L'analyse du scrutin des départementales à Chalon et sur le Chalonnais

La droite poursuit sa reconquête mais la gauche résiste bien... L'analyse d'info-chalon.com.

Commencée en mars 2014, lors des élections municipales, avec la prise de Chalon, la ville centre, et celles de Saint-Marcel, de Saint-Rémy, et de Givry, les villes satellites, la reconquête du territoire chalonnais par la droite s'est poursuivie un an plus tard, à l'occasion des élections départementales avec le gain de deux cantons. Déjà détentrice du canton de Givry, l'UMP-UDI a fait tomber dans son escarcelle ceux de Chalon 2 et de Chalon 3. Mais la gauche n'a pas abandonné le terrain, en résistant dans ses deux bastions de Chalon 1 et de Saint-Rémy.

Après un intérim de sept ans du socialiste Benjamin Griveaux, la droite a repris à la gauche Chalon 2, l'ancien Chalon Centre, détenu durant plus d'un quart de siècle par le RPR Patrick Foret. Arrivés largement en tête au 1^er tour avec plus de 20 points d'avance sur leurs adversaires (42,66% contre 22,56%) Amelle Chouit et Jean-Vianney Guigue ont confirmé au 2^e tour leur avantage dans le duel qui les opposait à Ahmed Bouchaïr et Dominique Copreaux (61,69% contre 38,31%). Dans un canton sociologiquement favorable les deux poulains du maire de Chalon ont réussi l'exploit de ne laisser aucun bureau de vote à leurs différents concurrents, tant le 22 mars que le 29 mars.

La droite a reconquis également Chalon 3, fief de gauche de longue date, si l'on excepte l'intérim de Frédérique Molay de 2001 à 2008. Associée à Vincent Bergeret, la chef de file de l'UDI chalonnaise Isabelle Dechaume a battu avec un écart de près de sept points (53,42% contre 46,58%) la conseillère générale sortante socialiste Nathalie Leblanc, qui faisait équipe avec Pascal Legoux, le chef de l'opposition châtenoyenne. Plus facilement que les résultats du 1^er tour pouvaient le laisser supposer, puisqu'à peine un point (35,06% contre 34,09%) séparait les deux binômes qualifiés pour le 2^e tour. A Châtenoy-le-Royal la droite, qui est majoritaire dans les six bureaux, l'a emporté en effet de près de 13,5 points (56,73% contre 43,27%). Elle a gagné aussi à Chalon mais beaucoup moins nettement (51,14% contre 48,86%). Le report des voix du PCF (6,5%) n'a pas suffi à la désormais ancienne vice-présidente du Conseil général et à son colistier pour leur permettre de conserver l'ancien Chalon Ouest à la gauche.

Avant ce scrutin la droite possédait Givry. Une citadelle qui s'est une nouvelle fois avérée imprenable. Avec un résultat de 45,74% au 1^er tour et de 75,95% au 2^e tour, Dominique Lanoiselet et Sébastien Martin ont brillamment résisté aux assauts de leurs adversaires de gauche, éliminés dès la première bataille, et à ceux de l'extrême droite, anéantis lors de la seconde. Dans sa bonne ville de Buxy la conseillère générale sortante a ainsi obtenu 57,78% le premier dimanche et surtout 85,55% le second. Dans la commune-phare, c'est-à-dire Givry, le président du Grand Chalon et sa co-équipière ont recueilli respectivement 50,60% et 80,62%. Arrivé en tête le 22 mars dans 39 des 41 communes que compte le nouveau canton le binôme UMP-UDI n'a pas cependant réalisé le grand chelem le 29 mars. La faute à Barizey, commune où la parité des voix a été parfaite (27 pour la droite et 27 pour l'extrême droite). Pas de quoi pourtant enlever à Dominique Lanoiselet et Sébastien Martin la satisfaction d'être les candidats les mieux élus de ces premières élections départementales. 

En échec à Chalon 1 et à Saint-Rémy

Si la droite est devenue depuis dimanche majoritaire dans le Chalonnais, elle n'en a pas moins subi deux sérieux revers à Chalon 1 et à Saint-Rémy. 

Dans l'ancien canton Chalon Nord la tâche s'annonçait très difficile. Depuis sa création en 1973 ce canton, exception faite de la victoire du RPR Serge Sené dans les années « quatre vingts », a toujours désigné un candidat de gauche pour le représenter à l'assemblée départementale. La conseillère générale sortante socialiste Françoise Verjux-Pelletier, en lice avec l'adjoint de Champforgeuil Raymond Gonthier, partait donc favorite. Sa large victoire (59,02% contre 40,98%) face au binôme frontiste, formé de Gérard Chassan et de Blanche Sillat, n'est donc pas une surprise. Ce qui l'est beaucoup plus, c'est la pôle position réalisée par le FN lors du 1^er tour et surtout l'absence de l'UMP-UDI au 2^e tour. Une absence que l'on peut mathématiquement expliquée par la présence de représentants de Debout La République sur la ligne de départ. En collectant 15,40% Agnès Lenotre-Ancion et Maxime Thiebaut ont en effet empêché Fabrice Hohweiller et Annie Lombard de faire le plein des voix de la droite républicaine. Certains diront que si le ticket avait été composé de la vice-présidente du Grand Chalon et du jeune délégué national de DLR - un ticket, semble-t-il, difficile à réaliser, vu les passes d'armes médiatiques qui ont opposé ce dernier au maire de La Loyère durant la campagne - le devenir du canton aurait pu changer. Mais, c'est bien connu, avec des si...
La droite ambitionnait également de ravir à la gauche Saint-Rémy, canton détenu depuis des lustres par cette dernière. Après les conquêtes de Saint-Rémy et de Saint-Marcel l'objectif paraissait parfaitement réalisable. Tout au moins mathématiquement. Car c'était sans compter sur la pugnacité du conseiller général sortant Fernand Renault et sur celle de sa partenaire Christine Louvel, lesquels, contre toute attente, sont arrivés dimanche dernier en tête dans les deux plus grandes communes du canton : Saint-Rémy (44,84%) et Saint-Marcel (38,26%). Et aussi sur le Front National qui a, comme on pouvait s'y attendre, joué tout-à-fait son rôle de brouilleur de cartes (24,76% sur l'ensemble du canton). De quoi assurer aux deux représentants de la gauche une confortable victoire (40,39% contre 34,84%) face à Francis Debras et Karine Plissonnier. Face à un adversaire au charisme confirmé, en place depuis 1995, l'UMP-UDI n'a peut-être pas choisi la meilleure stratégie pour gagner l’ancien canton Chalon Sud.

Gabriel-Henri THEULOT