Chalon sur Saône

« Mon voisin nu ». Soit. Et le vôtre ?

« Mon voisin nu ». Soit. Et le vôtre ?

Comédie de Patrice Leconte (le réalisateur bien connu) dont il assure la paternité de la mise en scène, « Mon voisin nu » a, ce vendredi soir 15 mars en la salle Marcel-Sembat de Chalon-sur-Saône, dénoué une intrigue minimaliste, car reposant sur la nudité voilée.

Qu’est-ce que ça a pu faire jaser de voir un homme nu comme un ver !

Deux camps s’opposent dans cette pièce au mystère entier dans la quasi-totalité den l’exercice, dont les forces sont disproportionnées. D’un côté un trio composé dans un appartement d’un journaliste ayant maille à partir avec sa concentration(Cyrille Eldin, par ailleurs animateur de télévision-chroniqueur), de sa bien-aimée (Pauline Lefèvre, elle aussi animatrice de télévision en d’autres circonstances), du meilleur ami du journaliste (l’humoriste Arnaud Tsamere, lorsqu’il n’est pas comédien).

De l’autre côté de la rue, l’illustre inconnu qui défraie la chronique en arpentant de long en large l’appartement situé en face en tenue d’Adam, vaquant à ses occupations, les rideaux ouverts, comme si de rien n’était. «La quarantaine, plutôt flasque et replet », selon la description du regardeur de plus en plus interloqué, qui se repaît de tranches de vie plutôt bizarroïdes. En tout cas pour ce qui a trait à son mode de vie au sein duquel l’attrait vestimentaire est aux abonnés absents.

Le mâle vit à longueur de temps dans sa bulle, ne se souciant absolument pas du regard, impossible à qualifier d’oblique, qui le poursuit. Ainsi va la vie ! Inévitablement le sujet central s’avère cet être monomaniaque et perturbateur par la force des choses, agissant dans le plus simple appareil. Les trois compères sont constamment confrontés à une idée fixe, un contexte obsessionnel, chacun tentant de justifier sa position comme il le peut, parfois en dépit du bon sens !

Histoire de pimenter les palabres, supporter la comparaison, d’entretenir le suspense, des aspérités  se sont fait jour. Le langage cru a débarqué, on n’ira pas jusqu’à dire sans crier gare ou comme un cheveu dans la soupe, dans cet environnement ô combien propice à l’échauffement des esprits ! En maintenant la pression par intermittence pour faire diversion (ou enfoncer le clou !)…

Quant au naturiste il aura sans relâche brillé par son absence, l’invisibilité lui conférant une aura plus grande. Jusqu’au jour où…Patrice Leconte a soulevé un lièvre de façon méritoire, encore fallait-il saisir la perche au vol jusqu’à la solution finale. Les comédiens, eux, ont tout fait pour que l’énigme aille jusqu’à son terme, avec le rire non contraint en toile de fond.

 

                                                                                             Michel Poiriault

                                                                                             [email protected]