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Les bijoux à nuls autres pareils de la prolifique Myriam Lacolonge

Les bijoux à nuls autres pareils de la prolifique Myriam Lacolonge

Myriam Lacolonge n’aime rien tant qu’offrir la vie à des bijoux à longueur d’année. Avec une constante, l’emploi de la résine, condition sine qua non pour que ses petits protégés soient frappés du sceau de la créativité personnifiée. Et cela fait plus de trente ans que cela dure ! A la mi-mars se fondra-t-elle dans la masse d’artisans d’art en goguette à la faveur d’une expo éphémère fixée à la boutique La Crémaillère de Saint-Gengoux-le-National, les samedi 12 et dimanche 13 mars, de 10h à 12h, et de 15h à 19h..

Un refus catégorique de la superficialité

Ses premières recherches remontent à 1985, et son père en particulier n’a pas été étranger à l’affaire, lui enseignant un procédé de nature à l’enraciner dans ce choix solide comme un roc. De 1987 à 1989 une formation aux Beaux-Arts de Mâcon lui octroie un blanc-seing pour une plus grande émancipation. « Ca m’a ouvert l’esprit, a été une révélation. Ensuite, j’ai toujours eu cette ouverture dans ma conception des bijoux, qui ne sont pas du tout classiques, j’ai des partis pris. Ce qui me pousse de l’avant, c’est le côté plastique, repousser mes limites aussi. Le bijou est porteur de plein de choses, je l’aime davantage en qualité de message, avec du sens ; j’adore sa quintessence, établissant une relation à la femme.» Puis en 1992 elle obtient le statut d’artiste libre (comptant au nombre des professions libérales).

 

Des bijoux à 90%

Le temps a beau jouer sa partition, rien n’y fait, Myriam ne jure que par la résine en tant que dénominateur commun. « C’est un outil et une matière. Elle va fixer et durcir n’importe quel support, possède la transparence, a besoin d’autre chose pour exister. Je suis à la recherche de formes, de la palette chromatique, d’inspirations nouvelles. C’est infini, je ne suis jamais au bout des possibilités ! », raconte-t-elle avec la passion chevillée au corps. Papier, tissu, miroir, verre, métal, caillou, graine, gravier…sont ainsi de précieux auxiliaires dans sa quête de la réalisation bien sous tous rapports. En revanche, d’autres matières se suffisent à elles-mêmes étant donné leur valeur intrinsèque, n’ayant donc pas besoin d’un traitement de faveur. « Plus elles sont banales, et mieux c’est », considère l’inventrice. Le bijou (collier, pendentif, boucle d’oreille, bague…) –des modèles courants et d’autres, inédits- intervient à hauteur de 90% de ses engendrements. Des milliers ont été façonnés de ses mains expertes. Les 10% restants sont consacrés à l’investigation : agenda, tableau, objets divers…. Eclosion spontanée ou prescrite, c’est selon. « La plupart du temps ça vient de moi, mais j’aime également travailler quand les gens ont des idées, comme par exemple une valeur sentimentale à faire revivre.»

 

Aucune lassitude, bien au contraire !

 

Ne croyez pas un seul instant que ça en devienne répétitif, machinal. « J’ai de plus en plus le feu sacré. Plus on maîtrise la technique, plus c’est riche, plus ça ouvre des portes. » L’enfantement est toutefois à double tranchant. »Quand un bijou me touche particulièrement, je le garde. J’ai ma collection personnelle, mais quel plaisir de les voir sur d’autres ! Pour moi un bijou c’est comme une chanson, il appartient aux autres. » Myriam Lacolonge a une pression, néanmoins constructive sur les épaules, exécrant la gloriole. « C’est fascinant de voir des clients de vingt ans, c’est la plus belle des exigences. Ca ne m’intéresse pas d’épater la galerie, contrairement au fait de se renouveler au quotidien. Il ne faut pas s’ennuyer. On peut dire que la création est alimentée par des voyages intérieurs.» L’accoucheuse de ces bijoux générateurs d’émotions, convenons-en, caractérisés par une magnificence et une contemporanéité frappantes, dispose de sa caverne d’Ali Baba visitable du lundi au vendredi de 14h à 19h du 1er avril au 31 octobre, toute l’année autrement sur rendez-vous : une salle dédiée aux expositions avec un atelier « Emergence de bijoux ». C’est à Gemaugue, hameau de Chapaize, près de Cormatin. Pour une visite virtuelle, prière d’accéder à son site : http://www.emergencebijoux.com Quant à léguer de son expérience et de son savoir-faire, il n’en est pas question pour le moment. « J’aimerais bien transmettre, mais je ne suis pas encore assez mûre pour ça, trop créative. J’essaie d’être un peu égoïste ! J’ai eu des stagiaires venant d’établissements scolaires, c’était super intéressant. »

 

Une très singulière façon de se distinguer

L’une des pistes novatrices suivies est la fabrication de lettres qui, additionnées, forment des vocables. Cette démarche a commencé concrètement en 2008 sur le thème de mai 68, avec « liberté », « infiniment »…graphiquement réalisés. « Je suis une amoureuse des mots, une autre grande passion. C’est ma manière de leur rendre hommage. Je tente de donner de la force aux mots. J’utilise un fil, et j’écris réellement la phrase. Au stade où j’en suis l’aspect conceptuel, c’est dans le choix du terme. Le mot est générateur d‘une forme, porteur d’une sensibilité (la couleur). Le but est que la personne le porte, le connaisse, pas les autres. Il y a un côté chamanique. J’ai fait en huit pièces la chanson de Gainsbourg « la Javanaise ».

                                                                                                   Michel Poiriault