Opinion

Désarmement Lafarge : Libération de l'ensemble des personnes gardées à vue depuis la vague d'arrestations de lundi dernier - Le soutien continue !

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 13 Juin 2023 à 05h00

Désarmement Lafarge : Libération de l'ensemble des personnes gardées à vue depuis la vague d'arrestations de lundi dernier - Le soutien continue !

Lundi 5 juin, une vague d'arrestations dans une dizaine de localités en France a ciblé des personnes accusées d'avoir participé à l'action de désarmement contre l'usine de béton de Lafarge de Bouc-Bel-Air (Bouches du Rhône), en décembre dernier. Plus de détails avec Info Chalon.

C'est ainsi qu'un peu moins d'une quinzaine de personnes ont été perquisitionnées simultanément puis placées en garde à vue.

L'ensemble des personnes arrêtées sont sorties jeudi soir. Après 80 heures de garde à vue, «dans des conditions parfois déplorables, d'interminables interrogatoires», selon la militante Marie-Françoise Ghesquier, les personnes interpellées sont «enfin» libres. Elles sont aujourd'hui accusées de «destruction en bande organisée» contre le site industriel de Bouc-Bel-Air (Bouches du Rhône). L'enquête est en cours, l'instruction n'est pas close, laissant planer le doute sur de possibles convocations ultérieures.

Les Soulèvements de la Terre dénoncent «la criminalisation des militants écologistes» et affirment leur solidarité avec «celles et ceux qui dénoncent, occupent, bloquent, désarment l'industrie du béton en général et Lafarge-Holcim en particulier».

Les Soulèvements de la Terre avaient d'ailleurs appelé à des rassemblements devant les préfectures, les sous-préfectures et les sites Lafarge-Holcim le mercredi 7 juin pour exiger la libération des personnes gardées à vue.

Répondant à cet appel, une dizaine de personnes, une trentaine selon les organisateurs, se sont rassemblées devant la sous-préfecture de Chalon-sur-Saône. On notait la présence de la France Insoumise (LFI), d'Europe Écologie - Les Verts (EELV), du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) et de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), qui apportent leur soutien «indéfectible» aux militants et aux Soulèvements de la Terre.

Pour ses militants, «l'opération policière s'inscrit de toute évidence dans l'escalade répressive que le gouvernement mène contre les mouvements sociaux et écologistes avec une accélération notable ces derniers mois : violences policières effroyables à Sainte-Soline, régime d'exception par le spectre de "l'éco-terrorisme" ou encore menaces de dissolution des Soulèvements de la Terre».

«Pourtant, c'est bien Lafarge-Holcim qui en 2013 a financé Daesh en monnayant la possibilité de continuer l'exploitation de son usine en Syrie», dénonce Marie-Françoise.

L'entreprise a d'ailleurs été condamnée pour financement du terrorisme par la justice américaine en octobre 2022.

«Son unique but, selon les enquêtes de Mediapart, était de maintenir coûte que coûte on activité en Syrie. Ce qui fait peur sur les lignes rouges que Lafarge-Holcim est prête à franchir, notamment face aux dérèglements climatiques», ajoute cette dernière.

«Pourtant, c'est bien Lafarge-Holcim qui est coupable de destruction en bande organisée !», poursuit-elle, «il est est utile de rappeler que le béton engloutit 25 m² de terre française par seconde, soit un stade de foot toutes les 5 minutes, un département tous les sept ans. En France, le secteur de la construction est le premier consommateur de ressources naturelles minérales, le second émetteur de gaz à effet de serre et le premier producteur de déchets».

«La fabrication du béton nécessite des quantités phénoménales de sable. Les carrières et les rivières ayant été surexploitées, c'est vers la mer que se tournent les voleurs de sable. Dans de nombreux endroits, son extraction abusive met en péril le littoral et participe à l'érosion des plages. Ces dernières ne peuvent alors plus jouer leur rôle de barrière de protection de l'arrière-pays. Par ailleurs, l'exploitation massive détruit la faune et la flore aquatiques, pour lesquelles le sable est un habitat naturel. Une véritable bombe à retardement écologique ! Les centrales à béton sont des armes d'artificialisation massive des terres agricoles et de destruction de la biodiversité, des bombes à retardement climatique. Il est donc plus que jamais légitime et nécessaire de les désarmer», explique la militante avant de conclure par : 

«Nous, Soulèvements de la Terre, réaffirmons le caractère légitime et vital de ce type d'action de désarmement contre les infrastructures du ravage. Nous avons relayé cette action car nous en partageons le sens. Dans la lignée des 30 rassemblements qui ont eu lieu mercredi soir à travers le pays, nous appelons à la solidarité totale avec les personnes mises en cause. Ne nous laissons pas intimider par la répression, désarmons le béton !»

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati