Chalon sur Saône

Jeudis de la Bobine, à l'Axel de Chalon : "No land's song", l'histoire d'un combat

Jeudis de la Bobine, à l'Axel de Chalon : "No land's song", l'histoire d'un combat

Ce jeudi, la Bobine, en partenariat avec l'Axel a choisi de vous gratifier d'un documentaire. Pas l'un de ces nombreux documentaires sur la déliquescence du monde tel qu'il ne va plus, qui vous donne irrémédiablement l'envie de vous jeter du 18ème étage une fois la projection terminée, mais un documentaire plein d'espoir, et finalement bon pour le moral : "No land's song", de Ayat Najafi.

"Savoir que les choses sont sans espoir et pourtant être décidé à les changer." S'il est délicat d'avancer que Sara Najafi, artiste iranienne, a fait sienne cette sorte de devise que l'on peut croiser au détour d'une page de Gatsby Le Magnifique, de Francis Scott Fitzgerald, une chose est en revanche à peu près sûre : devant des interdits confondants, Sara Najafi, loin de baisser les bras, a choisi elle aussi, de tenter le tout pour le tout, pensant peut-être, comme le chantait naguère Mano Solo [1] que "ce qui compte, ce n'est pas l'issue, mais le combat".

Car c'est de cela qu'il est éminemment question dans ce documentaire dont le titre anglais - "No land's song" - pourrait être traduit ainsi "la chanson d'aucun pays". En effet, No land's song [2], plus que l'histoire d'un concert, "c'est l'histoire d'un combat". Celui que mènent des femmes pour chanter dans un Etat où la pratique du chant féminin est officiellement interdit depuis les débuts de la Révolution islamique, en 1979. Interdit parce que, si jamais il n'était pas accompagné de voix masculine, ce chant pourrait perturber les hommes au point de stimuler en eux des désirs sexuels incontrôlés... Bref, pour éviter à ces pauvres hommes irréversiblement libidineux un suplice : la perpétuelle tentation de "plonger dans le stupre et la fornication", chantée par Brassens, dans Les trompettes de la renommée. 

"Cachez ce sein que je ne saurais voir", lançait le Tartuffe de Molière, tout en reluquant le nibard en question... Ici, il ne s'agit plus seulement de couvrir le corps féminin, envisagé comme siège de la luxure et de toutes les dépravations prohibées par ceux que Sartre accusait d'avoir toujours quelque chose à se reprocher, à savoir les religieux, version "soft" ou beaucoup plus "hardore", à l'instar des Mollahs d'Iran. Non, ici, il s'agit aussi de couper le sifflet aux femmes et, quand elles résistent, de tout faire pour que "le geste le plus simple chez nous" [3] devienne "un combat de plusieurs années" [3]. Un combat de plusieurs années mais un combat finalement victorieux.

Et parce qu'il est finalement victorieux, il faut sans doute voir No Land's song, documentaire certes imparfait mais tellement plein d'espoir, de vie, comme nombre de productions ayant pour objet la société iranienne, sorte d'archétype de ce qu'un peuple fondamentalement épris de liberté peut faire, bien que sachant les choses a priori sans espoir, pour les changer.

S.P.A.B.

[1] Mano Solo, "Le monde entier", titre extrait de son album La marmaille nue, édité chez Warner, en 1993.

[2] 2016. Durée : 1 h 31.

Bande-annonce :

www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19561152&cfilm=236539.html 

[3] www.avoir-alire.com 

 

Cinéma Axel - Jeudi 28 avril 2016 - 19 h et 21 h