Faits divers
ASSISES DE SAONE ET LOIRE - Pour enlèvement et séquestration : « Pendant 3 jours, il n’est ni détaché, ni nourri »
Par Florence SAINT-ARROMAN
Publié le 07 Mars 2023 à 22h32
Le volet « stups » de cette affaire a déjà été jugé, y compris en appel. Les deux accusés se sont pourvus en cassation. Mais bien sûr cette affaire de stups a une place déterminante dans les faits qui occupent la Cour d’assises jusqu’au 10 mars.
« Une grosse affaire », « une affaire grave »
Le directeur d’enquête de la police judiciaire est intervenu en visio, ce mardi 7 mars. Les avocats de la défense avaient provoqué un nouvel incident, en vain. A la barre, les officiers de police judiciaire se sont succédé, rappelant que ce qui est jugé depuis le 3 mars par la Cour d’assises de Saône-et-Loire est « une grosse affaire », « une affaire grave ». La Cour est saisie des faits d’enlèvement, de séquestration, de violence volontaire avec ITT supérieure à 8 jours, de menace de mort avec ordre de remplir une condition, entre le 16 et le 20 juin 2016, et de soustraction d’un criminel à l’arrestation ou aux recherches entre le 20 septembre et le 11 octobre 2016.
« Je ne veux pas dire qu’il était blanc comme neige, mais ce qu’on lui avait fait, il ne le méritait pas »
La victime à son arrivée au commissariat, balançait « tout » mais son souci premier c’était sa femme : il avait peur pour elle, voulait qu’elle soit avisée raconte un OPJ. « Il voulait parler, il en avait besoin, alors on le laisse parler » dit un autre. « Il était spontané et semblait déterminé à parler. Il avait peur. Le seul moyen pour lui de se sentir protégé, c’était de dire, de raconter, de se décharger. Je ne veux pas dire qu’il était blanc comme neige, mais ce qu’on lui avait fait, il ne le méritait pas, quoi. »
« Oui, j’ai voulu accabler HD, mais je ne peux pas faire n’importe quoi non plus : j’ai un enfant »
Ce lundi, alors que monsieur X, victime, se tient à la barre, la présidente l’interroge : on est deux ans après les faits, il s’est constitué partie civile mais n’avait pas d’avocat et finalement ne répond plus aux courriers que lui adresse le juge d’instruction, et, puis, aujourd’hui, il a un avocat. Qu’est-ce qui s’est passé ? « Je ne voulais pas venir, je suis passé à autre chose. »
Quelques minutes auparavant, il déclarait : « Je ne vois pas dans le box la personne qui m’a séquestré. Donc je ne sais pas quoi penser de ce procès. Pour moi HD, il est responsable de ma séquestration. Oui, j’ai voulu accabler HD, mais je ne peux pas faire n’importe quoi non plus : j’ai un enfant. » A aucun moment il ne parle d’indemnités, de soins psychologiques, rien. C’est surprenant, vu ce qu’il a subi. Ça serait moins surprenant s’il avait pu conclure un arrangement avec l’accusé principal : la PJ s’est posé la question, mais « on n’a pas pu en faire la preuve dans notre procédure ».
« Monsieur X parle immédiatement de Chérif B., de Bichou (YBN) et d’HD »
« La PJ a été saisie vers 23 heures le 20 juin 2016, pour une enquête sur enlèvement et séquestration. Nous sommes arrivés peu avant 1 heure. La situation était tendue. Nous prenons le relai de l’audition de la victime vers 2 heures du matin. Monsieur X est fatigué, effrayé, stressé. Il a des blessures au visage, et des lésions aux poignets et aux chevilles. Il est déterminé à vouloir tout dénoncer. » En ce qui concerne la séquestration, monsieur X parle immédiatement de Chérif B. (toujours en fuite), de Bichou (YBN) et d’HD.
