Edito

RETRAITES - La vraie question de fond n'est toujours pas résolue...

RETRAITES - La vraie question de fond n'est toujours pas résolue...

C'est l'édito du jour d'info-chalon.com

Comment donner l'impression de résoudre un problème sans finalement le résoudre, et rajouter toujours plus de difficultés aux moins bien lotis ? Il suffit juste de regarder ce qu'il s'est joué ce lundi avec la présentation de la réforme des retraites par Elisabeth Borne. Entendons-bien, il n'est pas question de notre côté, de nier la nécessité d'une réforme mais au final la vraie question n'est toujours pas résolue. 

La France affiche depuis de nombreuses années le triste record européen de taux d'emploi des seniors, à savoir les plus de 50 ans, le plus faible. Voilà une réalité qui vient mettre à mal toutes les ambitions gouvernementales. Comment rajouter de la difficulté à la difficulté ? C'est quasi fait même si la réforme n'a pas encore été votée par les représentants nationaux. 

Seuls 35,5 % des 60 à 64 ans étaient en emploi, fin 2021 ! Au troisième trimestre 2021, les 55-64 ans représentaient 16,8% de la population active, selon les données de la Direction générale du Trésor. Ça c'est factuel... Du coup, comment considérer qu'en reculant l'âge légal de la retraite, l'économie française va s'en sortir gagnante au regard de ce seul et unique chiffre ? Certains analystes proches des décideurs ont sans laissé entendre que les employeurs renonçaient à employer des seniors parce que trop proche de la retraite et que le report permettrait d'inverser la tendance. On préfère en rire... 

Autre statistique avérée, celle du retour à l'emploi après un licenciement, à l'approche des 60 ans. Une réalité qui là aussi vient contredire les volontés gouvernementales d'un maintien à l'emploi.  Le taux de chômage augmente au fur et à mesure que les seniors prennent de l’âge : de 5,2% chez les 50-54 ans, il passe à 6% chez les 55-60 ans, et à 6,9% pour les 60-64 ans. 

Autre sujet de fond, celui des des conditions de travail qui demeurent inadaptées face au vieillissement. Et on souhaite rallonger la durée ? Un vrai calvaire pour un grand nombre de salariés qui ne fera que accélerer le déperissement, et surtout affaiblir les montants des retraites. Nombre de salariés ne pourront continuer à plein temps ou tout simplement continuer, avec l'impact logique sur le montant à terme de leurs pensions. 

Enfin, l'argument de l'espérance de vie en bonne santé après 60 ans des salariés les plus pauvres est loin de correspondre à l'image d'Epinal que le gouvernement laisse entendre, et il avéré que les populations les plus défavorisées sont lourdement impactées sur leurs espérance de vie en bonne santé, sans maladie invalidante. 

Quand allons-nous poser sur la table les vrais sujets plutôt que sans cesse surfer sur l'écume ? 

Laurent Guillaumé