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Tribunal de police : « Je pense que quand on est une truie, on se tait »

Tribunal de police : « Je pense que quand on est une truie, on se tait »

L’une et l’autre se prenaient le bec mais c’est V.* qui a eu le dessus : « Je pense que quand on est une truie, on se tait. » Une truie. L’insulte a déclenché des gestes violents. M., 34 ans, comparaît ce 16 janvier devant le tribunal de police, pour violence sans ITT.

Le ministère public le dira : « Le comportement de la victime était déplacé aussi. Il y a eu de la provocation. » Le « aussi » de la première phrase renvoie à ce que la présidente Sordel-Lothe martèle à la prévenue : la victime dans ce dossier, ce n’est pas elle. « Il faut vraiment comprendre pourquoi vous êtes poursuivie, madame. »

Pourquoi est-elle poursuivie ?

On est du côté de Branges, en juin 2022. M. et un copain sont venus pêcher quand arrive V., une femme qui promène son chien et qui le lâche vers la rivière. « Casse-toi avec ton sale clébard » auraient dit les pêcheurs. « La rivière est à tout le monde » aurait rétorqué V.  
Bref, échanges inamicaux et ça s’envenime – « J’ai voulu prendre un oiseau en photo, dit la comparante, et ‘elle’ s’est mise devant moi » -, jusqu’au fameux « truie ». « Quand-on-est-une-truie-on-se-tait. » 
M., touchée, se tait, se jette sur V., lui saisit le cou. V. ira déposer plainte non sans avoir fait constater par un médecin une rougeur au niveau du cou et une dysphagie, soit une sensation de gêne ressentie lors du passage des aliments dans le pharynx.

« …on se tait » : de quelle façon répond-on quand on reçoit l’injonction de la boucler ? 

M. ne voit pas comment elle a pu occasionner un tel préjudice. La victime a 4 jours d’ITT. Ça fait cher l’insulte pour tout le monde. Comment reçoit-on une telle assignation ? « Quand on est une truie… » Comme un coup de couteau ? Une balle ? Une gifle ? Une bombe ? Ça dépend de qui on est, de comment on est. « …on se tait » : de quelle façon répond-on quand on reçoit l’injonction de la boucler ?

« Provocation », « confrontation »

La femme qui se tient à la barre se sent lésée puisque l’agression dont elle fut l’objet, - une agression innommable en un sens et pour ce qui la concerne -, ne sera pas réparée. La procureur a un mot, tout de même, de reconnaissance de ce qui a, sur l’instant, ravagée celle qui se tient à la barre : « provocation ». La comparante répète le sien : « confrontation », elle aurait voulu « une confrontation ».

La violence : interdite**

« On n’en vient pas aux mains de manière préventive ! Soit on quitte les lieux, soit on appelle les forces de l’ordre. » Le ministère public requiert à titre de sanction, un stage de citoyenneté. 
M. n’a pas d’avocat. « Ça me semble irréel, dit-elle, je ne comprends pas. »

Le tribunal la dit coupable de violences, la condamne à une amende de 500 euros dont 200 euros avec sursis : 300 euros d’amende - un rabais de 20 % si elle paie dans les trente jours.

FSA 

* L’initiale du prénom de la victime a été modifiée. 
**Sur les violences :
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070719/LEGISCTA000006149922/ 

https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070719/LEGISCTA000006181751/