Saône et Loire

CORONAVIRUS - "En Saône et Loire, 65 000 personnes ont été contrôlées" précise le Préfet de Saône et Loire

CORONAVIRUS - "En Saône et Loire, 65 000 personnes ont été contrôlées" précise le Préfet de Saône et Loire

Interrogé par info-chalon.com, Jérôme Gutton, Préfet de Saône et Loire évoque l'organisation des différents services de l'Etat dans le département, l'ouverture des commerces, les verbalisations, les tests au coronavirus ou encore la question du déconfinement annoncé à partir du 11 mai.

Quel est l’état des lieux au sein des services de l’État en Saône-et-Loire ? Confinement des agents si vous avez quelques chiffres à donner.
Un certain nombre d’agents qui travaillent livrent leurs inquiétudes alors même qu’un certain nombre de leurs collègues ont disparu des effectifs. Un dispositif de prévu pour soutenir les agents actifs ?

A partir du 17 mars, les services de l’État en Saône-et-Loire ont activé leur plan de continuité d’activité. Ces plans visent à garantir la sécurité des agents, tout en maintenant les ressources matérielles et humaines nécessaires à la gestion de la crise et à la conduite des politiques publiques.


Avant même le déclenchement du plan de continuité d’activité, l’administration avait déjà diffusé des consignes sur les mesures barrières et les équipements (gel, masques, gants) pour des conditions de travail sécurisées des agents présents dans les locaux.


Au titre de la protection des agents, sur conseil du médecin de prévention, il a notamment, été demandé aux agents présentant une vulnérabilité de part leur condition physique et médicale ou celle de leur environnement proche de rester confinés à leur domicile. D’autres agents ont été également placés en autorisation spéciale d’absence pour la garde de leurs enfants. Au total, pour la seule préfecture de Saône-et-Loire, ce sont une vingtaine d’agents qui sont concernés par ces dispositifs, cela représente environ 13 % de son effectif total.


Les missions considérées comme essentielles se poursuivent grâce aux agents présents dans les locaux, une quarantaine pour la préfecture et les sous-préfectures et ceux qui, depuis leur domicile sont également mobilisés grâce au déploiement d’outils informatiques.


Les réunions en audio ou visioconférence sont généralisées et font désormais partie du quotidien de travail. C’est notamment le cas de la réunion de gestion de crise que le préfet organise pour actualiser et évaluer la situation en Saône-et-Loire et prendre les mesures nécessaires. Sont associés à cette réunion les sous-préfets, les services de l’État, la déléguée départementale de l’agence régionale de santé, les représentants du Conseil Départemental et les associations des maires. Ces outils sont également utilisés au quotidien par le préfet pour les entretiens qu’il conduit avec les organisations professionnelles patronales et salariales pour examiner la situation économique et évaluer les conditions de reprise de l’activité secteur par secteur.


Confrontée à une intense activité liée aux bons de secours et au soutien à l’économie, la Direction départementale des finances publiques de Saône-et-Loire a ainsi revu son dispositif à la hausse. A date, 28 % de ses agents continuent de travailler sur place et 14 % en travail à distance afin de garantir la continuité budgétaire et financière de l’État, des collectivités locales et des établissements publics, au premier rang desquels les centres hospitaliers.


L’unité départementale de la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE) est également fortement mobilisée en particulier pour accompagner les dispositifs de chômage partiel. Au 16 avril 2020, 25 millions d’heures d’activité partielle, 6917 établissements soit 50 % de Saône-et-Loire et 62 000 salariés. L’instruction des dossiers se poursuit dans les locaux ou par télétravail et parallèlement les inspecteurs du travail restent présents sur le terrain pour notamment procéder aux constats dans les entreprises qui ne respectent pas les mesures barrières et d’organisation du travail pour protéger les salariés.


