusieurs voisins, va se payer.


Incarcéré pour 29 mois
Le tribunal déclare le prévenu coupable, le condamne à la peine 3 ans de prison dont 1 an est assorti d'un sursis renforcé pendant 2 ans. Obligations de travailler, de suivre des soins (psycho et addicto), d'intégrer AIR (accompagnement individualisé renforcé), d'indemniser la victime, interdiction de paraître à son domicile. Interdiction de porter une arme pendant 5 ans. Le tribunal ordonne son maintien en détention et révoque le sursis de 2020, soit 5 mois, il va les faire en prison. 29 mois en tout. 

Florence SAINT-ARROMAN