Givry

Des extra-terrestres seraient cachés jusqu'à dimanche à la Halle Ronde

Des extra-terrestres seraient cachés jusqu'à dimanche à la Halle Ronde

Si vous les apercevez, n'intervenez pas vous-mêmes et laissez faire Jërëmy Tïssïer.

Celui qui se dénomine chasseur d'aliens verse à la fois dans la photographie et dans la musique puisque les sons pop tribaux qui sont diffusés dans le bâtiment du centre-bourg de Givry sont de sa création. Diverses images sont présentées, sans qu'on sache vraiment ce qu'elles représentent. On a d'ailleurs tendance à y voir des formes qui nous sont familières sur Terre, mais l'artiste insiste sur le fait qu'elles viennent de l'espace.

Il faut dire qu'on imagine ce qu'on n'a jamais vu d'après ce qu'on connaît, ainsi les Martiens sont-ils verts mais restent anthropomorphes. Et si ce ne sont eux, ce sont les insectoïdes et les reptiliens ! Il n'y aurait pourtant rien d'incroyable à ce que les habitants d'outre-cosmos nous ressemblent car on dit que ce sont les météorites qui ont ensemencé notre planète.

« Ensemencé »… Tiens-donc, comme les Ingénieurs de la saga Alien, dont la photo de langue visqueuse évoquera aux fans de science-fiction celle de créatures comme le Xénomorphe ? Mieux vaut se diriger vers l'estrade pour voir un éléphant… à moins qu'il s'agisse d'une sorte de méduse faisant pendre ses appendices venimeux ?

Au moment où la chaleur revient pour de bon, cela a de quoi faire froid dans le dos. Pourtant, d'après Jérémy Tissier, il s'agit d'une végétation qui a « accepté 'dans la bienveillance' de poser devant l'objectif », précisant dans son book que ce sont en fait des clichés capturés dans la nature sans mise en scène ni retouche.

Plumes et tissus façon Tim Burton
S'ils sont bienveillants, soit, mais on n'est guère rassuré au vu de cette goutte de rosée pendant au bout d'une tige. On dirait en effet une patte velue d'arachnide, ou bien un utérus artificiel, le genre à retenir des êtres humains dans un liquide physiologique style Matrix ou de simples foétus en gestation d'une usine de clonage ou du meilleur des mondes d'Aldous Huxley.

Une impression renforcée par l'autre exposition, cette fois d'Isabelle Léourier, passée par la haute-couture et dont les fines créations sont faites de plumes, de fils, de cuir et de résine savamment assemblés en symbiose. Mais dont certaines sont des têtes pouponnes sous cloche, comme arrachées à des sujets d'expériences et maintenues dans du formol par un savant fou, quand elles n'ont pas le côté chimérique d'Edward aux Mains d'Argent.

Et quand ce ne sont pas des têtes, ce sont des champignons et des bulbes prêts à libérer leurs spores et à étendre leurs pousses de germination. Car la fragilité (de la vie ?), le vide (existentiel ?) et la vitalité (de la nature ?) sont parmi les matières premières que sculpte Isabelle Léourier.

Deux univers qui se complètent assez bien au final jusqu'au dimanche 4 juin et qui, puisque l'art doit amener à réfléchir, font ressurgir la morale rabelaisienne que science sans conscience n'est que ruine de l'âme. Et si la vie tient justement à un fil, elle s'épanouira dans le transnaturisme plutôt que dans le transhumanisme.