Agglomération chalonnaise

Protégez les blaireautins : participez à la consultation publique

Par Nathalie DUNAND

Publié le 21 Février 2025 à 22h12 , mise à jour le 09 Mars 2025 à 19h28

Protégez les blaireautins : participez à la consultation publique

Une consultation est ouverte à tous, quel que soit votre département, pour donner votre avis sur la prolongation de 4 mois supplémentaires de la chasse aux blaireaux. Vous avez jusqu’au 14 mars 2025.

La fenêtre est petite – du 19 février au 14 mars 2025 – mais elle existe. Comme chaque année, la procédure de participation du public (consultation publique) sur un projet d’arrêté du Préfet autorisant l’exercice de la vénerie sous terre du blaireau pour une période complémentaire est lancée. Chacun peut donner son avis.

Traduction : La période de chasse commence le 15 septembre, mais dans de nombreux départements, le Préfet peut demander une période complémentaire pour autoriser la chasse aux blaireaux dès le 15 juin. 
Donc, du 15 juin 2025 au 15 janvier 2026, soit 8 mois, les blaireaux et leurs petits seront acculés par les chiens de chasse dans leur terrier, déterrés avec des pinces et tués.

Pourtant…

Pourtant, le blaireau n’est pas classé dans les espèces nuisibles. Les dégâts qu’on lui impute sont dérisoires en comparaison de ceux produits par les sangliers (le blaireau est petit, chasse tout seul la nuit, donc les dégâts sont toujours négligeables).
Mais le gibier se fait rare, et la Saône-Loire se place dans le top 3 en termes de nombre d’équipages de vénerie sous terre…

Pourtant, le blaireau a une faible natalité (30 % seulement des femelles ont une portée de 2 à 3 petits), et un fort taux de mortalité juvénile (50 % n’atteignent pas 1 an).

Pourtant, le blaireau est utile dans l’équilibre de la biodiversité : il mange les hannetons – qui sont la cause de dégâts très importants dans les forêts –, il participe à la régulation des rongeurs et contribue à la limitation de la maladie de Lyme.

Pour en savoir plus sur les caractéristiques et l’utilité du blaireau dans l’écosystème, lisez l’article Infochalon.

Pourquoi cet arrêté peut-il être illégal ?

Il a été sanctionné et annulé par le Tribunal administratif de Dijon en 2022, jugé illégal au regard de l’article L. 424-10 du Code de l’environnement (1) qui protège les portées.

Cette période complémentaire correspond à la période d’allaitement, de sevrage et d’élevage des jeunes blaireaux. Selon une spécialiste de l’espèce : « Le blaireautin est indépendant à partir de 6 mois. Avant cet âge, il est incapable de se débrouiller seul.
Tuer la mère d’un blaireautin, c’est donc le condamner à court terme. »

En 2024, que s’est-il passé en Saoône-et-Loire ? (lire article Infochalon Décision Préfet)

La date de chasse au blaireau dès le 15 juin (au lieu du 15 mai de précédents arrêtés) a été choisie pour éviter la sanction du Tribunal, tout en donnant encore le feu vert à la FNC (Fédération nationale des chasseurs).

Lors de la consultation publique 2024, 84 % ont dit non à la période complémentaire (1 136 répondants contre 216 pour).

Subsiste deux questions : pourquoi le Préfet de S&L, Yves Séguy, a-t-il pris le contrepied de l’avis majoritaire ? Et pourquoi le délai de sa réponse a-t-il été si long (3 juin 2024) ?

Certains y voient l’influence du lobby de la chasse sur nos décideurs. L’association AVES (Agir pour le Vivant et les Espèces Sauvages), pense que c’est pour décourager les gens qui ont pris le temps de voter : raison politique donc.

Faut-il accepter le découragement ?

« Enfin, il peut toujours être bon de rappeler que l’espèce est protégée dans la plupart des pays européens de l’ouest et que ces pays ne semblent pas pour autant submergés par des hordes de blaireaux commettant des montagnes de dégâts insurmontables. » (LPO Centre-Val de Loire).

Par Nathalie DUNAND
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Donnez votre avis : consultation publique

(1) Article L. 424-10 du Code de l’environnement « Il est interdit de détruire, d’enlever, de vendre, d’acheter et de transporter les portées ou petits de tous mammifères dont la chasse est autorisée, sous réserve des dispositions relatives aux animaux susceptibles d’occasionner des dégâts. »