Chalon sur Saône
TRIBUNAL DE CHALON - 21 ans et auteur d'agressions sexuelles sur des femmes croisées dans les rues de Chalon
Par Florence SAINT-ARROMAN
Publié le 24 Septembre 2024 à 10h18
Bon sang cette phrase ! « Je sais que tu en as envie », c’est une horreur. C’est qu’on ne parle pas d’un bouquet de fleurs ou d’une sortie au cinéma, non, on parle d’une jeune fille qui en juillet dernier, alors qu’elle promenait sa petite demi-sœur dans un parc à Chalon…
Ce lundi 23 septembre à l’audience de comparutions immédiates, un jeune homme de nationalité française doit répondre d’agressions sexuelles et d’exhibition, faits commis en juillet dernier. Il est si jeune et si propre et sage dans sa mise, du haut de ses 21 ans, qu’il a bien fallu l’exposé des faits pour qu’on en ressente la violence. Deux victimes, donc, et un auteur qui certes ne conteste rien mais ne dit pas grand-chose pour autant.
Il repère la victime, l’agresse verbalement puis physiquement
Pourtant lorsqu’il a agressé en juillet dernier il était nettement plus bavard. Il y eut deux agressions, mais c’est la seconde qui a permis de l’arrêter. On commence par elle.
Une jeune fille s’occupe de sa demi-sœur, âgée de 2 ans. Une voiture passe et repasse devant elle, puis le conducteur lui demande un renseignement et lui dit de s’approcher. Elle refuse. Il se gare et vient vers elle. « T’as un mega fessier, t’es trop bonne, j’ai envie de te *** ****. Je sais que tu en as envie. »
La fille s’éloigne, l’homme la suit, elle enclenche alors l’enregistreur de son téléphone. Du coup, la police comme les magistrats ont l’échange (difficile de ne pas reconnaître les faits avec ça). A la fin, il lui touche les fesses, elle réagit avec force, l’insulte, en renverse la poussette. Les enquêteurs repèrent le véhicule en question sur les images de vidéosurveillance de la ville et iront interpeller le jeune homme.
« On a 1mn et 19 secondes d’enregistrement » dit la présidente
« Casse-toi ! Laisse moi tranquille.
- Mais y a quoi ? Depuis tout à l’heure je t’ai regardée sur le banc.
- Je m’en fous !
- Y a rien ? Je te plais pas ?
- Non. »
Puis la jeune fille s’insurge contre l’agression qui n’est plus uniquement verbale : « Mais oh tu te prends pour qui ? Tu prends ta voiture et tu dégages ! » La poussette tombe. Le garçon : « Oh, elle fait ch… ta petite, ta petite… » La fille l’insulte. La petite pleure, la grande s’excuse auprès d’elle : « Je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée. » Fin de la scène.
Beurk
Six jours auparavant, une femme âgée de plus de soixante ans attendait un bus. C’était le matin. Même cirque avec une voiture qui passe et repasse. Le conducteur s’arrête, lui demande de monter. Elle refuse. Il va se garer puis vient s'asseoir à côté d’elle. Il ouvre sa braguette, sort son sexe. La femme se lève, « quelle horreur ! ». L’homme lui claque les fesses et les empoigne. La femme se réfugie dans une maison de quartier, tout près de l’arrêt de bus.
Le jeune homme reconnaît tout et n’explique rien
Placé en garde à vue après l’agression du 16 juillet, le jeune homme reconnaît tout et n’explique rien, si ce n’est par sa consommation de cannabis. Il s’excuse de son comportement. Il vit en concubinage, dit avoir une vie sexuelle satisfaisante. Il est déjà père de plusieurs enfants, a arrêté l’école en 3ème, était alors au chômage. Le contrôle judiciaire l’a contraint à rechercher et à trouver des missions en intérim. Le prévenu n’a pas de casier judiciaire.
Le temps de l’infraction
Vu la nature des faits, il a rencontré un expert psychiatre qui estime que le risque de récidive est élevé. Bon. Le médecin parle d’anti-dépresseurs pour atténuer les pulsions éventuelles. Décidément les antidépresseurs servent à beaucoup de choses. Bon.
Cela dit, le tribunal, lui, avec maître Ronfard qui intervient pour les victimes, s’interroge sur le temps. Le temps de l’infraction : les scènes ont duré, « ce n’était pas sur un coup de tête, monsieur ». Il a repéré ses victimes, puis leur a parlé, puis… C’est à cause de l’alcool et du cannabis, répète le prévenu.
« Vous auriez réagi comment si c’était arrivé à votre compagne, avec un enfant dans la poussette ? »
« On est deux mois après les faits, vous avez engagé un suivi (obligation posée dans le cadre du contrôle judiciaire depuis le 26 juillet dernier, ndla), et vous n’avez pas d’explication ? Comment le tribunal peut-il penser que les femmes de Chalon ou d’ailleurs sont en sécurité ? »
« Vous auriez réagi comment si c’était arrivé à votre compagne, avec un enfant dans la poussette ? » … La présidente Catala doit lui suggérer, de la colère ? par exemple. Alors il dit oui.
« Dire que c’est les stups, que ce n’est pas vraiment lui, ça l’arrange »
Maître Ronfard parle pour chaque femme, du malaise de la plus jeune au commissariat, du choc. On pense à la petite renversée de sa poussette, c’est vraiment insupportable. La procureur se charge du reste : « Malgré les refus de ces femmes, monsieur l’a fait, il les a touchées. Dire que c’est les stups, que ce n’est pas vraiment lui, ça l’arrange. Mais c’est pas les stupéfiants qui touchent les fesses, c’est monsieur. » Elle requiert une peine de 12 mois de prison assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec des obligations, et insiste pour que la peine soit bien inscrite au bulletin n°2 de son casier judiciaire. « Ce sont des faits graves. S’il fait la demande de l’exclusion du B2, on verra en fonction de l’évaluation de son évolution. »
« Ce n’est pas en deux rendez-vous chez un psychiatre qu’on trouve des réponses ! »
Le bâtonnier Damien Varlet souligne que son client n’est pas dans le déni et que c’est bien la condition princeps pour engager une demande de soins. L’avocat répond au tribunal que « ce n’est pas en deux rendez-vous chez un psychiatre qu’on trouve des réponses ! » Puis il précise que l’expert psychiatre a écrit que le risque de récidive ne concerne pas spécifiquement ce jeune homme mais vaut pour « ce type d’infraction ». Le garçon n’a aucun antécédent judiciaire et il a respecté tous les termes du contrôle judiciaire.
Deux ans sous main de justice, inscription au FIJAIS
Le tribunal dit le prévenu coupable et le condamne à la peine de 10 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans : obligations de travailler, de suivre des soins psychologiques ou psychiatriques, d’indemniser les victimes, de suivre un stage contre les violences sexistes ; interdiction de contact avec les victimes.
Le tribunal constate l’inscription au FIJAIS*.
Inéligibilité pendant 5 ans.
La présidente explique tout ça au condamné, termine par le stage « pour avancer sur le chemin de la compréhension du respect dû, notamment aux femmes ».
FSA
*FIJAIS : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F34836
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