Chalon sur Saône

En détention provisoire : « Entre les violences, les bagarres, le racket, j’avais jamais connu ça de ma vie »

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 19 Octobre 2021 à 10h18

En détention provisoire : « Entre les violences, les bagarres, le racket, j’avais jamais connu ça de ma vie »

Un choix cornélien ? Le jeune homme de 25 ans qui doit être jugé ce lundi 18 octobre dit et répète à quel point il souffre en détention, « il est racketté tous les mercredis, on peut craindre pour son intégrité » rapporte son avocate..

... , mais d’un autre côté il n’avait pas respecté le cadre de son contrôle judiciaire. 

Choix cornélien car comme l’expertise psychiatrique demandée avant son jugement (il est majeur protégé, l’expertise est obligatoire) n’a pas été faite, son dossier va être renvoyé. On lui reproche deux faits de violence sur sa compagne, et par ailleurs l’acquisition, le transport et la détention de cannabis. Violences conjugales ? Interdiction de tout contact avec la victime, ordonne l’institution judiciaire. Quelques jours plus tard, il envoie un mail à son ex, et le voilà donc placé en détention provisoire. 

Comment se passe sa détention ? « Pour moi c’est un enfer, parce que je ne me sens pas comme eux, qui sont fiers d’être là-bas. Moi j’ai plutôt honte. Entre les violences, les bagarres, le racket, j’avais jamais connu ça de ma vie. Je ferai tout ce qui est en mon possible pour ne pas retourner là-bas. J’ai arrêté de prendre du cannabis, il y a une analyse d’urine à mon dossier. » Il a pris attache avec la Sauvegarde 71 pour être aidé, accompagné (logement et soins psychologiques). Son père est dans la salle, « il a toujours été là pour moi et je l’en remercie », dit le prévenu. 

Choix cornélien ? Ce jeune homme prend un traitement neuroleptique. Il est fragilisé par ce qui le tourmente, mais ça ne l’empêche pas d’avoir toujours travaillé, ni d’avoir eu la même copine pendant 6 ans. Par contre, fragile ça oui. « Je veux ajouter qu’en prison on a dû augmenter mon traitement, suite aux rackets et aux menaces que j’ai subis. » Il a durement ressenti le vide autour de lui après son incarcération. Il en parle à deux reprises : besoin de soutien, d’aide psychologique, de contacts. 


Choix cornélien ? Il a un casier (tout tourne autour des stups, beaucoup d’usages, de conduite en ayant consommé, etc.). En plus il a écrit, du centre pénitentiaire à un homme qu’il considère comme son ami. Les termes du courrier sont virulents, c’est le moins qu’on puisse dire. Le courrier est versé à la procédure.  Avec tout ça, la substitut du procureur demande son maintien en détention provisoire. « Il a eu sa chance. La détention est le seul moyen d’éviter le renouvellement de l’infraction. »

Choix cornélien ? D’après le prévenu, toute cette histoire tourne autour du chien, son chien. « Le chien c’est la seule chose que j’ai et qu’on me vole, dont on me prive (l’émotion l’étrangle). Mais je suis prêt à faire une croix dessus. Maître Fournier confirme que les doses d’haldol ont été considérablement augmentées en prison, « ça le stabilise mais il y a des effets secondaires comme de l’agitation et des absences. Ça  faisait des difficultés, du coup on l’a transféré dans un autre quartier où il est victime de racket chaque mercredi. On peut craindre pour son intégrité. »

Maintien en détention provisoire 

Le tribunal renvoie l’audience à fin novembre, ordonne son maintien en détention (le jeune homme baisse la tête) « vu le risque de renouvellement de l’infraction, et le risque de pression sur la victime ». 

 


FSA