Chalon sur Saône

Ancien résistant, André Boisson devient citoyen d'honneur de la Ville de Chalon-sur-Saône

Ancien résistant, André Boisson devient citoyen d'honneur de la Ville de Chalon-sur-Saône

Samedi, à l'occasion de la Commémoration des soixante-seize ans de la libération de Chalon-sur-Saône par la 1ère Armée Française et les Forces Françaises de l'Intérieur, André Boisson, ancien résistant du Maquis de Corlaix, a été élevé au rang de citoyen d'honneur de la Ville de Chalon-sur-Saône. Plus de détails avec Info Chalon.

Samedi, dans le cadre des cérémonies du 76e anniversaire de la Libération de Chalon-sur-Saône, André Boisson, ancien résistant du maquis de Corlaix, a été mis à l'honneur.


Les participants à la cérémonie qui avait eu lieu, à 19 heures, au Monument aux Morts , étaient conviés par Gilles Platret, le maire de Chalon-sur-Saône, à venir assister au fleurissement de la stèle qui commémore la 1ère Armée française, commandée par le Général Jean De Lattre de Tassigny, forgée en Afrique et Italie, débarquée en Provence (Opération Anvil Dragoon) et grossie de Forces Françaises de l'Intérieur (FFI), qui a libéré la ville, dans la campagne victorieuse, dite «Rhin et Danube», contre le Troisième Reich, dans la cour de l'Hôtel de Ville.


Aux côtés du maire, se trouvaient Jean-Jacques Boyer, sous-préfet de Chalon-sur-Saône, Raphaël Gauvain, député de la 5ème circonscription de Saône-et-Loire, et Sébastien Martin, président du Grand Chalon et 1er vice-président du Conseil départemental de Saône-et-Loire.


L'ancien combattant, âgé de 95 ans, s'est vu remettre la médaille de la Ville et d'être élevé au rang de citoyen d'honneur par le premier magistrat de la ville.


«Aujourd'hui, nous sommes en votre compagnie, Monsieur Boisson. En compagnie d'un homme qui a joué tout son rôle, avec ses compagnons d'armes que je dois associer à vous dans l'hommage qui est rendu en ce 5 septembre 1944», dit Gilles Platret.


Sitôt distingué, André, ému face aux nombreux participants réunis dans la cour, a refusé de prendre la parole mais a tenu à partager sa décoration avec ses «nombreux camarades de la Résistance aujourd'hui disparus, sans qui rien n'aurait été possible».


Du maquis de Corlaix à la démobilisation, parcours d'un résistant Chalonnais


André Boisson est né à Chalon-sur-Saône, à la maternité Boucicaut, le 18 janvier 1925.


Ayant terminé fin de ses études, il intègre, à l'âge de 14 ans, les chantiers Schneider, à Chalon-sur-Saône, afin de préparer un apprentissage de tourneur sur métaux.


La mobilisation de septembre 1939 survient alors que le jeune André débute sa formation sur les chaînes tournant à plein régime au profit de l’industrie de guerre. Ses premières armes de tourneur sur métaux s'effectuent dans les ateliers en charge de la fabrication de vedettes de ravitaillement en essence pour les hydravions.


Un matin de juin 1940, alors qu'il rejoint son lieu de travail, il croise des soldats allemands circulant sur la chaussée peu après que la ville de Chalon-sur-Saône a été occupée. Saisi par cette vision, il décide de faire tout son possible pour continuer la lutte comme il le pourra.


Rapidement, des groupes de jeunes gens de son âge forment au sein des chantiers Schneider ce qu’il convient d'appeler des «groupes sédentaires», prémices de ce qui deviendra par la suite la Résistance.


Pour l'heure, et en toute discrétion, le groupe sédentaire auquel André appartient s'active à pratiquer des actes de sabotage sur la chaîne de production de la Deutsche Reichsbahn* sur laquelle il travaille. Les actes sont discrets mais efficaces. Une panne par-ci, une autre par-là. Une pièce métallique fragilisée, un usinage imparfait. Il s’agit de ne pas se faire prendre par l’ennemi.


Il en va ainsi jusqu'en 1942. Donnant suite à un contact auprès d'un résistant local, le jeune homme et quelques uns de ses amis, détenteurs d'un laissez-passer (Ausweis), transmettent clandestinement des courriers au-delà de la Ligne de démarcation (Demarkationslinie).


Fouillés par les douaniers allemands aux différents points de passages, ils dissimulent ces courriers dans les tubes des cadres de vélos, pompes, ou selles.


En 1943, période durant laquelle la Résistance devient structurée et plus à même de recruter et d'encadrer de jeunes patriotes, un appel est discrètement lancé afin d'inciter les jeunes gens à rejoindre le maquis et d'échapper au Service du Travail Obligatoire (STO).


Fin 1943, André, alors âgé de 18 ans, quitte ses parents, abandonnant son poste aux chantiers Schneider, et rejoint à pied le Maquis de Corlaix.


L'aventure est périlleuse et les dangers multiples. Arrivant à Saint-Rémy, il profite, avec son collègue de marche, de l'aide opportune d'une commerçante présente sur place pour traverser le Pont des Prunes, pendant que les soldats allemands s'affairent à réparer en urgence un sabotage que la Résistance vient d’effectuer non loin de là.


