Chalon sur Saône

L'infiniment petit n'a plus de secret pour Frédéric Labaune

L'infiniment petit n'a plus de secret pour Frédéric Labaune

Enseignant SVT (Sciences de la Vie et de la Terre), le bourguignon Frédéric Labaune, accueilli mercredi 10 mai au Musée N. Niépce, Chalon-sur-Saône, tente avec la macrophotographie de transmettre l'émerveillement que suscite les images de ce qui ne peut pas se voir à l'oeil nu. L'interview infochalon.com :

Quand l’idée de photographier l'extrêmement petit vous est-elle venue ?

Je ne sais pas si on peut dire "extrêmement petit" car pour voir ce genre de choses, il faudrait plutôt un microscope (voire un microscope électronique). Disons que les images que je produis permettent de distinguer des détails difficilement visibles à l'oeil nu mais tout à fait observables avec une loupe. Par mon métier, j'ai régulièrement accès à des loupes et on demande de temps en temps à nos élèves de les utiliser. Pour montrer ce qu'ils auront à observer, il nous faut des images. Soit on a une démarche "hors sol" et on va dans les livres ou sur internet pour chercher des photos de sujets qui ne correspondent pas toujours à la réalité des élèves (matériel au top, sujets exotiques, spectaculaires...), soit on essaye d'être sincère et on fait ses propres images. Photographe naturaliste depuis des années, c'est un défi qui me titillait depuis autant de temps et donc je me suis lancé en achetant un microscope d'occasion, puis d'autres microscopes de différentes optiques pour arriver à mes fins. J'ai toujours voulu montrer les choses... témoigner...

Que voulez-vous transmettre au travers de ces images révélant ce qui n'est pas visible à l'oeil nu ?

 ... Témoigner que la complexité et la beauté de la Vie, de la Terre, peut s'appréhender à différentes échelles. À l'oeil nu, on peut voir déjà pas mal de choses (et ce d'autant plus si on a la chance de voyager), mais finalement, on peut aussi se contenter d'un mètre carré de jardin ou même d'un simple sujet que l'on aurait ramené dans son labo, son studio photo. Finalement, au travers de la loupe, le macroscope (un engin destiné à photographier des champs de quelques millimètres), ce sont des formes, des couleurs, des paysages insoupçonnés qui s'offrent à l'observateur. Par ailleurs, certains détails permettent de mieux comprendre le fonctionnement du vivant (le fameux rapport structure/fonction), ce qui pour un professeur de SVT, peut être utile.

Vous êtes photographe autodidacte mais pour mettre au point ces techniques de prises de vue, il faut être autant technicien qu'expérimentateur... 

Je ne suis clairement pas un artiste. Je maîtrise les bases de la photo, de la composition... les techniques. Pour la macrophotographie à des rapports supérieurs à 1, il faut effectivement être un peu technicien, bricoleur, expérimentateur. Et si, pour les deux premiers termes, on peut faire avec quelques mots clés développés dans une littérature à xx pages, j'ai souvent eu une démarche empirique en achetant, testant, optimisant du matériel. C'est mon côté "expérimentateur", heureusement permis par la photo numérique, qui ne coûte rien au déclenchement. Au temps de l'argentique, toutes les images que j'ai pu produire ces dernières années, avec des rendus qui me plaisent (qui semblent plaire aussi à un public plus large que le cercle familial et le public captif de mes élèves), n'auraient pas été possibles.

Je ne compte pas les heures passées, les tonnes de matériel qui sont passées dans mes mains, qui sont plus ou moins accumulées dans mon bureau (ma femme est patiente). L'écriture d'un livre a été pour moi l'occasion de raconter ma démarche tout en espérant mettre le pied à l'étrier à des personnes qui voudraient se lancer, sans trop galérer.

Frédéric Labaune est auteur de l'ouvrage 'La macrophotographie au-delà du rapport 1', aux Editions Biotope, 2015.

Pour en savoir plus découvrez le blog de Frédéric Labaune : http://macromicrophoto.fr/dotcl/

À l'invitation de la Société des Amis du musée N. Niépce, il répondra présent mercredi 10 mai à 18h45 au Musée, 28 quai des Messageries, à Chalon-sur-Saône - Entrée gratuite sur réservation (Tél. : 03 85 48 41 98)

Photos transmises par Frédéric Labaune / Crédits photos : Frédéric Labaune

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