Côte chalonnnaise

La démonstration de force de Bernard Bruel à Buxy

La démonstration de force de Bernard Bruel à Buxy

« Veni, vidi, vici. Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu. » Bernard Bruel aurait pu paraphraser la formulation de Jules César au terme de son récital ce dimanche 4 février à Buxy, où il a largement payé de sa personne.

Des vieilles gloires toujours vivantes, même si le trépas a fait son œuvre…

Déjà à cajoler le micro rassembleur il y a une décennie en la salle des fêtes du cru dans les mêmes circonstances, l’artiste d’origine montcellienne est donc revenu la fleur au fusil pour captiver un auditoire qui n’avait, bien entendu,  d’yeux, et d’oreilles, que pour lui. Même pas besoin d’essayer de convaincre, la cause était entendue d’avance ! D’entrée de jeu le héros du jour aura délicatement convié les uns et les autres à se plonger avec délectation dans des instants mémoriels immodérés. On vous parle là « d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ». Ca a été une belle aubaine que de réentendre dans les travées ceux qui ont, pour une grande part, bercé leur jeunesse, cet ex-gratin spécifique. « Que reste-t-il de nos amours » (Charles Trénet), « La montagne » (Jean Ferrat), « C’est en septembre » (Gilbert Bécaud), « Les amoureux des bancs publics » (Brassens), « Le Poinçonneur des Lilas » (Serge Gainsbourg ? « La Bicyclette » (Yves Montand), ainsi que Serge Reggiani, Léo Ferré, Charles Aznavour. Que du beau linge, et la résurrection d’un charme suranné.

Il a sonné la charge à l’aide de pépites inaltérables

Après l’entracte consacré au déliement de la langue, qui avec un rafraîchissement de bonne facture, qui avec une délicieuse pâtisserie faite maison, vint le moment que tout un chacun attendait : « Bruel chante Brel ». L’âme du Grand Jacques a consenti en toute complicité à se téléporter jusqu’à ce coin de Bourgogne, conscient qu’elle avait bien davantage à gagner qu’à perdre. Habité par le grandiose personnage sans pour autant sacrifier à l’effet caméléon, Bernard Bruel, cependant habité par son personnage de bout en bout, a offert sur un plateau une prestation de choix sans fioritures ni chichis, jouant somme toute sur du velours. Seule a eu voix au chapitre la restitution de la substantifique moelle de chansons intemporelles. Parmi les quatre cents auxquelles a donné naissance celui qui est parti bien trop tôt, Bernard, doué d'une expressivité concordante, a réjoui son public avec ces titres qui sont des modèles du genre : «La Chanson de Jacky », « La Chanson des vieux amants », « Vesoul », « Le plat pays », « Bruxelles », « Mathilde », « La Quête », « La valse à mille temps », « Ne me quitte pas », « Amsterdam », « Quand on n’a que l’amour », etc. Mais quelle griserie pour tous les adeptes de chansons à texte et d’émotions entremêlant l’amour, la vraie vie, la nostalgie, l’indicible douleur…

Le 13 octobre y’ aura bel et bien du monde au balcon !

Cette journée dominicale était estampillée « Journée mondiale contre le cancer ». Cellule organisatrice du spectacle buxynois, la très active délégation locale de lutte contre le cancer avec à sa tête Marie-Rose Desbrière (notre photo), laquelle fédère l’énergie d’une vingtaine de bénévoles, a élégamment décrit le contexte lors de ses propos liminaires : «Pour lui ce sera un plaisir de chanter, et pour nous, un régal ». A signaler que l’intégralité de la recette abondera les fonds du comité départemental de la Ligue contre le cancer (représenté à Buxy). Cette manne contribuera au financement de la recherche, à l’amélioration des soins, l’accompagnement des familles, au dépistage…Pas un luxe lorsque l’on apprend qu’un homme sur cinq et une femme sur six seront les proies du crabe, ou que l’OMS (Organisation mondiale de la santé) prophétise que le nombre de cas de cancer subira une hausse de 77% en 2050…Instructif, non ? Enfin, dans le cadre d’Octobre rose se déroulera le spectacle « Y’ a du monde au balcon », de, et avec Claudie, de la fameuse troupe des Totors. Toujours dans la salle des fêtes de Buxy, à 16h le dimanche 13 octobre prochain. Qu’on se le dise !

 

                                                                                                   Michel Poiriault

                                                                                                   [email protected]