Saône et Loire économie

Inflation, simplification administrative... Clarisse Maillet, Présidente de la CPME Saône et Loire, dresse un point de situation de l'économie dans le département

Inflation, simplification administrative... Clarisse Maillet, Présidente de la CPME Saône et Loire, dresse un point de situation de l'économie dans le département

Présidente de la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises de Saône et Loire, Clarisse Maillet a répondu à info-chalon.com

 Inflation, énergie, angoisse des consommateurs, quel est l’état d’esprit de vos adhérents en Saône et Loire ? 

Les factures d’énergie sont un réel problème pour nos adhérents, les TPE-PME d’une manière générale ; l’augmentation de ce poste impacte de plein fouet les bilans, 

cela vient réduire les résultats des TPE PME qui n’ont pas toutes réussi à reporter ces augmentations de charges sur le prix de ventes de leurs produits. 

Nous constatons une baisse des marges commerciales. 

La BCE souhaiterait ramener l’inflation à 2% sachant que cette inflation est portée à 30% par l’énergie et à 70% par les biens manufacturés et services, ce qui représente une part importante consacré à l’énergie.

A cela s’ajoute la pénurie de main d’œuvre qui entraine une hausse des salaires nécessaire pour aider nos salariés à faire face à l’inflation,  nos TPE PME ont répondu présentes au partage de la valeur. 

Lorsqu’elles le pouvaient, elles ont pratiqué des augmentations de salaires qui sont venues appuyer sur le résultat des entreprises.

 
 Pourtant l’industrie se porte à merveille. Les carnets de commande sont pleins et les embauches au plus haut. On a l’impression d’un paradoxe ? 

Nous sommes effectivement dans un paradoxe économique, les taux bancaires ne sont plus en adéquation avec le secteur de l’immobilier ; les entreprises ont des difficultés pour recruter 

Certains secteurs de l’industrie se portent bien effectivement et tirent une partie de notre économie vers le haut, cependant il faut toute raison gardée, préciser que c’est surtout l’industrie de la transition écologique qui est porteuse aujourd’hui. 

Certains de nos adhérents sont présents dans les secteurs porteurs tels que le nucléaire ou l’aéronautique. 

Les carnets de commande sont effectivement garnis, et le besoin de main d’œuvre est toujours présent malgré beaucoup d’incertitudes liées à la composante géopolitique. 

Nous avons échangé avec les grands donneurs d’ordre du territoire pour éviter que certaines de nos TPE PME voient leur main d’œuvre migrer vers les grands groupes et ainsi affaiblir notre tissu économique.

C’est une situation encore trop fréquente, nos chefs d’entreprise ne peuvent pas lutter face à des propositions salariales supérieures à ce qu’ils peuvent proposer, parfois même au-delà du raisonnable.

Ne blâmons pas les salariés concernés, qui ne choisirai pas le confort financier et les avantages d’un grand groupe, qu’une TPE-PME ne peut lui offrir ?!

Avoir des commandes, oui … ne pas pouvoir y répondre faute de main d’œuvre, là est le paradoxe également …

Et par ailleurs, nous restons perplexes et dubitatifs, quand certains grands groupes ne jouent pas le jeu, comme par exemple délocaliser de la matière grise hors Europe, alors qu’elle est là, présente, et qualifiée … !

Quels sont en Saône et Loire les secteurs sur lesquels il y a le plus de fragilité ? 

Les commerçants, les TPE….nous le constatons que trop souvent lors de nos rencontres régulières  (les Bistrot PME du vendredi midi – ndlr) : 

Ce sont des chefs d’entreprise souvent très seuls face à la gestion globale de leur entreprise, ils sont à la fois DRH, DAF, DirCom … même si ces termes ne concernent pas vraiment les TPE !

L’hôtellerie de son côté est chahutée par le parc AirBn’b, la règlementation du particulier au service d’une utilisation commerciale n’est pas équitable, il y a encore à faire de ce côté,

C’est pourquoi l’UMIH s’est rapproché de nous, afin de travailler ensemble sur des réponses à apporter à ces professionnels qui ont beaucoup soufferts ces dernières années.

Les métiers de la restauration ont une double fragilité, certains ont su s’adapter et trouver de nouveaux fournisseurs afin de limiter l’impact de l’inflation sur leur résultat, mais, les coût des matières premières et la difficulté de trouver du personnel rajoutent à un état fébrile.

