Elections régionales 2015 - Et si on essayait un autre mode de scrutin...?

Depuis leur arrivée aux affaires, au printemps 2012, nos gouvernants actuels n'ont eu de cesse que d'entreprendre une grande réforme des territoires.

On verra dans quelques mois, voire dans quelques années, si l'idée de ramener le nombre des régions de la France métropolitaine de 22 à 13 aura été une bonne chose pour notre pays, et surtout pour ses habitants. Mais, puisque l'heure était au profond changement, pourquoi ne pas avoir également modifié le mode de scrutin. Car, en regardant de plus près les résultats des régionales 2015 en Bourgogne-Franche-Comté, on s'aperçoit qu'il y avait sans doute quelque chose à faire aussi de ce côté-là.

Le mode utilisé pour ces élections était un scrutin proportionnel de listes à deux tours avec prime majoritaire. Le premier constat que l'on peut faire est qu'il est à l'origine d'un paradoxe. La Bourgogne-Franche-Comté est en effet avec le Centre-Val de Loire l'une des deux seules régions, où la liste arrivée en 3^e position au 1^er tour l'a, au final, emporté. De quoi déstabiliser les adeptes de la logique mathématique et notamment ceux issus des camps des perdants.

Beaucoup moins anecdotique, le second constat que l'on peut effectuer est que la liste gagnante, à savoir celle de l'union de la gauche, a obtenu la plus petite majorité qui soit, c'est-à-dire 51 sièges sur 100. Impossible de faire moins... Démocratie oblige, personne ne lui contestera sa légitimité. Par contre question représentativité cela semble moins évident. D'autant plus qu'à peine plus de six électeurs sur dix ont accompli leur devoir électoral. Ce qui revient à dire qu'avec un score ne dépassant pas les 35 % des suffrages exprimés la liste conduite par Marie-Guite Dufay n'a seulement la confiance que d'à peine plus d'un Bourguignon-Franc-Comtois sur cinq. Représentativité, parlons-en, quand on observe qu'avec ce type de scrutin l'union de la droite, qui occupera pourtant le quart des fauteuils du prochain Conseil régional, n'aura qu'un seul représentant originaire de la Nièvre. Guillaume Maillard, puisque c'est de lui dont il s'agit, n'a en tout cas pas intérêt à être malade, quand s'ouvriront les prochaines sessions.

On ne peut pas dire non plus que les vingt heureux élus appelés à siéger dès janvier 2016 à Dijon représentent parfaitement tous les secteurs de la Saône-et-Loire. L'Autunois, qui aurait toutefois bien besoin d'un coup de pouce de la Région pour enrayer son déclin, est totalement absent, le Far-West pratiquement... et le monde rural, qui est pourtant encore une composante forte de notre département, ne sera défendu que par seulement trois élus, dont, et c'est à signaler, deux de l'union de la droite. A l'inverse trois élus sur quatre viennent des quatre plus grandes villes de Saône-et-Loire (Chalon, Mâcon, Le Creusot, Montceau) et de leurs environs, la palme revenant à la Cité de Niépce avec pas moins de sept représentants, d'ailleurs issues des trois listes. Cet état de fait, que certains déploreront, n'est-il pas dû plus à une volonté des différents appareils politiques qu'à une « mauvaise qualité » du mode de scrutin. On peut sérieusement s'interroger...

Alors, si un jour, à l'Elysée ou à Matignon, on décide de changer le système électoral, pourquoi ne pas opter, comme l'a proposé, l'autre jour, l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, pour un mode de scrutin, copié sur le « présidentiel » et qui ne qualifierait que deux listes pour le tour final. Bien sûr ce mode de scrutin ne serait pas la panacée mais il aurait au moins le mérite, comme on a pu le remarquer dimanche dernier dans les deux régions où seulement deux listes étaient en lice, d'offrir à la liste gagnante une plus large majorité. Avoir dans une assemblée de 100 sièges une majorité de 65 à 70 sièges, ce n'est pas pareil que d'en avoir seulement 51.

Gabriel-Henri THEULOT