Tout étonnés d'avoir réussi à traverser ce passage sensible, ils rejoignent un café proche pour y attendre un contact qui leur donnera des instructions en vue de rejoindre le Maquis.


Les instructions reçues, le groupe de jeunes gens traversent les bois, évitant les routes afin de ne pas se faire repérer par l'Occupant et ses collaborateurs.


Au terme d'une longue et inquiétante marche, ils parviennent au Bois de La Ferté et comprennent rapidement en voyant de nombreux drapeaux français qu'ils ne se sont pas trompés de route.


Pris en charge par des Résistants, André Boisson et ses collègues sont formés au maniement des armes, mais également entraînés à effectuer de longues marches.


L'effectif du Maquis de Corlay atteint, à ce moment, 525 hommes, répartis en petits groupes d'une dizaine de jeunes combattants.


Au terme de sa formation, le jeune André est employé aussi bien à la récupération de nuit de conteneurs d'armes largués par des avions de la Royal Air Force (RAF) britannique, que des sabotages de la voie ferrée, mais également celui du Barrage de Gigny, ouvrage stratégique pour le passage des vedettes fluviales allemandes (Schnellboot).


Une journée de 1944, une équipe chargée de réquisitionner de la nourriture à Chalon-sur-Saône, malgré la présence de l'armée allemande (Wehrmacht), fait main basse sur un stock considérable de confiture.


Le seul camion des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) disponible pour cette action commando est tellement rempli que les jeunes résistants doivent s'accrocher comme ils le peuvent au véhicule afin de rejoindre le Maquis.


À la sortie de Chalon-sur-Saône, ils croisent une patrouille allemande remontant vers la ville, un échange de coups de feu a lieu. Échange au cours duquel furent neutralisés quelques Allemands. Durant cet affrontement, une mallette appartenant à un officier ennemi est saisie et rapportée au Maquis.


Le 4 septembre 1944, le Maquis de Corlay participe à la Bataille de Sennecey-le-Grand.


Contrairement à toute attente, les Allemands sont bien présents dans la bourgade et, solidement armés, ils inflige des pertes importantes au Commando SAS du Capitaine Guy de Combaud, tout comme aux résistants.


14 Commandos et 49 maquisards perdent la vie durant cette bataille, tandis que des civils sont lâchement assassinés à Laives. De son côté, l'occupant accuse également un grand nombre de pertes, dans sa retraite.


Durement éprouvés par cette bataille, André et ses camarades de combat font route à pied vers Chalon-sur-Saône.


Le 5 septembre au matin, arrivés en périphérie de la ville, un camion les prend en charge, mais pour peu de kilomètres car il faut de nouveau livrer bataille contre les Allemands retranchés en ville.


Arrivant au centre-ville par la Rue Pasteur, les maquisards sont rassemblés dans l'Hôtel de Ville libéré afin de faire un point de situation quant aux opérations à venir. Une permission de nuit est donnée aux maquisards Chalonnais afin qu'ils puissent revoir leurs familles qu'ils avaient quittées clandestinement.


Peu après les combats de la Libération de Chalon-sur-Saône, André Boisson sera blessé par une balle explosive qui lui emportera un doigt lors d'une action contre l’arrière-garde allemande.

Hospitalisé, le Chalonnais ne pourra rejoindre ses amis du Maquis, rassemblés alors dans le 2ème Bataillon de Marche en vue des combats en Alsace.


Ne souhaitant pas rester inactif, bien que blessé, il usera d'une connaissance familiale afin de poursuivre la lutte et sera affecté au Service de la Commission de la Gare de Chalon, organisme militaire en charge de contrôler tous les trains y transitant.


André Boisson sera démobilisé en décembre 1945.

 

Étaient également présents, Hervé Dumaine, premier adjoint au maire en charge de la sécurité, des finances et de l'administration générale, Bénédicte Mosnier, adjointe au maire en charge de la culture, Françoise Chainard, adjointe au maire en charge de l'espace public, Évelyne Lefebvre, adjointe au maire en charge des espaces verts et du développement durable, Véronique Avon, conseillère municipale de la majorité déléguée Animation commerciale, Isabel Paulo, conseillère municipale de la majorité déléguée Actions en direction des jeunes, Paul Thebault, conseiller municipal de la majorité chargé de mission Suivi des délégations de service public et commission de sécurité, Serge Rosinoff, conseiller municipal de la majorité chargé de mission Mémoire et monde patriotique, Jacqueline Gaudillière, conseillère municipale de Fragnes-la-Loyère déléguée aux associations, Bernard Loiseau, président départemental UNADIF-FNDIR de la Saône-et-Loire, et Marcel Landré, vice-président de l'Union Nationale des Parachutistes (UNP) — section 712 Guy de Combaud-Roquebrune —, pour ne citer qu'eux.


* Connue sous le sigle de DR. Littéralement le «Chemin de fer de l'État allemand», il s'agit de la dénomination simplifiée de la société Deutsche Reichsbahn-Gesellschaft (lDRG). Cette compagnie existera jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945.

 

 

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati