Politique

JO, inflation, 49.3, Chalon... Le député Louis Margueritte a répondu à info-chalon.com

JO, inflation, 49.3, Chalon... Le député Louis Margueritte a répondu à info-chalon.com

Vous êtes connoté « Monsieur Economie » de par votre parcours à Bercy. Que répondez-vous aux inquiétudes des entreprises mais aussi et surtout des salariés face à l’inflation ?

Si l’économie française résiste mieux que de nombreux pays d’Europe, Il faut noter que la situation est hétérogène. Certains secteurs de l’économie se portent bien, d’autres moins bien voire mal. C’est également vrai pour les ménages.

De plus, la croissance française résiste alors que certaines prévisions étaient pessimistes ; elle devrait s’établir à 1% en 2023 et 1,4% en 2024 puis autour de 1,8% jusqu’à 2027.

Des inquiétudes subsistent concernant les entreprises. Certaines connaissent une situation difficile en raison de leur dépendance à l’énergie ou de leur appartenance à un secteur plus exposé à la concurrence internationale. Au plus fort de la crise, le gouvernement a mis en place en 2022 un bouclier permettant d’éviter un doublement des factures d’énergie. Nous continuons de suivre la situation de près, je pense notamment aux boulangers que j’ai à nouveau rencontrés cette semaine. Je fais remonter très régulièrement à Bercy des cas individuels qui me sont transmis, pour trouver des solutions adaptées. Ce qui est certain, c’est que nous ne laisserons personne au bord de la route.

S’agissant des ménages, notre attention doit se porter sur les ménages les plus modestes qui subissent de plein fouet la hausse des prix des produits alimentaires et du carburant. C’est tout l’esprit du dispositif d’aide de 100 euros qui aidera les 5 millions de ménages les plus modestes à faire face à leurs dépenses de carburant. La première réponse à la pauvreté c’est l’emploi. Rappelons que la pauvreté se concentre principalement sur les personnes éloignées de l’emploi. 40% des sans-emplois vivent sous le seuil de pauvreté contre 7 % de ceux disposant d’un emploi. La priorité est d’activer tous les leviers pour réaliser ce double objectif : atteindre le plein emploi et faire reculer la pauvreté. Notre taux de chômage à 7% est un très bon résultat (il est autour de 6% sur notre bassin chalonnais) mais nous pouvons faire encore beaucoup mieux. Je rappelle aussi les chiffres de la création d’emploi (+2millions depuis 2017) et en particulier les emplois dans l’industrie, qui sont très encourageants.

Puis il faut activer les leviers de l’augmentation salariale. Notre SMIC a augmenté de 11% depuis le début 2022. Il est d’ailleurs structurellement construit pour augmenter un peu plus vite que l’inflation. Puis l’augmentation des salaires, qui a plutôt bien fonctionné en France même s’il existe des secteurs où cela reste très difficile voire inexistant. Reste le problème majeur des bas salaires : quand vous êtes autour du SMIC, vous avez de grandes chances d’y rester assez longtemps. Ce sera l’objet de la conférence sociale qui aura lieu début octobre pour travailler avec toutes les branches dont les salaires minimums sont inférieurs au SMIC.

Nous souhaitons donner aux entreprises toutes les marges de manœuvre nécessaires pour augmenter les salaires : beaucoup l’ont déjà fait. Le projet de loi sur le partage de la valeur dont j’ai été rapporteur oblige les entreprises de 11 à 49 salariés qui réalisent au moins 1% de bénéfice sur trois années consécutives à mettre en place un dispositif de partage de la valeur dans l’entreprise.

Je précise en effet que nous tenons résolument la promesse de ne pas augmenter les impôts, des ménages comme des entreprises et qu’au contraire nous les avons baissés et continuerons à le faire (impôts sur les sociétés, taxe d’habitation, contribution à l’audiovisuel public, etc.).

Le gouvernement a fait le choix d’instaurer une forme de récession pour casser l’inflation, notamment du côté des banques. Quelle est votre position sur l’ambiance tendue sur le marché de l’immobilier ?

Il ne s’agit pas d’une forme de récession : la Banque centrale européenne a relevé progressivement son taux directeur au cours des derniers mois. Ce taux est celui auquel les banques qui prêtent se refinancent. Cela fait monter les taux d’intérêt pour les entreprises et dans le secteur immobilier.

Certains ménages, du fait de la hausse des taux d’intérêts, ne sont plus solvables pour contracter un emprunt. J’ai alerté le ministre Bruno Le Maire sur cette difficulté. Il s’est engagé à travailler sur la question de l’assouplissement des critères d’octroi des prêts immobiliers. C’est en résolvant le problème du financement que nous pourrons réamorcer la question de la demande et de l’offre afin de répondre au besoin de construction.  L’objectif à terme est de réunir les conditions pour que des personnes résidant dans le parc social puissent acheter dans le privé. Par ailleurs, nous avons lancé une réflexion sur la mise en place de prêts bonifiés, c’est-à-dire des prêts à moindre taux d’intérêt donc soutenu par la puissance publique, pour de nouveau rendre le crédit accessible. La clé, c’est donc le financement.