Parmi nos TPE PME, certains métiers s’apprennent essentiellement par l’apprentissage, ils ont besoin d’apprenants pour les former et créer un vivier de travailleurs compétents nécessaires à nos entreprises. 

La CPME a mis en place avec l’aide de l’Etat et du Département, une plateforme de mise en relation : 1formation1logement, qui permet de mettre en relation 1 entreprise, 1 apprenant et un bailleur public ou privé. 

La plateforme est ouverte depuis le mois de juin, le succès est tel que des annonces sont pourvues le jour même de leur mise en ligne, voire même avant. 

Quand un charpentier en zone rurale a la joie d’accueillir son 1er apprenant conventionné, qui va se loger à moins de 5 minutes de l’entreprise, on se dit que la réponse est en adéquation avec cette volonté de favoriser les filières professionnalisantes !
 
Qu’attendez-vous des pouvoirs publics en tant que cheffe d’entreprise et Présidente d’une organisation patronale ? 

Nous attendons une simplification administrative afin de favoriser la création d’emploi, nous défendons également une pause règlementaire nécessaire à nos TPE PME pour permettre à chacune de s’adapter à l’ensemble des exigences existantes et nouvelles en matière environnementale. 

Nous souhaiterions une mise en cohérence des dispositifs environnementaux existants imposés aux entreprises qui s’ajoutent aux autres exigences en matière sociale, fiscale…

Ces exigences demandent du temps, des financements de la part de nos TPE PME et cela détourne l’attention des chefs d’entreprise. 

Dans une économie incertaine, le dirigeant se doit de rester concentrer sur son cœur de métier afin de créer de la richesse collective et la simplification lui permettrait de libérer du temps pour son activité propre.

Lors de son discours de rentrée, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé le lancement d’«Assises de la simplification», dans les mois qui viennent. 

Ces assisses auront pour objectif affiché de « simplifier la vie des entreprises et de faciliter leurs démarches » ; très bien, nous répondons présent !

Au-delà de mesures générales telles que la mise en place d’un « test PME », que la CPME pousse depuis maintenant plusieurs mois, nous souhaitons proposer aux pouvoirs publics des mesures concrètes. 

A cet effet, nous sommes en plein travail de rédaction d’un recueil de propositions destiné à alimenter les travaux de ces assises. 

Aussi nous recueillons actuellement les demandes prioritaires de nos chefs d’entreprise, souvent des demandes simples, mais qui visent à simplifier les démarches,  à diminuer les coûts et/ou à sécuriser les procédures. 

Plus ces demandes sont concrètes, précises, et chiffrées en prenant appui sur des exemples, plus elles ont de chances d’être entendues.

C’est une de nos missions : faire remonter la voix du terrain.
 

On vous a vu aux côtés du Grand Chalon pour Viva Factory, pour le Grand Chalon Business Dating… on tient le bon bout sur le territoire du Grand Chalon ? 

Le Grand Chalon a une vraie volonté de réindustrialiser le territoire, et la CPME est évidemment partie prenante de ce projet avec l’ensemble des acteurs économiques. 

Nous sommes convaincus qu’ensemble nous pourrons construire l’industrie de demain sur notre territoire. 

Nous avons besoin de tous les acteurs, de toutes les entreprises de toutes tailles, de tous les partenariats avec les centres de formations de tous niveaux. 

Nous avons sur notre bassin des entreprises industrielles de grandes tailles qui sont ancrées depuis plusieurs décennie et qui travaillent avec nos TPE PME, les échanges se font sur le plan économique, productif, ingénierie… construisons ensemble !

Ce rendez-vous contribue à renforcer l’attractivité de notre territoire, la mise en avant de nos entreprises afin de créer des synergies entre les différents métiers représentés sur le Grand Chalon. 

Il permet aussi de promouvoir le recrutement dans l’industrie au féminin et au masculin.

L’industrie est un vecteur de cohésion sociale, il faut savoir qu’un emploi dans l’industrie permet de créer 3 emplois induits (INSEF 2016), ce qui présage d’une bonne dynamique pour l’ensemble des entreprises et des acteurs de notre territoire.

Mais restons vigilants, des TPE sont à la peine, et certaines ne pourront pas forcément avoir la patience économique des plus grosses …