Culture

On vous dit tout sur l’exposition ‘Nam-Khas, le peuple des Femmes Nuages’

On vous dit tout sur l’exposition ‘Nam-Khas, le peuple des Femmes Nuages’

Interview de Béatrice Meunier-Déry par Info-Chalon

L’artiste plasticienne, installée à Roubaix, invitée par l'association Chez Ta Soeur, exposera dès le 14 août au Réfectoire des Moines à Tournus. 

Béatrice, comment est né ce projet de voyage fictif au cœur de ce matriarcat Nam-Khas ?

Ce projet est né fin 2015, alors que j'étais en résidence à la Fileuse, friche artistique de Reims. Mon travail artistique concernait la condition des femmes dans le monde depuis 15 ans (Inde, Chine, Mexique...). Je venais de terminer une série d'ex-voto imaginés à la suite d'un événement dramatique parmi tant d'autres qui concernait deux jeunes filles retrouvées pendues après avoir été violées dans un village en Inde en mai 2014. 

J'ai imaginé des rangolis pour lutter contre les viols dont le motif est une répétition symétrique x 4 d'un utérus, un artiste est passé dans mon atelier et a trouvé que le symbole obtenu pourrait être celui d'une société de femmes...

Pour vos recherches, de quels peuples vous êtes-vous inspirée ?  

J'ai visionné énormément de reportages, lu de nombreux articles concernant des matriarcats asiatiques existants comme ceux des Moso et Naxi, mais également celui des Kashi en Inde, et d'autres africains. J'ai découvert également la société matrilinéaire des Zapotèques qui a ses écueils. Celui des Nam-Khas est une composition équilibrée et joyeuse à découvrir. Il est situé en 1907, dans une vallée des contreforts de l’Himalaya.  Ce qui est à retenir, c'est qu'un matriarcat n'est en aucun cas une version inversée d'un patriarcat. Son fonctionnement n'est pas comparable et n’exclut pas la gent masculine. 

Pour vos choix d'objets à présenter, comment s'est faite la sélection ?

Pour faire « vivre » une ethnie au travers d'une exposition qu'on pourrait qualifier d'ethnographique,  il était à mon sens nécessaire de présenter des objets ayant appartenu non seulement aux voyageuses – exploratrices comme des carnets de voyage, des récits, des effets personnels, mais surtout aux Nam-khas eux-mêmes : Vêtements, parures, objets chamaniques, etc.

Il y a de magnifiques photographies aussi...

Merci à vous. C'est peut-être ce qui est le plus « vivant » de tout ce travail artistique et qui lui donne corps. J'ai imaginé cette société matriarcale comme étant métissée, et j'ai eu de merveilleux modèles qui portent leurs origines fièrement. 

Précisément, quels messages souhaitez-vous passer avec cette exposition 'Nam-Khas, Le Peuple des femmes nuages' ?

Ce qui me semble important c'est de poser des questions comme : Qu'en est-il de la place des femmes dans nos sociétés dites civilisées  aujourd'hui ? Que font les hommes de leurs pouvoirs ? Quelle place pour la différence ? J'en profite pour remercier nos mères et aujourd'hui nos filles féministes qui agissent et luttent dans nos cités comme les colleuses pour les combats qu'elles mènent, et pour remercier chaleureusement l'association « Chez ta soeur » pour cette invitation à ressortir cette exposition de ses malles à Tournus. 

SBR - Crédit photo : Béatrice Meunier-Déry, 'Dolkar / Gudak avec Namduk et Norbu 1909', Autochrome.