Faits divers

De La Canebière au centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand : « un raid » qui a mal tourné

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 09 Novembre 2021 à 10h12

De La Canebière au centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand : « un raid » qui a mal tourné

« Très clairement il s’agit d’un raid, un raid organisé on ne sait pas par qui, mais ils sont venus à Chalon pour voler. » Ils étaient 4. Deux d’entre eux sont jugés en comparution immédiate ce lundi 8 novembre.

Le troisième a réussi à s’enfuir. Le quatrième, mineur, sera jugé par le tribunal pour enfant.

C’était il y a quatre jours. Des vigiles de Carrefour-Sud à Chalon-sur-Saône repèrent « deux individus », comme on dit dans les procès verbaux, « au comportement suspect ». En effet : ils mettaient des téléphones dans un sac pour les produits surgelés, et les recouvraient d’une serviette de bain. L’un passe avec un sac par une caisse alors fermée, puis un autre sort avec un second sac, deux types semblent faire le guet. Ils vont vers une Clio où ils sont arrêtés, sauf le troisième. Il sera au centre de l’audience, désigné comme le chef, « la tête pensante », le véritable coupable.


Pour plus de 4000 euros (marchandises restituées aux magasins)

« Un ordinateur HP, 25 téléphones, des écouteurs, un jeu pour PC, un livre, un paquet de chips, une serviette de bain » sortaient de la grande surface ; et aussi une montre dans un autre magasin, puis un blouson d’une valeur marchande de 120 euros dans un magasin de sport, « ça, c’était pour moi », reconnaît le plus âgé des deux prévenus. Il a 27 ans, il est né en Algérie, il vit à Marseille sur la Canebière, il a deux enfants et travaille 4 heures par jour dans une boucherie. Une condamnation pour deal de stups en 2019. Son pote a 22 ans et paraît davantage. Il est né lui aussi à Oran. Il est arrivé en France alors qu’il était mineur puisqu’il fut d’abord condamné par un tribunal pour enfant. Deux condamnations. Sa situation administrative n’est pas encore réglée, du coup il travaille au black dans la même boucherie, à Marseille. Dans la salle, plein de soutiens pour eux, deux femmes, un enfant, des hommes.

Vol en réunion par une bande organisée

Ils ne sont pas venus pour voler, soutient le plus jeune. N’empêche que dans la Clio, deux sacs doublés d’aluminium racontent le contraire, les quelques outils susceptibles de venir à bout d’antivols chargent la barque. Avant de venir à Chalon, ils se sont arrêtés à Lyon, disent y avoir acheté plusieurs téléphones sur un marché. « Quel est l’intérêt, monsieur, de faire Marseille-Lyon pour acheter des téléphones portables ? » demande la présidente Catala. L’interprète relaie : « Parce que l’autre nous a dit que de toute façon il allait nous les vendre moins cher. » ... ...

« Ils vivent de la délinquance »


« S’ils ont cru que dans une petite ville on était moins surveillé que dans une mégapole, eh bien... c’est faux, c’est même le contraire » requiert Aline Saenz-Cobo, vice-procureur. En effet, on songe à ces trois personnes de nationalité mongole qu’à Paris on enregistrait au FNAEG, et qui ont plongé à Macon, prises en filature par rien moins que la BAC (on peut lire ici : https://www.epris-de-justice.info/no-way-pour-trois-mongols-egares-a-macon/ ). La procureur demande une peine de 8 mois de prison avec maintien en détention pour chacun d’eux, « puisqu’ils vivent de la délinquance ». Maître Charrier et maître Diry plaident tour à tour au soutien « des deux qui ont perdu », « des pions exploités par le fameux M. », « ils ne sont pas les donneurs d’ordre », « ont été instrumentalisés ». Derniers mots au tribunal du plus âgé : « J’ai deux enfants, j’ai deux enfants. » 

8 mois ferme

Le tribunal les déclare coupables et les condamne chacun à la peine de 8 mois de prison avec maintien en détention, « vu le risque de récidive ». Dans la salle, un des soutiens fait un « 8 » avec ses doigts en leur direction, le compte est bon.

 


FSA