Nous devons nous donner de la souplesse en ce qui concerne la question des passoires énergétiques. Si les interdire à la location est une idée louable, la pénurie actuelle de logement nécessite d’adapter le calendrier.

Pas de nouveaux impôts et pourtant, la fiscalité indirecte malmène le portefeuille des Français. A quand une TVA abaissée au minimum sur les produits de première nécessité dont le carburant et l’énergie ?

Je veux être très clair sur ce sujet, c’est mentir aux français que de leur faire croire qu’ils regagneront du pouvoir d’achat grâce à la baisse de la TVA. Ce n’est pas vrai et cela n’arrivera pas.

Le baisser serait une mesure à la fois coûteuse et inefficace. L’exemple du secteur de la restauration en 2010 le rappelle : une telle mesure avait coûté 4 milliards d’euros pour un résultat peu significatif. Nous préférons soutenir les ménages les plus modestes de manière ciblée plutôt que de mettre en place une baisse de la TVA coûteuse pour nos finances publiques et qui profiteraient aux plus aisés qui n’en n’ont pas besoin. Enfin, baisser la TVA stimule l’inflation. Une telle mesure a contribué par exemple à ce que celle-ci atteigne 30% en Hongrie.

La défiance des Français vis-à-vis de la classe politique atteint des sommets. Comment inverser cette situation ?

Le lamentable spectacle que l’on observe parfois à l’Assemblée nationale a un nom : ce sont certains députés de la France insoumise et pas la majorité qui se bat pour justement avoir des réponses concrètes et des résultats. C’est ce spectacle qui donne une piètre image de l’action publique.

Mais il est vrai que nous avons une difficulté dans l’image que les responsable politiques renvoient. Ils sont parfois perçus comme étant hors-sol et en dehors des réalités que vivent les Français. C’est en continuant d’obtenir des résultats concrets et en étant présent sur le terrain que nous pourrons recoudre ce lien. Je pense notamment à la question des fermetures de classes, aux déserts médicaux, ou à la prise en charge des maladies chroniques. Dans notre circonscription, nous sommes particulièrement mobilisés avec ma suppléante Marie-Claude Jarrot pour la construction d’un nouvel hôpital à Montceau-les-Mines.

Si je me suis présenté aux élections législatives en 2022, c’est parce que j’ai l’action publique chevillée au corps. Mon obsession est d’être utile, à tous les habitants de ma circonscription et de mon département, car c’est à eux et eux-seuls que je dois rendre des comptes. Je suis convaincu que nous pouvons réconcilier les dirigeants politiques et ceux qu’ils doivent servir. Je suis persuadé que nous pouvons, car nous leur devons, améliorer les conditions de vie de nos concitoyens. Je m’y emploie de toutes mes forces à la place qui est la mienne. « Là où il y a une volonté, il y a un chemin » dit un célèbre adage ; la politique pour moi c’est cela : je réfute toute fatalité. Toujours écouter, toujours s’engager et toujours avancer.

Après deux années de Gilets Jaunes, deux années de crise sanitaire, la réforme des retraites, l’énergie, les Français dans leur grande majorité aspirent à un apaisement social. Pourtant on a l’impression que la classe politique joue aux pompiers pyromanes. Votre sentiment ?

Quand je m’investis sur des sujets nationaux comme le partage de la valeur ou locaux comme l’hôpital de Montceau-les-Mines, je n’ai pas l’impression de jouer aux pompiers pyromanes mais au contraire d’apporter mes compétences et mon énergie au service du territoire et de la France.

Le principal est d’être au plus proche des préoccupations des Français, à leur écoute et d’agir.

Durant la réforme des retraites, c’est dans un esprit de dialogue que j’ai tenu à réunir l’intersyndicale en février et en mai dernier. Si nos positions ne pouvaient se rejoindre, débattre était capital.

Mon sentiment c’est quand on s’engage et qu’on fait du mieux possible pour ceux qui nous ont confié les responsabilités de l’avenir du pays, alors on réconcilie les Français à ceux qui sont chargés, temporairement de donner les orientations. Je le fais sans esprit partisan, avec mon énergie comme moteur et l’écoute comme guide pour donner le meilleur de moi-même.

Plus localement, il semblerait que le maire de Chalon vous ostracise dans des événements locaux ? Peut-on parler de rupture républicaine ?

Depuis que j’ai été élu, j’ai eu à cœur de travailler en lien étroit avec les 56 maires et les 3 présidents d’intercommunalité de notre circonscription. C’est une nécessité pour être au plus près de nos communes.

Réunions avec les maires, rendez-vous en bilatéral : ce lien constant avec les élus de notre territoire est extrêmement précieux. Je me rends autant que possible à tous les évènements auxquels je suis invité et dans les évènements grand public où ma présence est utile et pertinente. Ma porte est ouverte et mon téléphone portable allumé pour échanger avec tous les maires, et en particulier avec le maire de Chalon.

A désormais 10 mois des Jeux olympiques, sur le terrain, l’impression est qu’il ne se passe rien ou pas grand-chose. Comment expliquez aux parents que leurs enfants ne peuvent pratiquer une activité sportive faute de structures ?

Si c’est une impression, c’est la preuve qu’il faut aller encore plus loin. Je vois deux sujets : d’une part la mise en valeur de cet évènement mondial où la France va accueillir le monde. Il y a déjà de nombreuses manifestations prévues ici et là, je pense à l’initiative « Terre de jeux 2024 » portée par le Grand Chalon qui a été une véritable réussite. Mais il faut sans doute aller plus loin et décliner.

D’autre part, la question de la pratique sportive. Malgré les difficultés, elle reste très vivante dans nos territoires et nos départements, et je peux le comparer à d’autres collègues parlementaires élus ailleurs en France. Grâce à la mobilisation de nombreux professionnels et bénévoles que je remercie sincèrement parce qu’ils ne comptent pas leurs heures, l’offre sportive reste accessible. Vous mentionnez la question des infrastructures qui est capitale. Je partage l’idée qu’on ne peut pas limiter la pratique sportive parce que nous n’aurions pas d’infrastructures à la hauteur.

Améliorer la situation des équipements sportifs en Saône-et Loire est nécessaire pour permettre un accès pour tous à la pratique sportive.

Le Gouvernement et la majorité parlementaire portent un plan national « 5 000 terrains de sport » qui a pour objectif de permettre le développement de 5000 équipements de proximité. Cela représente 200 millions d'euros d'investissements pour 2022-2023. 2100 équipements ont déjà été financés.

En Saône-et-Loire, 30 équipements sportifs ont été développés en 2022 et 2023. Cet accompagnement est essentiel puisque la Saône-et-Loire a été désignée « Terres de jeux 2024 » et accueillera plusieurs manifestations sportives dans le cadre des jeux olympiques et paralympiques de 2024 et, notamment à Chalon la natation et le basket et à Montceau la gymnastique.

Le gouvernement va présenter son plan de lutte contre la pauvreté. Un énième et pourtant la situation se détériore. Plus de 4 millions de Français sont en situation de précarité de logement. La France est à l’une des plus mauvaises places en Europe en termes de pauvreté monétaire. Malgré toutes les déclarations sur le pouvoir d’achat, le terrain révèle au grand jour la situation.

Vous avez raison. La lutte contre la pauvreté et plus généralement la lutte pour préserver le plus possible le pouvoir d’achat est et doit être au cœur de toutes les mesures prises par le Gouvernement et la majorité.

La pauvreté touche aujourd'hui 14% de la population, 31% des familles monoparentales, dont 90% de femmes. A l’échelle européenne, la pauvreté touche 17 % de la population.

Le plan pauvreté présenté le 18 septembre dernier par la Ministre Aurore Bergé est ambitieux. Il représente un investissement de 20 milliards d’euros sur 5 ans.

Ces fonds permettront notamment de développer un véritable service public de la petite enfance dans un contexte où 80 000 enfants sont mal logés et 40 000 sont déscolarisés.

Dans le cadre du plan pauvreté, 6 milliards d’euros seront débloqués pour permettre aux familles de disposer d’une solution de garde pour leur enfant.

Sur le 49-3

Je vais être clair : quand on peut éviter d’utiliser l’outil, on fait autrement. Je suis le premier et nous sommes beaucoup à dire qu’il faut toujours privilégier le vote et la recherche du consensus. D’ailleurs, nombreux sont les textes où nous avons su dégager une majorité soit par adhésion, soit par non-objection : le texte nucléaire avec le LR, le texte sur le partage de la valeur avec le PS et les LR.

Maintenant il faut aussi que nous puissions avancer. Le budget de la nation est important dans la vie de tous les jours et de tous les français : les salaires des fonctionnaires et de nos agents publics, nos coûts de fonctionnement courant, nos investissements pour préparer l’avenir. Ne pas disposer de budget rendrait le fonctionnement de nos services publics beaucoup plus compliqué. En l’état je ne vois aucune opposition constructive, aucune piste concrète d’amélioration du texte malgré les tentatives de la majorité de discuter.

Nous avons face à nous ceux qui nous disent que nous préparons une cure d’austérité (ce que je réfute totalement quand on voit notre niveau de dépenses publiques même après nos mesures) et d’autres qui nous disent que nous sommes totalement laxistes sans jamais préciser où, quand et avec quel quantum nous devons faire porter les efforts d’économie. Nos oppositions sur ce sujet disent tout et son contraire.

S’agissant de la loi de programmation des finances publiques, son adoption était une condition de décaissement de plan de relance européen. Un enjeu à 18 Md€ pour la France, donc des dizaines voire des centaines de millions d’euros pour notre département. Ce sont des infrastructures de transport, des rénovations de bâtiments, des infrastructures énergétiques qui sont en jeu. C’est pour cette raison que le Gouvernement a eu raison, dans ce cas précis, d’utiliser cet outil constitutionnel. Je rappelle qu’il trouve son équilibre dans une motion de censure que les oppositions peuvent déposer pour censurer le Gouvernement. Il est normal que ce contre-pouvoir existe. Et tant qu’une motion est repoussée, c’est la preuve qu’il n’y a pas solution alternative.