Saône Doubs Bresse

CONFLU’ART 2018 – Ce fil invisible que tisse Souliko

CONFLU’ART 2018 – Ce fil invisible que tisse Souliko

Elle accompagnait ce weekend Alain Kremski et formait avec lui un duo original. Elle prépare actuellement avec sa mère, Bielka, une reprise de chants de la tradition yiddish. Focus sur la talentueuse Souliko.

Lorsque ses lèvres s’entrouvrent pour laisser s’échapper de sa bouche des mots ciselés par une diction parfaite, celle de Jean Ferrat devenue femme, toute personne qui se trouve face à elle ne peut que se taire. Se taire pour mieux l’écouter. Et même si les textes auxquels elle s’attelle peuvent être ardus, la connexion est immédiate.

Une fois ce fil invisible tissé entre elle et vous, elle vous attire, telle une veuve noire, dans sa toile. Pas pour vous dévorer, bien sûr, encore moins vous ligoter, mais, étrange paradoxe, pour vous libérer des liens qui vous unissaient encore au monde réel.

Comment vous libère-t-elle ? En vous conduisant, par une certaine lenteur du débit et une façon d’entourer de silence des mots qui n’en pèsent que d’autant plus, à faire corps avec les méandres de pensées qui ont accouché des textes dont elle répand l’esprit, doucement mais implacablement. A devenir ces pensées, tout en les faisant vôtres, pour suivre votre propre chemin intérieur.

Comédienne, Souliko ne se contente pas d’interpréter des textes de haute voltige. Elle les chante aussi. Avec une voix que l’on n’a pas souvent entendue dans notre courte vie. Comme une plainte venue du fond des âges. Sauf que, cette plainte, étrangement, n’est pas triste, résonne même comme le ferait un singulier cri : le cri de celles et ceux qui, malgré tout, veulent continuer de vivre.

Bien sûr, ces quelques mots d’info-chalon.com ne parviendront jamais à restituer la magie qui s’opère quand le visage de Souliko s’anime pour parler ou chanter. Il faut l’avoir entendue ce weekend à Conflu’Art ou l’écouter reprendre l’immense « Göttingen » de Barbara, voire ces chansons traditionnelles russes « pas encore abîmées par l’influence américaine » (Souliko), pour comprendre de quoi l’on parle.

A ce propos, pourquoi ne l’écouteriez-vous pas à votre tour ?

Samuel Bon (Texte et photos)

Photo en Une : Souliko (à g.) 

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