Chalon sur Saône

Collectionneur de machines à sous : un profil plutôt rare à Chalon-sur-Saône comme ailleurs

Collectionneur de machines à sous : un profil plutôt rare à Chalon-sur-Saône comme ailleurs

Ils ne sont pas nombreux en France, il est assurément le seul en Saône-et-Loire à s’être pris de passion pour un objet insolite : les machines à sous. André Sarazin en possède plus d’une centaine. Les plus belles pièces ont rejoint la décoration de sa maison, le grand nombre cohabite dans une salle qui leur est dédiée tandis que quelques-unes patientent dans l’atelier.

Tout a débuté il y a plus de 30 ans après l’acquisition d’un comptoir de bar, en orme, datant du début XXe. C’est en cherchant à élaborer un décor autour de ce meuble qu’il acquiert, en salle de ventes, sa première machine à sous murale. C’est le déclic !

Un voyage à travers le temps

Comme tout collectionneur, André Sarazin connaît son sujet sur le bout des doigts. Et les plongées dans l’histoire de l’objet font partie des aspects qui le passionnent.

Les machines à sous qui font battre son cœur sont mécaniques, elles datent de la même époque, entre 1895 et 1914. La guerre ne laisse pas de place aux divertissements. On les trouvait dans les bars, mais seulement dans certaines régions de la France, car la législation était laissée à l’arbitrage des préfets. Et dans le Nord ou les zones portuaires et minières, on tolérait davantage ce genre de distractions. En 1909, une loi interdisant les jeux d’argent, les machines sont transformées pour distribuer des jetons de consommation. 

Véritables œuvres d’Art… nouveau

La plupart sont murales et sont de véritables objets d’art sculptés et marquetés. Le cadre, en bois, abrite un décor posé sur velours, finement peint ou mécanisé ; on y admire des chevaux qui font une course, une scène de bar animée… Certaines pièces, plus rares, intègrent en plus une boîte à musique. La face cachée, le ventre de la machine, abrite son mécanisme, l’antre du passionné…

Redonner vie aux épaves

Car s’il est bien un point commun entre ces collectionneurs, c’est la passion pour cette mécanique intérieure, l’âme de la machine. Redonner vie à la machine, restaurer son mécanisme, voire le fabriquer entièrement.

C’est une passion d’équipe aussi, et les contacts entre passionnés donnent vie à cette aventure. Il y a celui qui possède un stock de pièces détachées, il y a le mouleur, le zingueur, le peintre en lettres, l’ébéniste. Pour preuve, André possède aussi quelques distributeurs, dont un de 1895 qui délivrait des cigares au chocolat, acquis en piteux état. Les talents de chacun lui ont redonné une vie en couleur…

Passion non toxique

Quand on demande à André Sarazin si sa famille ne pâtit pas de sa passion, il sourit : « Non, c’est plutôt un passe-temps. Nous sortons le WE, nous allons en vacances, et je consacre quelques heures, surtout par mauvais temps, à mon atelier. Bien sûr, je parcours les petites annonces, les sites, mais amasser n’est pas mon dada. »

Au fait, existe-t-il un nom pour ce genre de collections ? Non, pas encore… Les bédéphiles (BD) — ce qu’était André enfant — les bistrophiles (objets de bistrot), les mécalkiphiles (machines à calculer). Reste à inventer une combinaison des trois. À vous de jouer. À moins de généraliser, la mnémophilie consiste à collectionner des souvenirs.