Opinion

Le coup de gueule d'un fidèle sur la manifestation interdite contre le projet d'une mégabassine à Sainte-Soline

Le coup de gueule d'un fidèle sur la manifestation interdite contre le projet d'une mégabassine à Sainte-Soline

Il ne s'agit plus d'être dans un débat pour savoir si les causes du réchauffement climatique qui a lieu sous nos yeux sont d'origine humaines ou extraterrestres. On a plus le temps pour ça.

Même le plus borné des climato-sceptiques va sentir les effets de la sécheresse cette année en France, les pénuries d'eau etc.

Les rapports du GIEC se succèdent et se rectifient de manière toujours plus inquiétantes.

Peu importe nos actions et décisions aujourd'hui, il faut s'attendre à une hausse de la température moyenne mondiale de 1,5°C avant 2040. Dans 17 ans. C'est demain. 

(Il y a 17 ans je faisais ma première manif contre le CPE,en 2006, ce qui me donne un ordre d'idée ).

Malgré ces alertes, malgré les scientifiques atterré-es devant leurs chiffres et l'inaction des gouvernements, force est de constater que les rapports du GIEC ne pèsent pas lourd dans les décisions.

Ces rapports ne font pas le poids face aux agences de cotation qui nous imposent une course effrénée à la croissance à coup de politiques d'austérité visant à nous faire travailler jusqu'à notre mort / détruire nos services publics pour les livrer aux mains du privé.

Ces rapports ne font pas le poids face aux géants de l'agro-industrie, de la pétrochimie qui s'accaparent l'eau et les richesses du sol au profit d'une minorité.

Quels sont nos moyens pour lutter contre leurs projets mortifères ?

De louables initiatives empruntant les voies légales et juridiques fleurissent partout dans le monde permettant parfois de remporter des victoires, au demeurant souvent fragiles.

Qu'en est il lorsque ces méthodes ne suffisent plus ?

L'exemple de Sainte Soline l'illustre bien. Après avoir épuisé tous les moyens légaux, les recours juridiques, les rassemblements... On a décidé de passer en force, conscient-es de notre nombre et de l'urgence de stopper leur chantier absurde.

Ce n'était pas la première fois que je me confrontais à la violence d'Etat mais je me suis surpris à me dire avant d'arriver devant la bassine que la raison l'emporterait.

Au vu du nombre que l'on était, ils n'allaient tout de même pas risquer des vies pour protéger un trou de terre. Que l'on forcerait le passage et qu'ils s'écarteraient après sans doute un petit affrontement.

Ils ont choisi le carnage et je m'en veux encore d'être aussi naïf. Je savais bien de quoi ils sont capables, on ne m'aura plus.

Sur la question de la violence, Julien Le Guet du collectif «Bassines non merci» a selon moi bien résumé la chose. Interrogé sur BFM, on lui a posé la traditionnelle question de savoir s'il condamnait «toutes les violences», càd celle de la police et la nôtre.

Il a répondu par ces mots : «Vous confondez, madame, la tyrannie et la résistance»

Alors si un camion de flic en feu crée plus d'indignation que nos camarades entre la vie et la mort, nos mutilé-es, c'est que nous ne sommes pas du même camp.

La peine et le choc que l'on éprouve à compter nos morts et nos blessé-es n'effaceront pas notre élan déterminé à nous opposer partout, tout le temps, par les grèves, les blocages, les sabotages et tous les moyens que nous jugerons collectivement nécessaires pour faire tomber leur vieux monde de merde.

 

Un militant