Saint-Rémy

A Saint-Rémy, un SDF voulait dormir au chaud... il brise la vitre, boit, mange...

A Saint-Rémy, un SDF voulait dormir au chaud... il brise la vitre, boit, mange...

C’était à Saint-Rémy, le 11 avril dernier. Le profiteur n’est jugé que ce jeudi 22 juin selon la procédure de comparution immédiate parce que le tribunal devait attendre que l’expertise psychiatrique soit rentrée. Elle est obligatoire car le prévenu est sous tutelle.

Le prévenu a 50 ans, est venu en Saône-et-Loire en 2019, et si Cyrielle Girard-Berthet dit qu’il n’était pas, contrairement aux apparences, en état de nécessité, c’est que ce monsieur a, fait peu banal, des moyens. 

Il a un excédent mensuel qui lui permettait de louer mais « change de projets » souvent et du coup ne loue pas. Son avocat évoquera son dernier projet : il est occupé, pendant sa détention provisoire, à jeter sur le papier les bases d’un nouveau parti politique. 

Nourriture et cannettes vides jonchent les tables

Le 11 avril dernier, c’est un voisin qui a appelé la police : un inconnu se tient dans la cour de la maison de monsieur X qui est parti pour quelques jours. La police arrête l’intrus. Il a 1,8 gramme d’alcool par litre de sang, la maison est en désordre : nourriture et cannettes vides jonchent les tables. L’homme est âgé de 50 ans. Entre deux hospitalisations au CHS, il loue des chambres d’hôtel, sauf ce jour-là où il a squatté en entrant par effraction chez un particulier. 

Il en avait « marre » de prendre son traitement

Mais enfin, pourquoi il ne loue pas un logement ? lui demande le président Marty. « Parce que je voulais rien faire, je voulais pas travailler. » Le juge lui rappelle qu’il a les moyens de louer, sans travailler. « J’ai fait 2 ou 3 recherches, mais…  - Deux ou trois recherches en trois-quatre ans » complète le président. Le prévenu : « J’avais pas envie, tout bêtement. » Il ne sait pas dire comment il s’est retrouvé « SDF », il pense qu’il n’avait pas le choix lorsqu’il a commis l’infraction, et il en avait « marre » de prendre son traitement, nous y voilà.

L’injection retard en prison : « Un produit dans le corps qui fait pas du bien »

L’expert psychiatre conclut à l’altération de son discernement au moment des faits. Dit que l’homme fut diagnostiqué « schizophrène » vers ses 16 ans, est en refus de soins et que les faits sont la conséquence de sa désinsertion sociale. En détention, on lui administre une injection retard (un antipsychotique), « et vous vous sentez comment ? » lui demande le président. Réponse : « Avec un produit dans le corps qui fait pas du bien. Il me faut pas une injection, il me faut des médicaments 3 fois par jour. »

« L’injection retard, c’est un problème »

Louer une chambre d’hôtel en attendant d’avoir un appartement ? « S’il prend son traitement, ça peut être une solution » dit la curatrice du prévenu. Tout est dans le « si », le tribunal vient d’y passer un moment, sur les conditions de ce « si ». Sa curatrice témoigne : « L’injection retard, c’est un problème. Ça génère tellement d’effets secondaires que nos protégés, souvent, veulent arrêter. » 

Peine mixte requise

Au casier judiciaire, 13 mentions dont 11 sont réhabilitées de plein droit. Les deux dernières, en 2015 et 2017 : pour des vols dont l’un avec effraction de domicile. Cyrielle Girard-Berthet requiert une peine mixte de 12 mois dont 6 mois seraient assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans (obligations de soins et d’indemniser la victime), les 6 mois ferme restent aménageables.

« Du lien social, des interactions moins hors-sols » et des soins

« Quand il ne prend pas son traitement, il n’est plus capable d’entendre des propos raisonnables, plaide maître Marceau. Il n’a pas vraiment l’intention de nuire. Sa désociabilisation le met dans un état de désarroi. » L’avocat rappelle que hors soins pas de salut, qu’un suivi SPIP antérieur avait « bien fonctionné », et il conclut sur une prescription: il faut à ce monsieur « du lien social, des interactions moins hors-sols », « et ça ira mieux ».

Un suivi renforcé pendant 2 ans

Le tribunal déclare le prévenu coupable, le condamne à la peine de 8 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire renforcé pendant 2 ans. Il devra suivre des soins en psychiatrie et en addictologie, et intégrer le dispositif AIR piloté par l’AEM. C’est là le sens de « renforcé », un suivi plus complet, plus soutenu, contraignant et soutenant sur tous les versants de la vie sociale et des soins qui lui sont nécessaires.

Le prévenu semble soulagé, content de sortir de prison. Le président insiste sur les conditions du suivi et les 8 mois de prison en cas de manquements : il lui faudra une adresse postale et un téléphone. Sa curatrice va avoir du travail, elle aussi. 

FSA