Agglomération chalonnaise

De retour d'Ukraine, le convoi humanitaire a (presque) accompli sa mission

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 30 Mars 2022 à 06h00

De retour d'Ukraine, le convoi humanitaire  a (presque) accompli sa mission

Lundi soir, Alain Gaudray, est rentré de son convoi humanitaire, réalisé avec Hervé Dumaine, pharmacien aux Aubépins. Un périple de près de 4000 kilomètres aller-retour, que le maire de Fragnes-La Loyère nous a raconté. Plus de détails avec Info Chalon.

Parti ce vendredi 25 mars à 9 heures 30 des entreprôts Girardot, le convoi humanitaire est revenu ce lundi 28 mars aux alentours de 19 heures à Fragnes.

Accompagné d'Hervé Dumaine, pharmacien des Aubépins, Alain Gaudray est revenu dans sa commune avec 6 réfugiés Ukrainiens, 4 femmes, une fillette de 3 ans et un homme de plus de 65 ans*.

Comme nous l'indique le maire, le convoi humanitaire est parti avec 20 mètres cubes de matériel médical, de secours et de soin et des produits d'hygiène des réfugiés d'Ukraine par le biais de l'hôpital de Krosno, en Pologne.

On y trouvait pêle-mêle un électrocardiographe, deux stérilisateurs, une quinzaine de seringues électriques, des attelles, du bandage, un fauteuil roulant, des déambulateurs, quelques lits de camp, des consommables, différents types de perfusions, des solutions de perfusion, et aussi quelques cartons de lait en poudre et de layettes aussi pour les enfants.

L'organisation de ce convoi humanitaire s'est faite en même pas 3 semaines, avec 3 réunions préparatoires, avec les élus de la commune de Fragnes-La Loyère, le CCAS et les associations de la commune.

«Le fil conducteur c'est qu'il est facile d'organiser une collecte, ce qui est plus difficile c'est de faire une collecte qui répond à des besoins réels», nous explique Alain Gaudray.

Pour ce faire, celui-ci a pris contact avec une responsable des achats de l'hôpital de Krosno, qui connaît mieux que quiconque les besoins spécifiques des réfugiés, via une anésthésiste polonaise de sa connaissance.

«Une collecte ciblée qui a tout de même été retriée et reconditionnée. Le but, c'est de coller au plus près de la demande et des besoins reconnus par les centres hospitaliers à la frontière avec l'Ukraine. Et, quand on avait un doute sur un produit, on envoyait une photo pour vérifier si cela était utile ou pas», ajoute le maire.

Alors pourquoi ne pas s'être contenter d'envoyer tout le matériel?

«Nous nous sommes dit le seul moyen de s'assurer que les produits aillent réellement aux populations dans le besoin, c'était d'assurer nous-mêmes le cheminement. C'est pour cette raison qu'il nous fallait un moyen de transport adéquat», précise-t-il.

Alain Gaudray a  contacté le groupe Girardot qui a immédiatement adhéré au projet et mis à disposition un autocar avec quatre chauffeurs de la société sur la base du volontariat.

«On voulait également que le convoi soit sécurisé, il fallait donc quatre chauffeurs pour respecter les temps de conduite et de roulage.Le plan de déplacement était connu des services de l'État et le convoi devait être assuré», détaille le maire.

C'est là que Pascal Chapelon, le président d'AGÉA, entrait en jeu (en photo avec Philippe Girardot).

La collecte s'est faite en premier lieu sur la commune de Fragnes-La Loyère; d'autres collectes se sont greffées au projet comme celles de ADMR 71, d'un club service de Branges et celle de la pharmacie Dumaine aux des Aubépins.

Le trajet a été effectué en trois jours et demi aller-retour, soit à peu près 4000 kilomètres avec 1800 kilomètres pour atteindre Krosno avant de rejoindre Przemyśl, ville à la frontière avec l'Ukraine et sur la route de Lviv.

«Nous sommes restés sur place une nuit et une journée», précise ce dernier.

Après avoir livré le matériel dont les deux tiers iront à Kiev et à Kharkiv et le reste confié à l'hôpital de Krosno, l'objectit était de trouver des Ukrainiens qui voulaient venir en France.

Alain s'est rendu dans un camp de réfugiés au point de passage de Medyka. En bon logisticien de transports, la règle c'est pas de transport à vide, donc l'idée c'est de ramener des Ukrainiens était doublement évidente.

Contrairement à ce qu'on peut penser, ce ne fut pas évident de rencontrer des réfugiés avec tous les contrôles.

«J'avais un badge délivré par les autorités polonaises qui me donnait partiellement accès au camp. Je ne pouvais pas aller partout, il y avait un niveau parking accueil, et deux autres niveaux  réservés aux seules familles. Le camp était en réalité une grande surface réquisitionnée pour accueillir les réfugiés», confie celui qui est également vice-président du Grand Chalon en charge de la santé.

Au final, nos deux élus ont ramené 30 réfugiés Ukrainiens.

Le convoi est reparti de Przemyśl ce dimanche 27 mars, sous le coup des 19 heures, pour rouler quasiment d'une seule traite. Les deux chauffeurs ont été remplacés à Prague, ce qui a permis à l'autocar de rouler pendant 24 heures.

24 réfugiés ont été déposés à Stuttgart, en Allemagne.

«Nous sommes rentrés éprouvés mais nous avons pu voir de nos yeux ce qu'était un véritable exode, avec des gens qui emmènent le strict mininum mais j'ai aussi vu un peuple déterminé, très digne et stoïque. Les femmes acceptent que les hommes se battent pour leur patrie et le fait d'être séparées de leurs maris n'est qu'un moindre sacrifice. C'est impressionant», témoigne le maire de Fragnes-La Loyère.

Mais pour Alain Gaudray, la mission n'est pas terminée tant que les réfugiés n'ont pas obtenu le droit de se déplacer librement sur le territoire et que leur statut de réfugié ne soit pas officialisé.

* Tous les hommes entre 18 et 60 ans sont interdits de quitter le pays,  le président Volodymyr Zelensky ayant décrété la mobilisation générale afin de lutter contre l'invasion russe.

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati