Bourgogne

Quand le Président de la CCI de Côte-d'Or recadre le Président du Conseil Général de Côte d'Or

Lettre ouverte à Monsieur François Sauvadet,
Président du Conseil Général de la Côte‐d’Or


Monsieur le Président,
D’abord surpris et déçu à la lecture de votre courrier en date du 16 septembre 2013, qui annonce le retrait du Conseil Général de la Côte‐d’Or du soutien au développement de l’Aéroport Dijon Bourgogne, je me suis ensuite interrogé sur la valeur que vous accordez à votre « parole », Monsieur le Président du Conseil Général de la Côte‐d’Or, ancien Ministre et Député de la Côte‐d’Or, puis sur le sens de l’amalgame et de la manipulation des chiffres justifiant le « gouffre financier », pour enfin comprendre qu’il n’est plus nécessaire d’apporter des arguments tangibles et objectifs : « Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage ».
Je tiens cependant à rectifier quelques points, au nom des Elus de la CCI Dijon, puis de la CCI Côte‐ d’Or, qui ont voté et porté ce projet depuis 2006 :
•    Non, en mai 2014, le protocole Renaissance signé en septembre 2006 n’aura pas coûté 24.5 M€, mais 21 744 000 € correspondant à :
Investissements : acceptés et votés par votre Assemblée
Budgétés : 15.5 M€ d’investissements Dépensés : 14.6 M€ Part du Conseil Général de la Côte‐d’Or : 4 869 356 €
Aides au démarrage des lignes : acceptées et votées par votre Assemblée
Budgétés : 4.6 M€ Dépensés : 2.3 M€ pour Eastern Airways Part du Conseil Général de la Côte‐d’Or : 644 000 €
+ Convention Eastern Airways du 1er octobre 2013 au 31 mai 2014 : 991 874 € Part Conseil Général de la Côte‐d’Or: 247.968.50 €
Fonctionnement de l’Aéroport : je vous rappelle qu’avant le projet Renaissance le déficit de fonctionnement de l’Aéroport était de l’ordre de 900 000 € annuels sans projet de développement.
Budgétés : 4.3 M€ Dépensés 2010 ‐ 2012 : 2.4 M€ Part du Conseil Général de la Côte‐d’Or : 600 000 € + déficit 2013 : 1 090 000 € dont part du Conseil Général de la Côte‐d’Or : 272 500 € + déficit 2014 : 454 166 € dont part du Conseil Général de la Côte‐d’Or : 113 542 €
•    Le « gouffre financier » que vous dénoncez est un investissement public pour un équipement d’intérêt général, une plateforme aéroportuaire, dont sont dotées toutes les capitales régionales et départementales au XXIe siècle.
Je regrette que pour un Président qui met en avant régulièrement sa «politique de l’évaluation » vous ne souligniez pas l’économie de 6 % réalisée sur les travaux (14.6 M€ pour les 3 collectivités au lieu de 15.5 M€ prévus). Si l’Etat et les collectivités s’appliquaient ne serait‐ce que la moitié de cet effort, le déficit de la France serait intégralement résorbé ! Dois‐je par ailleurs vous rappeler que nous ne pouvions pas prévoir en 2006 les évolutions dela BA 102 ; de coûteux investissements ont été exigés alors par l’Etat devant ainsi garantir son maintien d’activités...
•    Le « gouffre financier », pour reprendre à nouveau vos termes, correspond au soutien mesuré et adapté à la capacité de l’Aéroport à accueillir des compagnies aériennes dans le cadre d’un projet Renaissance que vous avez accepté.
Nous regrettons comme vous que l’accueil progressif de lignes low‐cost, prévu dans le programme Renaissance en année N+ 2, n’ait jamais pu se faire par refus d’un des partenaires. Ce qui rendait irréaliste l’objectif de 120 000 puis de 250 000 passagers.
•    L’objectif des passagers a été fixé par les 4 partenaires en 2006 pour une période de 10 années dont l’année N s’est avérée être l’année 2010 du fait des travaux et contraintes supplémentaires (loi sur l’Eau, étude pyrotechnique ...), soit l’année 2020 pour l’objectif final. Il est donc tendancieux et hâtif de tirer un bilan 7 années avant l’échéance.
•    Par ailleurs, depuis 2 années nous avons réclamé avec vigueur la réunion d’un Comité stratégique de recalage des objectifs, constatant :
-    une Gouvernance politique non déterminée sur le fond, désunie, sans constance et pugnacité pour porter le développement d’une activité comme celle‐ci.
-    une crise économique et sociale qui touche l’Europe, la France, la Bourgogne et la Côte‐ d’Or depuis 2008 et qui est venue profondément bouleverser le schéma économique à 10 ans tracé en 2006.
-    l’émergence de la plateforme de Dole Tavaux depuis 2011, portée par une politique du Conseil Général du Jura aussi offensive qu’inattendue, et qui est venue aggraver la situation de Dijon‐Longvic.
• Non, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte‐d’Or n’abandonne pas le développement de la plateforme aéroportuaire de Dijon : ses élus ont encore voté en Assemblée Générale Extraordinaire le 30 mai 2013 le report (le 3ème) d’une année de concession dans l’esprit de ce qui a été décidé lors de la réunion au sommet à la Préfecture le 24 mai 2013 avec votre accord, afin de créer les conditions d’une remise à plat de la stratégie et d’un portage pour une future DSP. La CCI Côte‐d’Or n’a fait qu’adapter son mode de soutien à l’évolution de la loi.
J’espère, Monsieur le Président, que vous prenez bien la mesure de votre décision : elle est perçue comme une volteface incompréhensible pour l’ensemble des Elus chefs d’entreprise de la CCI Côte‐ d’Or, qui ont voté sous la pression générale la prolongation de l’avenant à la convention de concession sus‐évoquée parce que les Présidents des 3 collectivités et l’Etat étaient tombés d’accord sur le soutien au développement de cette plateforme après le 1er juin 2014.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations distinguées.
Patrick Laforêt Président de la CCI Côte‐d’Or