Faits divers

Il avait volé le sac à main d'une personne âgée sur le parking du Leclerc avant de lui asséner un coup

Il avait volé le sac à main d'une personne âgée sur le parking du Leclerc avant de lui asséner un coup

Il attendait depuis 14 heures. Il est 17h50 lorsque sa silhouette massive peut enfin se présenter à la barre du tribunal. Il est jugé pour un vol à l’arraché, le samedi 23 septembre sur le parking du Leclerc à Chalon. 
La victime est âgée. Elle n’est pas à l’audience, ni représentée par un avocat. La salle est vide. Le prévenu est volubile. 

Les faits 

Un couple venait donc de faire des courses au supermarché. Une fois les articles dans le coffre, monsieur se met au volant, madame dépose son sac à main sur la banquette arrière... et un type surgit, lui pique son sac puis fonce vers sa voiture. La dame ne se laisse pas faire et le suit alors qu’il mettait le sac dans son coffre. L’irruption de la dame lui fait peur, dit-il, il s’écrie « Oooh ! » et rabat le hayon d’un geste vif. La dame prend la porte du coffre sur la tête : plaie saignante au crâne, pose de deux agrafes. D’ailleurs quand la police est arrivée, les pompiers s’occupaient déjà d’elle. 6 jours d’ITT et un gros choc psychologique.

Le prévenu est chez lui, agité et alcoolisé de ouf

La police regarde les images de vidéosurveillance, repère le véhicule de l’agresseur, tient son immatriculation. Le véhicule est au nom de la bonne personne, l’adresse est bonne aussi. 
La BAC file à Fragnes-la-Loyère, y trouve le prévenu chez lui, agité et alcoolisé de ouf. 2,57 grammes ! Tout agité qu’il est, il accueille les policiers, leur donne le sac. Le chéquier est dans le barbecue. La carte bleue ? Il a acheté trois paquets de cigarettes puis il l’a jetée dans une poubelle à côté du bureau de tabac : les policiers l’y trouveront.

Le récit du prévenu - « je flashe sur le sac à main »

« Je venais faire réparer mon portable, j’avais demandé un devis. Enfin, j’ai jamais pensé que j’allais faire ça ! Un samedi, avec plein de monde, des caméras partout ! J’ai pris un coup de sang. » Il décrit comment il a vu « le papy » et « la mamie » revenir avec leurs courses. « Je suis resté. J’attends. Et je flashe sur le sac à main. Elle vient, elle crie, je fais « oooh »et je rabats le coffre, sans faire attention… » Il parle pressé. Il évoque son conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP), et puis sa psy, et puis tous les gens qui sont des ressources pour lui qui est déjà en sursis probatoire. Et il répète : « C’est le sac à main qui m’a attiré, je ne sais pas pourquoi. » On voudrait que les juges lui demandent de le décrire, ce sac, mais c’est le 4ème dossier, il n’est pas loin de 19 heures et on n’est pas chez le psy.

« Ce médicament, des fois j’ai pas envie de le prendre »

Charles Prost, vice-procureur, intervient : « Vous disiez ‘un coup de sang’ ? – Je suis atteint de la maladie de TDHA. J’ai un traitement. – C’est inquiétant que vous ayez un traitement et malgré ça, des coups de sang. – Après, je vais être franc, je ne le prends pas tous les jours (donne le nom d’un de ses médocs, ndla). » … Plus loin au cours de l’audience, il expliquera : « Ce médicament, je le prends quand j’ai des rendez-vous, pour être zen, mais des fois j’ai pas envie de le prendre. » 
Bon, il assure au tribunal que sa psychologue l’a recadré sur ce point, et que désormais il prend tout, chaque jour. Il assure aussi qu’il ne boit plus du tout, qu’il a fait une cure, son avocat en justifie, lors de laquelle on a changé de diagnostic passant de « TDHA » à « bipolarité » (on tourne en rond au tribunal avec une nosographie psychiatrique bien pauvre : est-ce vraiment ce qu’est devenue la psychiatrie ? On dirait que oui, ndla)

« Que faire ? »

Enfin, avec tout ça, le procureur trouve la situation « préoccupante ». Il la résume, évoque le casier du prévenu – une condamnation en 2022 pour violences et harcèlement de sa conjointe, devenue ex-conjointe -, relève les 6 jours d’ITT de la prévenue. « Que faire ? » Il requiert la peine de 12 mois de prison et la révocation de 3 mois du sursis (de 6 mois) prononcé en 2022 : 15 mois de prison.
A noter que le prévenu a un CDI, interrompu en raison d’une grave blessure, mais il devrait reprendre début 2024.

« Ce sont des faits peu glorieux, d’une extrême lâcheté »

Maître Duquennoy rappelle, lui, que cette affaire aurait pu être jugée en CRPC, son client avait accepté la peine proposée alors, une peine mixte avec aménagement ab initio. L’échec de la CRPC ne lui est pas imputable. « Ce sont des faits peu glorieux, d’une extrême lâcheté, vu l’âge de la victime. Il en convient. » L’avocat souligne que son client a voulu éviter tout contact avec la victime, il a attendu que le sac soit posé pour le prendre. « Il a des difficultés financières qui l’angoissaient, et des problèmes neuro-psychologiques. Aujourd’hui il est investi dans son sursis probatoire. »

10 mois de prison sous bracelet électronique

Le tribunal dit le prévenu coupable et le condamne à la peine de 10 mois de prison aménagés en DDSE (détention à domicile sous surveillance électronique), avec deux obligations : poursuivre les soins et travailler (mesures qui évitent le risque de rupture de ce qu’il a déjà commencé). Le sursis probatoire reprendra après qu’il aura exécuté sa peine.

FSA