Bourgogne

Une campagne pour le dépistage du Sida en boulangerie

 Une campagne pour le dépistage du Sida en boulangerie

Toute cette semaine, le test de dépistage du VIH et des maladies sexuellement transmissibles s’affiche sur les sacs à pain de Bourgogne. Explications pour Info-Chalon.

Cette semaine, en achetant votre pain, vous remarquerez peut-être quelque chose de différent. Ce dernier aura sans doute la même saveur que d’habitude mais son emballage risque bien d’avoir changé… Dans 260 boulangeries bourguignonnes, 260 000 sacs à pain sertis d’une petite bande dessinée ont ainsi été distribués par le COREVIH Bourgogne (dépendant de l’ARS) dans l’objectif d’informer les bourguignons sur le test du VIH et des autres MST (maladies sexuellement transmissibles). Vous les trouverez notamment dans l’agglomération mâconnaise, à Mâcon et à Beaune.

Il faut savoir qu’en Bourgogne, le taux de dépistage de la population est l’un des plus faibles du pays avec 56 personnes testées sur 1000. Quand on sait que 35 000 français seraient porteurs du virus du Sida sans le savoir, il y a de quoi alerter. Surtout si l’on ajoute les risques liés à la syphilis ou aux hépatites. Le docteur Jean Friedel, dermatologue à l’hôpital de Chalon-sur-Saône explique : « Il faut bien savoir que le préservatif ne protège pas toujours. Il empêche la plupart du temps le passage du VIH mais ce que les gens ne savent pas c’est qu’il ne protège pas de la syphilis, une maladie que l’on guérit mais qui peut entraîner une maladie neurologique grave chez le nourrisson si la mère est infectée. Elle est d’ailleurs en pleine efflorescence depuis 5-6 ans en Bourgogne et notamment dans l’Ouest et l’Est de la Saône-et-Loire. Elle s’est d’abord répandue dans le milieu homosexuel avant de toucher également le milieu hétérosexuel ».

« L’amour d’un jour peut vous marquer pour toujours »

Le médecin insiste donc sur l’importance de faire de la prévention et de la pédagogie via des opérations comme celles de cette semaine. « Il faut rappeler en permanence à la population que les centres de dépistage existent, qu’ils sont anonymes et gratuits, que les enfants peuvent y venir sans leurs parents… Peu de gens sont dépistés mais énormément viennent pour avoir des informations et posent des questions qui auraient dû trouvé une réponse depuis longtemps avec l’éducation et ce n’est pas le cas ».

Si l’on ne dispose pas de chiffres précis sur l’étendue de la syphilis ou des hépatites en Bourgogne, on sait en revanche que le nombre de patients traités pour le Sida augmente régulièrement de 4% par an. D’où l’importance du message martelé par cette campagne du malheureusement trop méconnu COREVIH : « L’amour d’un jour peut vous marquer pour toujours » avec des sacs qui, en plus de la BD, affichent les coordonnées des centres de dépistage. Des lieux que beaucoup hésitent encore à fréquenter et qui sont de plus peu accessibles en Saône-et-Loire (ils ne sont situés qu’à Chalon et Mâcon).

Le docteur Friedel propose une solution mais en voit déjà les limites : « pour éviter aux gens de se déplacer, il faudrait des équipes volantes mais cela pose des problèmes d’organisation car il n’est pas évident de voir débarquer un bus dans son village et d’aller s’y faire dépister. Ce n’est pas pareil que donner son sang. Se faire dépister est difficile, ce doit être un acte volontaire voilà pourquoi le centre de Chalon est au cœur de l’hôpital ». Alors même si vous avez pris des risques, sachez que vous y serez accueillis chaleureusement.

Olivier COLLET

http://www.docvadis.fr/corevihbourgogne/index.html / 03 85 91 00 57