Chalon sur Saône

Marie-Anne Chazel sera Chalonnaise le 27 novembre par amour inconditionnel de la scène

 Marie-Anne Chazel sera Chalonnaise le 27 novembre par amour inconditionnel de la scène

Embarquée de son plein gré dans une histoire saisissante pour ne pas dire de fous avec un développement a minima singulier, Marie-Anne Chazel sera confrontée le dimanche 27 novembre à 17h30 à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône à un embrouillamini frappé au coin du bon sens égayant. Pauvre d’elle ! Interview pour info-chalon.com

La dernière fois qu’elle a brûlé les planches dans la cité de Niépce, c’était le vendredi 13 janvier 2017, au Parc des expos. Elle faisait alors alliance lors de la pièce « Représailles » avec Michel Sardou, dans le cadre déjà des Théâtrales dont le père spirituel est Pascal Legros. Elle se rappellera au bon souvenir de celles et ceux qui en pincent toujours pour « Les bronzés », « Le père Noël est une ordure », « Les Visiteurs », etc…films pas vraiment laissés au vestiaire dans l’inconscient collectif. Ou bien qui ont une pensée émue pour l’équipière jadis de la troupe du Splendid forte d’une couvée sculptée par ses frères et sa sœur d’armes Michel Blanc, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Christian Clavier, Josiane Balasko. Fin novembre elle ne sera par conséquent ni « Gigi », et pas davantage « Zézette », mais Marie, pour le compte de la comédie acclimatée aux mœurs de notre temps « La famille et le potager ». Un méli-mélo qui dépassera l’entendement…

Quelle est la façon dont vous interprétez votre personnage ?

«Je joue le rôle de Marie, qui est une très grande bourgeoise, très fortunée, très dépressive.  Elle est un petit peu portée sur la bouteille, puisqu’elle aime énormément l’alcool. Son mari est joué par Régis (Laspalès), un peintre méconnu et raté, car il n’a jamais vendu une toile. Malheureusement pour eux ils ont un fils qui s’appelle Tom, et qui est une catastrophe absolue. C’est un gentil garçon, mais totalement incapable. Il vit dans une espèce de bulle, dans un monde qui ne connaît pas trop la réalité. A la suite d’une énorme bêtise que va faire leur fils, ils vont être confrontés à la réalité, et faire prendre des décisions pour le soutenir et l’aider, et ça va les emmener dans des situations dramatiques, catastrophiques, mais qui sont traitées avec énormément d’humour, de folie et de délire. C’est une pièce qui est très drôle. »

Une intrigue qui prend du sens…

« Elle repose sur cette famille, avec ce père, cette mère et ce fils, qui ont des rapports assez compliqués, mais en même temps pleins d’amour. Comme ce fils Tom commet cette bêtise, ses parents vont le suivre et essayer de l’aider à leur manière, c’est-à-dire d’une manière très, très, très maladroite, et ça va les entraîner vers des comportements absolument ahurissants. C’est en fait une manière de tester ce que l’on peut réaliser pour ses enfants, jusqu’où l’amour des parents peut aller pour les soutenir, les protéger, et en même temps ça peut avoir des effets opposés désastreux. Ce qui est le cas pour ce pauvre Tom. »

Comment se passe la cohabitation toute neuve avec Régis Laspalès ?

«Très bien, puisque l’on avait quand même eu le temps de se découvrir auparavant, car la pièce a été créée à Paris au Théâtre des Variétés pendant l’automne 2021. C’est un très, très bon partenaire, vraiment c’est très agréable de jouer avec lui. Régis est d’abord très drôle, c’est un très bel acteur, il a le sens de la comédie, est très respectueux. C’est un vrai plaisir, on se régale et on rit beaucoup, il a beaucoup d’idées et d’inventions, ça se déroule vraiment très chouettement. »

Dans quel état est le public ?

« Particulièrement en province il est peut-être plus heureux de voir que l’on se déplace pour lui. Il accueille très, très bien la pièce, il comprend tout de suite le sujet, le ton, car c’est un ton déjanté. C’est une folie, c’est à la fois drôle, mais c’est réaliste et ça déconne, et les gens rentrent dedans, rient beaucoup. On a vraiment de merveilleuses représentations, on se régale car l’accueil est excellent. Je crois qu’en cette période de grand, grand stress généralisé, ça fait énormément de bien. »

Le théâtre est-il le nec plus ultra en matière artistique ?

«Je ne dirais pas le nec plus ultra, parce que ça serait péjoratif pour les autres moyens d’expression, mais c’est vrai que j’aime particulièrement me retrouver sur une scène de théâtre. J’ai un vrai plaisir à me retrouver face à une salle, avec des gens qui se sont déplacés pour nous voir. On les entend réagir, j’apprécie beaucoup cette prise de risque qu’il y a tous les soirs à se lancer comme ça sans savoir ce qui va se passer, comment on va être, comment va être le public…Il y a une dimension comme ça de risque qui me plaît beaucoup, de liberté aussi, car une fois que c’est parti le train avance, ça se déroule, on ne peut pas revenir en arrière, on ne peut pas recommencer, pas arrêter…J’ai découvert ça avec le café-théâtre, j’ai toujours fait, et je n’ai jamais quitté la scène parce que j’y trouve à la fois des émotions, des plaisirs, et puis l’on y travaille très en profondeur. Vous avez le temps de travailler un personnage, de trouver des choses, les répétitions vous permettent d’améliorer, comme le public d’ailleurs, donc c’est un style de travail que j’aime énormément. Je ne vous cache pas que c’est fatigant le théâtre, difficile physiquement, contraignant, vous êtes dans une obligation d’une forme de discipline, vous êtes là tous les soirs en forme, même si vous avez des soucis ou que vous êtes malade. C’est à la fois un exercice très structurant, et nous avons beaucoup de liberté. Ce sont deux choses contradictoires mais qui s’allient, et ça me convient très bien.»