Les directions départementales interministérielles poursuivent également en activité en présentiel ou en télétravail. A titre d’exemple, la direction départementale des Territoires (DDT) s’est organisée pour faciliter l’instruction des autorisations d’urbanisme, maintenir son assistance et son expertise-conseil auprès des collectivités autonomes pour l’instruction de leurs demandes. La campagne de télédéclaration politique agricole commune (PAC) a été lancée jusqu’au 15 juin 2020 avec un dispositif de conseil téléphonique. S’agissant de la direction départementale de la protection des populations (DDPP), les techniciens vétérinaires sont présents au quotidien dans les abattoirs pour veiller à la qualité sanitaire des viandes. Plus de 30 personnes travaillent dans six abattoirs. La direction départementale de la cohésion sociale quant à elle veille à la poursuite de la distribution alimentaire aux personnes vulnérables en situation de précarité. S’agissant des forces de l’ordre, police et gendarmerie veillent au quotidien au respect du confinement, à l’ensemble des autres missions et au maintien de l’ordre public pour l’ensemble de leurs effectifs.

Dans tous les services de l’État, les professionnels de soutien (assistante sociale, médecin de prévention notamment) et les services de ressources humaines, accompagnent activement les agents sur les sites ou à domicile leur prodiguant aide et conseils face à leurs éventuelles interrogations ou inquiétudes. Face à cette situation inédite, certains ministères ont mis en place certains dispositifs d’accompagnement et d’écoute. C’est le cas du Ministère de l’Intérieur, soucieux de la santé et du bien-être de ses agents, qui a mis en place un dispositif d’aide et de soutien psychologique à distance. Les psychologues sont à l’écoute de chacun afin de conseiller les agents et d’apporter des solutions à leurs difficultés professionnelles et personnelles.

Il y a une forme d’incompréhension à autoriser l’ouverture de certains commerces notamment de bricolages et de voir des citoyens verbalisés pour aller se fournir en matériaux. Les exemples se sont multipliés ces derniers jours.  Comment ça se justifie ?

Plus de 12 millions de contrôles ont été réalisés partout en France. 800 000 infractions ont été relevées depuis le 17 mars. Sur la plateforme de l’agence nationale de traitement automatisé des infractions où l’on peut contester une verbalisation, M. Castaner a indiqué le 13 avril 2020 que moins de 300 signalements ont été effectués au niveau national depuis le début du confinement dont seulement la moitié porte sur des infractions liées au Covid-19.


Cette période exceptionnelle et inédite repose sur la confiance, la responsabilité, et le devoir civique de chacun. Chaque jour, les policiers et gendarmes de Saône-et-Loire effectuent des contrôles afin de s’assurer que les restrictions de déplacement soient bien respectées.

La mise en place des dispositions de l’article 3 du décret n°2020-293  « des déplacements pour effectuer des achats de fournitures nécessaires à l’activité professionnelle et des achats de première nécessité dans des établissements dont les activités demeurent autorisées »  ont pu susciter quelques interrogations sur la notion des achats de première nécessité. Depuis, des consignes claires ont été transmises aux forces de l’ordre réalisant les contrôles pour assurer une application uniforme des textes. Il est rappelé l'importance de respecter les restrictions de déplacement conformément à l'esprit du confinement et de l'état d'urgence sanitaire.

Le confinement est entré dans les têtes. Qu’en est-il du déploiement des tests généralisés dans le département afin de rassurer la population ?

Le président de la République n’a pas parlé de « tests généralisés » dans son allocution du lundi 13 avril 2020. Il a indiqué « le 11 mai, nous serons en capacité de tester toute personne présentant des symptômes. Nous n’allons pas tester toutes les Françaises et tous les Français, cela n’aurait aucun sens. Mais toute personne ayant un symptôme doit pouvoir être testée ».


Il a indiqué que le nombre de tests réalisés allait augmenter chaque jour. La priorité sera donnée aux personnes âgées, personnels soignants et aux plus fragiles.

