Saône et Loire économie
Pour Laurent Letourneau, patron du MEDEF Saône et Loire, "non, l’inquiétude n’est pas exagérée, elle est le fruit de l’incertitude mais avant tout, je crois en la force de notre Pays et de nos entrepreneurs pour faire front"
Publié le 28 Décembre 2020 à 05h00
Le Président de l'organisation patronale de Saône et Loire dresse un bilan de ces derniers mois et envisage les perspectives. Entre constats et espoirs, Laurent Letourneau répond sans détours à info-chalon.com.
En cette veille de fin d’année, une année vraiment pas comme les autres, peut-on déjà faire un pré-bilan économique dans notre département
L’année 2020 se termine, et effectivement, je pense qu’elle figurera dans les livres d’histoire, au même titre que tous les évènements majeurs qui ont marqué l’humanité à travers les siècles.
En termes de bilan économique, on constate des situations très contrastées. Les entreprises fermées administrativement subissent de plein fouet la pandémie et les aides qu’elles ont reçues n’empêcheront pas d’importantes difficultés. Car aucune aide ne remplace l’activité. Je pense au secteur de la restauration, de l’évènementiel, de la culture ou du commerce de détail mais aussi aux secteurs connexes qui comme leurs donneurs d’ordre, sont à l’arrêt.
Le taux d’activité général dans le pays est de l’ordre de 80/90%, en ça, nous pouvons dire que la situation noire que nous avions projetée en avril, a été évitée.
Avec la multiplicité des aides apportées au monde de l’entreprise, le MEDEF considère-t-il avoir été entendu ?
Nous estimons que nous avons été entendus tant sur l’ampleur que sur la rapidité de la mise en place des aides entre le mois de mars et le mois de juin. Le chômage partiel ainsi que le PGE ont donné de l’oxygène à nos entreprises et ont réussi à préserver les emplois de nos salariés. Ces mesures avaient pour objectif de compenser la mise à l’arrêt brutal de notre économie pour faire face à l’urgence sanitaire alors que les scientifiques ne connaissaient pas ce virus.
Pour ce qui concerne le deuxième confinement, il me semble que plus de concertation avec les représentants des entreprises et des territoires aurait permis d’apporter une réponse locale plus ciblée et de déployer des protocoles sanitaires qui n’obligent pas à fermer systématiquement telle ou telle catégorie d’entreprises.
Le plan de relance qui nous est proposé, qu’il soit national ou pour la région BFC, a pris en compte nos attentes et est à la mesure de la situation. Il doit permettre le rebond économique et donner un cap à notre Pays. Il s’agit à présent de veiller à leurs déploiements rapides. Cela passe notamment par la mise en chantier des projets des collectivités.
L’inquiétude est pour autant évoquée par nombre de chefs d’entreprises pour les mois à venir ? Sentiment exagéré ?
L’inquiétude des chefs d’entreprises n’est pas un sentiment exagéré, il reflète surtout l’incertitude et l’absence de perspective dans laquelle nous vivons depuis maintenant 9 mois. L’horizon n’est pas dégagé et il ne faut pas se voiler la face, l’année 2021 sera une année où nous ressentirons durement les conséquences économiques de la crise sanitaire.
La situation est un peu en trompe l’œil actuellement et les mesures comme les PGE ou l’activité partielle permettent aux entreprises de faire face. D’ailleurs, les défaillances d’entreprises sont anormalement faibles cette année (de l’ordre de -40% par rapport à 2019). Il y a fort à parier qu’un rattrapage s’opèrera en 2021 et il aura des conséquences en termes de destruction d’emploi.
Il est important de bien comprendre que les PGE (prêts garantie par l’état) et le décalage de charges devront être remboursés. Mécaniquement cela fragilisera bon nombre d’entreprises car il s’agit de dette et non pas de subvention. Par nature les entreprises s’endettent pour investir et non pour faire face à leur besoin de trésorerie comme elles le font actuellement.
Donc, non, l’inquiétude n’est pas exagérée, elle est le fruit de l’incertitude mais avant tout, je crois en la force de notre Pays et de nos entrepreneurs pour faire front.
Quelles seraient selon vous les pistes à explorer pour réinstaurer un climat de confiance ?
On peut imaginer que les vaccins contre le coronavirus auront un effet sur la confiance. Aussi, il faut que les Français acceptent la vaccination. On ne peut pas vouloir tout et son contraire, retrouver une vie normale et refuser la seule solution qui nous le permette.
Je pense que le gouvernement doit mettre entre parenthèse certaines réformes comme celle des retraites. S’il est impérieux d’équilibrer les comptes, une telle réforme risque d’être clivante et laisse augurer d’un climat social délétère dont les entreprises et le Pays n’ont absolument pas besoin.
Par ailleurs, comme je vous le disais tout à l’heure, la mise en œuvre rapide des plans de relance permettra à nos entreprises de travailler, d’embaucher et également à nos concitoyens d’investir plutôt que d’épargner comme ils le font depuis le début de cette crise. C’est pourquoi j’en appelle à tous vos lecteurs. Ils sont, nous sommes tous, une partie de la solution, en consommant responsable, local, nous contribuons tous à la relance économique de notre Pays.
Enfin, je crois que c’est la projection sereine en l’avenir qui génère la confiance. Les chefs d’entreprise, comme chacun d’entre nous, ont besoin de perspectives. Quand ils connaissent les échéances et les contraintes de leur environnement, ils savent faire preuve d’agilité et de combativité pour s’adapter et rebondir.
Propos recueillis par LG - info-chalon.com
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