Opinion de gauche

8 mai, 14 juillet et 11 novembre : élargir le champ de la commémoration

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 11 Mai 2023 à 14h58

8 mai, 14 juillet et 11 novembre : élargir le champ de la commémoration

Communiqué officiel des Insoumis de Chalon-sur-Saône du jeudi 11 mai 2023,

Une réaction suite aux commémorations de la cérémonie du 78ème anniversaire de la Victoire du 8 mai 1945 à Chalon-sur-Saône.

Ce lundi les Chalonnaises et Chalonnais commémoraient comme partout en France la victoire contre l’occupant allemand, contre la barbarie nazie, contre la guerre et son cortège d’atrocités. Le 8 mai 1945, la France républicaine pouvait enfin renaître dans une Europe en voie d’apaisement. Depuis lors et particulièrement depuis 1981, le 8 mai est consacré à la mémoire des combattants et à la célébration de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce jour met en avant le rôle de nos armées comme ce fut le cas ce lundi à Chalon lors d’une cérémonie finement orchestrée par les équipes de la municipalité et ses partenaires institutionnels.

Ne faudrait-il pas toutefois réfléchir à une autre façon d’organiser cette cérémonie tout comme les deux autres grandes cérémonies nationales que sont le 14 juillet et le 11 novembre ? Faut-il nécessairement que nos armées soient seules mises à l’honneur trois fois par an, bien plus que tous les autres corps constitués de notre nation, bien plus que dans toutes les autres démocraties équivalentes ?

Comprenons-nous bien, poser cette question ne revient pas à dire qu’il ne faut pas rendre hommage à nos soldats qui s’engagent pour notre défense, qui sacrifient une partie de leur existence et parfois même la perdent parce que c’est la manière avec laquelle ils ont choisi de s’engager pour les autres, au service du bien commun. Tout engagement en ce sens est honorable et doit être salué. Nous déplorons tout de même que nos soldats soient parfois employés dans des théâtres de guerre lointains où l’on va défendre bien davantage des intérêts économiques particuliers plutôt que les intérêts communs du peuple français. Cette critique est malheureusement vieille comme le monde…

Alors, célébrer nos soldats d’hier et d’aujourd’hui, oui, mais pourquoi seulement eux ? Qu’une journée soit consacrée à rendre hommage à nos soldats, oui, mais pourquoi trois rien qu’avec eux ?

Depuis 2012 la journée du 11 novembre est dédiée à tous les « morts pour la France » en plus d’être la célébration de la victoire et de la paix de 1918. Faisons de cette journée La grande journée d’hommage à nos soldats, à nos forces de défense. Organisons des défilés, rendons-nous sur les monuments aux morts, ouvrons les casernes au peuple qui ne sait plus vraiment ce qu’il s’y passe. S’il doit y avoir un jour pour nos soldats, celui-ci serait approprié.

Quant au 8 mai, consacrons-le davantage à la mémoire des victimes de toutes les guerres et plus particulièrement de celles de la Seconde Guerre mondiale, victimes des combats, victimes de la haine, victimes du racisme. Et n’oublions pas d’en faire un moment éducatif et civique important en lien avec les dérives de la France actuelle car, comme l’a souligné M. Platret dans son discours à l’Hôtel de ville que nous avons attentivement écouté : « sous la braise le feu continue à brûler ». Oui, le feu de la haine et du racisme brûle encore, c’est bien de le dénoncer, ce serait mieux de contribuer à l’éteindre M. le maire! Voilà un bel objectif qu’on peut assigner à une journée de commémoration. 

Et le 14 juillet alors ? Fête nationale mais la nation ne doit-elle s’incarner que dans ses armées ? En 1789 le peuple parisien s’est engagé, honorons le peuple français qui s’engage de nos jours. Les pompiers le sont déjà chaque année à Paris, qu’ils le soient tous, professionnels et volontaires, et partout. Les personnels soignants et les aidants dont nous avons si cruellement senti la détresse ces dernières années, ne sont-ils pas aussi des héros et héroïnes du quotidien ? Qu’ils défilent ! Et nos enseignants trop souvent méprisés alors que leur mission est essentielle : au défilé ! Des camions poubelles aux côtés des chars à tourelle, des comédiens avec des chasseurs alpins, des bénévoles d’associations humanitaires en-dessous des hélicoptères ! Celles et ceux-là et bien d’autres encore, voilà un 14 juillet qui serait populaire, un 14 juillet dont la gauche insoumise attachée à une vraie République pourrait être fière.

 

Damien Saley, Brice Larèpe et Ivan Maréchal pour Chalon l’Insoumise