Pour ce qui concerne la Saône-et-Loire, elle s’inscrit à ce stade dans les dispositifs de tests qui ont été présentés par l’agence régionale de santé Bourgogne Franche-Comté (ARS) dans son communiqué de presse du 16 avril. « Jusqu’alors, les tests pratiqués visaient les malades graves hospitalisés, pour les prendre en charge dans les bons services, les personnels soignants présentant des symptômes, en vue de les isoler des patients, les 3 premiers résidents symptomatiques des établissements médico-sociaux, ainsi que les patients fragiles, malades chroniques, femmes enceintes, pour surveiller leur évolution.


Dans les structures médico-sociales et les EHPAD en particulier, la stratégie de tests est désormais élargie :
à tout le personnel soignant, même sans symptôme, là où le virus fait son apparition chez les soignants,
et seulement s’il est possible d’aménager des unités dédiées aux seuls malades, à tous les résidents dans les établissements dans lesquels de premiers cas ont été confirmés. »

Cette montée en charge repose aussi sur le déploiement de capacités de tests à haut débit pour renforcer les laboratoires existants. C’est dans ce cadre que le préfet a autorisé le laboratoire vétérinaire Agrivalys 71 à réaliser l’analyse des tests réalisés par le laboratoire médical du centre hospitalier de Mâcon et ce dès le 7 avril au lendemain de la publication au journal officiel du décret permettant ce type d’autorisation. D’autres autorisations ont été depuis délivrées pour les laboratoires de Louhans, Montceau-les-Mines et Paray-le-Monial.


Dans le secteur médico-social, en Bourgogne-Franche-Comté, près de 65 établissements, en très grande majorité des EHPAD, d’ores et déjà été identifiés comme prioritaires en accord avec les préfectures et les conseils départementaux, ont engagé le processus de dépistage des soignants et/ou des résidents. En Saône-et-Loire, ce sont 7 établissements (EHPAD) qui ont été retenus pour procéder à ce dépistage.


Le Premier ministre, dans sa conférence de presse du 19 avril 2020 a indiqué « nous allons devoir tester et tester vite et massivement tous ceux qui sont susceptibles de le porter, tous ceux qui présentent des symptômes ou qui ont été en contact avéré avec un malade. »


L’ensemble de ces modalités seront précisées prochainement dans le cadre du plan de déconfinement progressif que le Premier ministre a annoncé pour la fin du mois d’avril

Le déconfinement partiel est annoncé à partir du 11 mai, comment expliquer le déconfinement partiel des écoles et la fermeture des commerces notamment restaurants et cafés, il y a une forme d’incompréhension.

Le président de la République a annoncé le 13 avril qu’il y aurait une réouverture progressive des crèches, écoles, collèges et lycées et que les cours ne reprendront pas à l’université avant septembre.


Les lieux rassemblant du public, restaurants, cafés et hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacles et musées, resteront en revanche fermés à ce stade.


Comme indiqué par le Président de la République et précisé le 19 avril par le Premier ministre, un plan de mise en œuvre du déconfinement est en cours d’élaboration. Il doit être présenté à la fin du mois d’avril et apportera des éléments de réponse précis.


Nos concitoyens sont conscients que la méthode dans cette affaire ne sort pas du chapeau comme par magie. Différentes pistes sont explorées en lien en particulier avec les représentants patronaux et syndicaux de ce secteur d’activité.

À ce jour, quel est le bilan des verbalisations en Saône-et-Loire ? "

En Saône-et-Loire, depuis le début du confinement, chaque jour, les policiers et gendarmes sont mobilisés pour vérifier si les restrictions de déplacement sont bien respectées. Au 13 avril 2020, près de 65 000 personnes ont été contrôlées par les forces de l’ordre. Les polices municipales sont fréquemment associées à ces contrôles.


Le nombre très faible de contestations parvenu à la préfecture donne à penser que les forces de sécurité sur le terrain font faire preuve de discernement tout en veillant au respect des règles de confinement.


Le Ministère de l'Intérieur ne communique que le nombre de verbalisations au niveau national.

Laurent Guillaumé  - Questions adressées par courriel