Se donner de la peine pour faire rire, le plus beau métier du monde ?

«Ah oui, absolument, sans réserve ! Je pense que pour parvenir à communiquer ça il faut que je trouve ça drôle.  Si ça ne m’amuse pas, je dirais que je suis la première spectatrice de ce que je joue, et de ce que font les acteurs qui jouent avec moi, je crois que ça se propage au public, ça le contamine. Le plaisir que l’on a de découvrir ces textes drôles, ces dialogues brillants, incisifs, percutants, c’est communicatif, et c’est réellement le plus beau métier du monde. J’ai beaucoup de plaisir à le faire, c’est déjà une démarche  importante bien que plus égoïste, mais vous savez que vous partagez ça avec les gens qui sont là, c’est très agréable, ça leur fait du bien également. »

Que vous inspire votre trajectoire depuis la troupe du Splendid ?

« Ca m’inspire que j’ai eu beaucoup de chance de rencontrer ces très jeunes garçons quand j’étais ado, de pouvoir faire ce chemin avec eux, et d’avoir dans la vie rencontré des gens avec qui j’ai fait des choses que j’aimais faire. Bon, j’ai beaucoup bossé aussi, c’est un métier qui demande beaucoup de travail, il y a des hauts et des bas, il faut garder une forme d’humilité et avoir les pieds sur terre. Rien n’est acquis, les choses passent, les générations, on tient la durée, ce qui est très, très rare, d’avoir des films et des pièces, qui passent le temps. Et ça c’est un grand honneur de la vie, une grande chance de la vie. »

Vous tirez-vous la bourre, amicalement parlant, avec vos complices au long cours ?

« Oui, parce que quand on se retrouve, on a toujours 15 ans et demi d’âge mental ! On revient aux sources, aux origines. On ne se voit pas souvent non plus, mais quand c’est le cas, il y a une espèce de connivence et de communication qui repart comme si on s’était quittés la veille. Elle est toujours là, et c’est vraiment très plaisant. Personne n’en impose à personne, on est tous à avoir des références communes dans du passé. Vous savez, ces souvenirs que l’on a qui nous forment et dont on peut se souvenir tous ensemble. »

Qu’aimez-vous le plus jouer ?

«Il y a des choses qui m’ont plus ou moins marquée, par leur travail, leur difficulté ou leur réussite, il y a des points comme ça que l’on retrouve. Quand j’allais jouer au théâtre «La dame de chez Maxim », un magnifique Feydeau, au Marigny, qui est un très beau théâtre, j’en ai un très grand souvenir, avec vingt-sept acteurs, des décors, des costumes, c’est un spectacle d’une très grande ampleur. Il y a d’autres pièces plus intimistes, plus profondes… quand j’ai pu réaliser un film, je l’ai fait une fois, je n’ai pas trop continué après, mais c’était une expérience que j’ai trouvée passionnante. Là c’est un travail totalement différent d’arriver à gérer et à faire sortir un film avec l’appui et le travail de toute une équipe de techniciens autour et d’acteurs, c’est passionnant. Non, il y a plein de choses que j’ai faites dans ma carrière qui m’ont laissé de bons souvenirs, mais je n’ai pas du tout de regrets. Je ne me dis pas que j’aurais ou que je n’aurais pas dû faire ça, j’assume même les choses qui ont été plus ou moins bonnes. A chaque fois que j’ai eu le choix de quelque chose, j’y croyais. Je me suis toujours dit : tiens, on va essayer ça, c’est peut-être bien, ça me plaît, on va voir. Et puis après ça donne des résultats, pas forcément ceux que vous attendez, mais le fait de le faire, déjà, ça m’a beaucoup intéressée et portée. »

Est-on aussi efficace lorsqu’il n’y a pas spécialement d’affinités avec ses partenaires ?

« Je pense qu’il y a quand même un petit quelque chose en plus que le public sent, là je parle du théâtre, quand il y a une homogénéité dans la troupe et dans l’échange avec le partenaire. C’est sûr qu’il y a la petite étincelle en plus qui fait qu’inconsciemment le public le sent. Mais normalement, si vous êtes un bon acteur, ça ne doit pas se voir. C’est à vous de faire en sorte que le public ne s’en rende pas du tout compte. Ca arrive bien sûr que des gens ne soient pas du tout sur la même façon de jouer, sur le même rythme, la même concentration. Ca rend le travail beaucoup moins plaisant et agréable, car si vous vous retrouvez tous les jours avec quelqu’un que vous ne pouvez pas blairer, ce n’est pas rigolo ! »

Qu’aimeriez-vous ajouter à votre très dense carrière ?

«Oh, il y a plein de choses encore, comme des pièces du répertoire classique que je n’ai pas jouées et qui me plairaient de jouer, continuer de travailler comme ça. Travailler maintenant avec les jeunes générations ça me plaît beaucoup, là je tourne un peu pour le cinéma avec des gens jeunes, j’ai rencontré des acteurs d’une autre génération, et je trouve que c’est un bol de fraîcheur et de joie de pouvoir être avec des gens qui sont l’avenir, les films et les pièces de demain. Voir comment ils pensent, travaillent, ça m’arrive, et c’est déjà une grande satisfaction. » 

 

Renseignements/réservations 

Prix des places :

39,00 euros en catégorie 3, 49,00 euros en catégorie 2, 59,00 euros en catégorie 1, 69,00 euros en carré or

www.les-theatrales.com, A Chalon Spectacles (03 85 46 65 89, www.achalon.com)  

 

 Crédit photo : Stéphane Parphot                                               Propos recueillis par Michel Poiriault

                                                                                                           [email protected]