Chalon sur Saône

Ils avaient 20 ans là-bas en Algérie !

Par J-C Reynaud

Publié le 18 Mars 2022 à 08h00 , mise à jour le 18 Mars 2022 à 22h56

Ils avaient 20 ans là-bas en Algérie !

La France commémore ce 19 mars 2022, le 60e Anniversaire du Cessez-le-feu de la Guerre d’Algérie. Une guerre qui a vu, entre autres, la mort de 30000 soldats du contingent, ou engagés.

Depuis quelques mois la Presse écrite, télévisée ou les radios, les historiens et chercheurs sortent livres, revues ou émissions, retraçant l’Histoire de cette Guerre d’Algérie, parfois à une « sauce orientée », laquelle s’est déroulée de 1952 à 1962.

Le Chef de l’Etat prône un Devoir Mémoriel, et les archives s’ouvrent désormais plus facilement. Tout ceci peut aller dans le sens de l’Histoire, car maintenir la mémoire est une nécessité qui donne un sens à la démocratie, donc à la liberté de se comprendre, de s’entendre, de se parler.

Par contre, il ne faudrait pas oublier ces jeunes qui avaient 20 ans à l’époque, lesquels faisaient leur Service Militaire, par obligation légale et qui, au terme d’une période d’Instruction militaire, se voyaient envoyés dans les trois départements français composant l’Algérie de l’époque. Ils étaient dans l’Armée de Terre, de l’Air,  voire dans la Marine. Qui n’a pas dans sa famille un grand-père ancien combattant en Algérie ? Un grand-père qui bien souvent a passé plus de deux ans de sa jeune vie, sous les drapeaux ,« là-bas ».

Il semblerait que les historiens, chercheurs, journalistes du moment et de tout bord, ne donnent pas ou peu la parole à ces « gars de 20 ans » qui aujourd’hui ont quatre fois cet âge ! Il y a-t-il honte à les faire parler ? Ont-ils été d’ignobles « colonialistes » persécutant ou tuant sur commande ? N’ont-ils pas assurés une sécurité dans les différents secteurs où ils étaient implantés ? N’ont-ils pas combattus l’ennemi qui n’hésitait pas à assassiner ses propres frères s’il le fallait ? N’ont-ils pas soignés, enseignés, aidés la population souvent tributaire de cet ennemi désigné ? N’ont-ils pas tout simplement fait leur Devoir, quel que soit le rôle qui leur était dévolu ?

«  Ces gars de 20 ans » dont 30000 sont revenus en Métropole, avec juste un Honneur militaire rendu sur place, dans leur casernement algérien, ou sur le terrain même de l’opération en cours, loin d’une remontée de l'avenue montant aux Invalides à Paris. 

« Ces gars de 20 ans » ont souvent mal vécu leur retour en Métropole, peur et angoisse était leur quotidien pendant de nombreux mois, ou encore le jour de l’annonce de l’Indépendance se sont dit « tout ça pour rien ! ». Et voir par la suite des actes de tueries  innommables au nom d’une Algérie Française et d’une Algérie Algérienne.

En ce jour commémoratif du 19 mars, il serait bon d’avoir une très forte pensée pour les 30000 Soldats, Morts pour la France, « là-bas », composant cette dernière génération du feu pour notre pays. Mais aussi d’être aux cotés de ceux qui sont encore de ce monde aujourd’hui, et qui perpétuent ce devoir de mémoire devant les Monuments aux Morts, ou les tombes de leurs camarades. Instants de recueillement pour faire comprendre combien la Paix n’a pas de prix et surtout que l’Histoire, n’oublie pas ceux qui avaient «  20 ans là-bas en Algérie »

JC Reynaud