Il dit à X qu’il va finir dans un coffre au fond d’un ravin
La dette de poker a triplé. HD lui demande d’organiser une transaction de stups pour effacer sa dette. Ça devait porter sur 120 kg de cannabis. 60 kg pour 90 000 euros immédiatement et 60 kg qui devraient être avancés. Monsieur X raconte, le départ, le nombre de véhicules engagés et lesquels, les hommes qui viennent, les trois téléphones Lycamobile fournis par HD. Les réservations de chambres d’hôtels, les contrôles douaniers en Espagne et en France. La chambre d’hôtel de retour à Chalon, le repas au Mc Do, puis « HD, Chérif B., et YBN » qui le remontent « au quartier », le conduisent dans un immeuble désaffecté, le rouent de coups, le couchent, l’attachent, lui scotchent la bouche. « Tu croyais que j’allais m’asseoir sur 90 euros ? »
Pendant 3 jours il reste, dit-il, sous la surveillance de Chérif B. Il n’est jamais détaché, ni nourri. Il peut uriner une fois, on lui donne à boire une fois par jour. A chaque fois, Chérif B. doit demander l’autorisation à HD. Et puis on envisage un second voyage en Espagne, pour que soient remis à HD les 60 kg de drogue qu’on lui a carottés. HD fait en sorte qu’X ait des vêtements propres, mais finalement le voyage ne se fait pas. HD a un contretemps : l’achat d’un véhicule en Allemagne, il reviendra dans la journée. On est le 20 juin. HD est en colère, car le contact en Espagne ne répond plus. « Il dit à X que si Ahmed ne répond plus, il va finir dans un coffre au fond d’un ravin. La victime ne voit alors plus d’issue à sa séquestration sinon sa mort. »
« Tout confirme les (premières) déclarations de la victime »
L’enquête en flagrance permet de vérifier la réalité de ses blessures, des liens qui le ligotaient, de sa peur, « il est terrorisé que l’équipe de D. vienne le récupérer au commissariat. On vérifie l’histoire du squat à la Fontaine au Loup : un canapé, une télé, un radiateur électrique, les fenêtres obstruées, « tout confirme les déclarations de la victime ». Hôtel à Chalon, douanes espagnoles et françaises, tout colle. Une information judiciaire est ouverte, les actes d’investigation se poursuivent jusqu’au jour où « on a assez d’éléments pour interpeller ». C’est ce matin-là, à l’aube, sur la voie publique devant le bar à chicha de l’accusé, que des policiers, menacés d’être renversés par le véhicule d’HD qui démarre en trombe, tirent sur la voiture et qu’une balle touche l’homme à la cuisse, mais il s’enfuit.
Les téléphones de monsieur X retrouvés dans une planque à Lissieu
Le policier raconte comment les enquêteurs finissent par le retrouver, à Lissieu, dans un appart-hôtel de la région lyonnaise. HD est alors avec la jeune infirmière conquise (sa route est jonchée de femmes conquises et de « relations consommées » comme dit l’enquêteur). Il est arrêté alors qu’il était aux toilettes, YBN est dans une des chambres. 72 000 euros en liquide, des faux papiers, et dans un trou dans le muret d’enceinte de la terrasse, un sac contenant 70 000 euros et deux téléphones. En juin 2017, lors d’une audition, X reconnaîtra formellement les siens.
La bonne connaissance : « Je pense que c’est une invention »
Les hommes sont placés en détention provisoire à la faveur de leurs mises en examen. La police écoute leurs échanges téléphoniques. « On se rend compte qu’ils se concertent sur le dossier. » Plus tard la présidente Therme demandera au directeur d’enquête : « Y a-t-il eu des investigations sur la bonne connaissance ? Est-ce qu’il nous manque quelqu’un dans ce dossier ? » Il répondra : « Non, je ne crois pas. Cette ‘bonne connaissance’ apparaît vers la fin du dossier. Je pense que c’est une invention et qu’il y a eu un arrangement avec monsieur X pour qu’il donne cette version. »
« Se dire victime d’un acharnement de la part des policiers de Chalon-sur-Saône »
Arrivé au terme de ses déclarations, le policier conclut : « Les écoutes nous ont appris que dès le début, HD envisage une triple stratégie : 1. Montrer que monsieur X a menti au moins une fois, pour fragiliser le dossier. 2. Assumer seul les faits, pour permettre la libération rapide de son frère R. d’YBN et M. 3. Se dire victime d’un acharnement de la part des policiers de Chalon-sur-Saône et d’un acharnement judiciaire, afin de fragiliser le dossier. »
Visiblement c’est la stratégie numéro 3 qui a été retenue.
FSA
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