Chalon sur Saône
« REVENEZ DEMAIN » !
Publié le 11 Janvier 2016 à 11h04

Un duo d’acteurs formidables venant tout autant du théâtre que du cinéma : Marianne Basler et Gilles Cohen, un très beau texte de théâtre, le 1er de Blandine Costaz, où se mêlent fantaisie, comique et poésie et qui est une vraie réflexion sociologique et politique sur notre rapport à l’autre, la pièce « Revenez Demain » réunit tous les ingrédients du succès. Info-Chalon.com a rencontré Laurent Fréchuret, metteur en scène de cette pièce jouée à l’Espace des Arts – Scène Nationale Chalon-sur-Saône du 12 au 15 janvier 2016 puis au Théâtre du Rond-Point, Paris du 27 janvier au 21 février 2016.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre rencontre avec Blandine Costaz autour de ce projet ? C’est Gilles Cohen, qui fait partie du Comité de lecture du Théâtre du Rond-Point, qui a découvert ce formidable texte de Blandine Costaz. Il a porté ce projet et a proposé le rôle de Lucie à Marianne Basler. On m’a ensuite demandé de mettre en scène la pièce. C’est très enrichissant de travailler avec Blandine Costaz, elle est extraordinaire et énigmatique et son texte d’une telle intensité. Aussi, impossible de parler de ce projet sans évoquer ses comédiens, j’ai découvert deux acteurs de haut niveau, des « athlètes du verbe », instinctifs et possédant une grande technique. Je veux aussi préciser que cette pièce est une production déléguée Espace des Arts – Scène Nationale Chalon-sur-Saône qui met à notre disposition une équipe très disponible et à l’écoute et tous les moyens de production nécessaires à la réussite de ce projet. Il y a, de la part de Philippe Buquet, une vraie volonté, un vrai désir d’aide à la création.
La pièce est un éternel entretien d’embauche où le « je » est pluriel. Vous écrivez : « Marianne Basler et Gilles Cohen incarnent corps et âmes, ce couple (ces couples) qui se cherche(nt) et s’invente(nt), au cœur d’une intranquille vitalité. Un jeu de rôle pour une quête de soi. », pouvez-vous nous en dire plus ? Ce texte est une partition complexe, Marianne Basler et Gilles Cohen forment un duo/duel dans l’amour et dans le travail. Blandine Costaz, l’auteure, arrive à explorer de manière chirurgicale les relations humaines en réinventant le couple et les rapports de force et de pouvoir. La pièce commence comme une vraie comédie américaine, un couple mi-travail, mi-intime se forme et l’entre-deux est très comique. Elle explose le 4ème mur et le débat s’installe avec le public. On retrouve dans les propos de Blandine Costaz une vraie authenticité et sa pièce est un éloge de la fuite joyeuse telle que l’entendait Henri Laborit.
Un metteur en scène qui dirige un autre metteur en scène (Gilles Cohen), est-ce difficile ? (Rires) Non. Car Gilles Cohen lorsqu’il est comédien, est comédien. C’est un comédien organique et intuitif. Il incarne dans la pièce deux personnages. Deux hommes pour une femme, c’est un duo mais c’est aussi un trio pour le pur et dangereux plaisir du jeu, l’un est l’autre, l’un est dans l’autre, double jeu, double je, trois en un, je est un autre.
La pièce met à l’affiche deux très bons comédiens : Marianne Basler (qui a joué dernièrement dans Yves Saint Laurent de Jalil Lespert et avant cela dans les films de nombreux grands réalisateurs dont Woody Allen. Elle offre au théâtre des interprétations très remarquées (notamment nominée Aux Molières comme meilleure comédienne pour Trahison) et Gilles Cohen, (après avoir joué Tartuffe mis en scène par Luc Bondy, est à l’affiche du film « Arrêtez-moi là ! » avec Reda Kateb et Léa Drucker. Il a tourné également avec Patrice Chéreau, Jacques Audiard, Arnaud Desplechin, Valérie Bruni-Tedeschi, Catherine Corsini…) Oui, c’est tout à fait fascinant de les voir au travail. Comme je le disais, ce sont deux « athlètes du verbe », ils forment un duo avec une très forte présence sur scène.
Vous êtes acteur, auteur, metteur en scène, Directeur de la Compagnie le théâtre de l’incendie, vous avez été Directeur du Théâtre de Sartrouville – Centre Dramatique National de 2004 à 2012, après un tel parcours dense et intense et des choix exigeants, comment concevez-vous, aujourd’hui, votre métier de metteur en scène ? Le metteur en scène est celui qui relie, il relie l’œuvre à son public. Il relie les arts frères. Nous travaillons avec une équipe exceptionnelle : Rudy Sabounghi (scénographie), Sandra Choquet, Flore Simon (assistanat à la mise en scène), Colombe Lauriot-Présvost (costumes), Théo Barletta (collaborateur vidéo), David Debrinay (lumière), Éric Citony (régie générale), Olivier Mercier-Balaz (régie lumière), Olivier Chambin (technicien son). Le metteur en scène doit avoir une vision globale et avoir cette compréhension, cette capacité de se mettre à la place du spectateur. Il sert un texte et doit trouver l’énergie du sens. Il relie tout cela pour que tout le monde soit au rendez-vous, c’est un animateur ! (Rires). Le théâtre est un art collectif. Un espace de dialogue et de partage.
Beaucoup de metteurs en scène disent qu’il faut « avoir beaucoup d’amour et de patience », vous partagez cette vision des choses ? Oui, c’est vrai (Rires). La mise en scène, c’est aussi un artisanat, on bricole mais de façon têtue, avec une vraie ambition.
Que voulez-vous transmettre ? Que défendez-vous ? Le désir de résister par le plaisir. Ouvrir des petites portes de plaisir. La Culture est un acte de résistance.
Une nouvelle année commence, c’est la période des vœux, que peut-on vous souhaitez ? De pouvoir continuer à inventer, à créer d’autres mondes.
Vous êtes très sollicité en 2016… On a une grosse tournée avec « En attendant Godot » que je mets en scène (Production Théâtre de l’incendie). Il y aura aussi : « Une trop bruyante solitude » de Bohumil Hrabal et « Les Présidentes » de Werner Schwab.
Merci Laurent Fréchuret.
Pour en savoir plus sur la pièce de théâtre : http://www.info-chalon.com/articles/culture/2016/01/07/18587/espace-des-arts-chalon-sur-saone-du-12-janvier-au-15-janvier-a-20h-revenez-demain-blandine-costaz-laurent-frechuret/
Le texte « Revenez Demain » de Blandine Costaz est publié aux Editions Les Cygnes.



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