Saône et Loire
« Je me tue à aimer le monde » Lynda Lemay, Princesse des mots. Le 11 décembre à Mâcon.
Par Nathalie DUNAND
Publié le 30 Novembre 2021 à 17h43 , mise à jour le 10 Décembre 2021 à 14h27
Ses concerts sont de plus en plus courus. Qu’a-t-elle dans les tripes, la belle Québécoise, pour charmer le public français depuis 30 ans ? À l’occasion de « La vie est un conte de fous », son nouveau spectacle qui fera escale le 11 décembre à Mâcon, Lynda répond à Info-chalon et s’ouvre avec spontanéité sur ce qui la nourrit pour écrire et composer.
Canada, Suisse, France, Belgique… « La vie est un conte de fous » tourne et enchante littéralement ses publics : « On se sent tellement bien avec Lynda sur la scène », commente un spectateur à l’issue du spectacle. À quoi ça tient ? Les chansons à texte de Lynda ? Sa présence sur scène ? Un peu tout ça, effectivement.
Un conte a vocation à initier à la vie : épreuves, entraves, amis, espoir et, in fine, triomphe. En ce sens, le spectacle de Lynda Lemay incarne son titre à merveille : dans La vie est un conte de fous, l’auteur-compositeur-interprète est une fabuleuse raconteuse d’histoires, elle nous fait passer du rire aux larmes, gorge tantôt déployée, tantôt serrée. Avec ses mots, on franchit les montagnes russes des émotions. C’est là sa signature.
Lynda, votre public vibre au rythme si particulier de vos concerts. On sent une vraie circulation d’énergie. Comment l’expliquez-vous ?
Lynda Lemay : Je sens en effet une relation bien particulière avec mon public, et peut-être que tout artiste fait ce constat-là. Le mot qui me vient, c’est le confort : le public se sent confortable avec moi. Il me suit dans toutes mes réactions. Sur scène, je suis la même que maintenant, dans ma chambre d’hôtel d’où je vous réponds, la même quand je parle au téléphone avec ma sœur. Quand je rencontre les gens après un spectacle – et je tiens à les rencontrer tous – il arrive qu’ils me fassent des confidences sur des bribes de leur vie. Là je sens une réelle confiance. Parfois, j’en fais des chansons.
Votre spectacle se compose d’une vingtaine de chansons, choisies parmi un nombre impressionnant de nouvelles créations. D’où vient cette soif d’artiste ?
Lynda Lemay : En 2018, je me suis lancée le plus fou des projets : créer 11 albums de 11 chansons, écrites et composées sur 1 111 jours : Il était onze fois. Ce défi répond à un sentiment d’urgence à créer. J’écris toujours dans le pur plaisir, je ne connais pas l’angoisse de la page blanche et en même temps, il y a eu chez moi cette prise de conscience aiguë : « La vie, c’est maintenant ». On ne sait pas de quoi demain sera fait. La vie et ses multiples facettes m’inspirent, j’ai besoin de mettre des mots sur ses côtés sombres et lumineux. C’est donc un désir profond que je réalise.
Aznavour – qui vous tenait en haute estime et vous a lui-même décorée de l’insigne de chevalier des Arts et des Lettres sur la scène de l’Olympia – disait que vous abordiez des sujets que personne ne traite dans ses chansons.
Lynda Lemay : Je puise mes sujets dans la vie et ses silences. La naissance, le deuil, la maladie, l’amour, l’homosexualité… J’ai envie de débloquer les silences de la vie, mettre des mots sur ce qui est lourd, ce qui brise… Pour moi, écrire, c’est arriver à libérer une parole. Si l’on considère l’inceste, par exemple, je trouve crucial que les gens en parlent pour se libérer d’un sentiment de culpabilité infondé. Même si le sujet est sombre, une chanson peut devenir belle. Elle donne l’espoir.
C’est là le pouvoir de la chanson : alléger les sujets les plus lourds.
L’une de vos clés, n’est-ce pas l’humour ?
Lynda Lemay : Oui, c’est vrai. Parce que la vraie vie est faite comme ça : on ne peut pas ignorer les épreuves, mais on peut trouver une clé, l’humour. On peut essayer d’en rire et ça nous aide. Je cherche à aimer la vie dans tout ce qu’elle est : le beau et le laid. Je le dois à ma mère, Jeanine, qui nous a appris à réagir comme ça face aux épreuves. C’est une perle rare, ma mère, et avec un humour salvateur. Pour moi, la famille est à la base de tout.
Comment faites-vous le choix des chansons que vous chanterez sur scène ?
Lynda Lemay : Dans mes spectacles, je choisis les chansons qui feront réagir le public, j’ai envie que ça bouge, je ne veux pas de tiédeur. Après un sujet sombre, je dédramatise avec des mots légers ou audacieux. Je cherche un équilibre. Je ne me censure pas sur les sujets, je me sens libre de créer, mais j’ai aussi une responsabilité : je ne veux pas blesser les gens. La puissance des mots est incroyable ! Il faut chercher les mots justes, quand ils sont maladroits, on peut faire du mal.
Vous êtes une princesse des mots : lesquels aimez-vous, lesquels détestez-vous ?
Lynda Lemay : (rire) J’aime particulièrement les rimes en -el/elle, c’est un son que je trouve beau. Le mot « aquarelle » par exemple, évoque une chose forcément belle. Un mot qui me manque en français, c’est « abriller » : il exprime le fait de couvrir d’une couverture, border un enfant. Je ne vois pas d’équivalent. Un mot que je n’aime pas ? « hiérarchie » est un bon exemple.
Pourquoi a-t-on toujours le sentiment que vous aimez les personnages de vos chansons ?
Lynda Lemay : J’utilise toujours le « Je » dans mes histoires, parce que j’exprime des sentiments de la vie par le prisme de ma sensibilité, sans jugement, seulement avec amour et bienveillance. Il n’y a jamais de jugement dans mes textes.
Je crois qu’on peut rendre le monde plus beau en tendant à devenir un être humain plus beau aussi. Tout commence par nous, en fait.
Sur scène, vous formez un duo en osmose avec Claude Pineault, guitariste, pianiste et choriste…
Lynda Lemay : Avec Claude, la magie a opéré dès la 1re répétition. Je lui ai dit : moi, je pourrais faire un show dès ce soir avec toi. Il arrivait à suivre chacune de mes émotions. Dans La centenaire par exemple, il y a une alternance de moments lents et rapides. Le musicien doit m’écouter respirer, je ne peux pas tenir les notes hautes trop longtemps, je ne suis pas facile à suivre. Avec Claude, il y a tout de suite eu cette connexion avec l’émotion.
Vous êtes une princesse des mots Lynda, d’ailleurs on vous compare à nos plus grands chanteurs à texte. On se souvient par exemple, de ce jour où vous avez interprété En Cloque et Mistral gagnant devant un Renaud très ému de cet hommage. Quels chanteurs aimez-vous également ?
Lynda Lemay : Oui, je trouve ces chansons de Renaud magnifiques ! J’aime beaucoup Reggiani, Brel ou notre Félix Leclerc québécois. Je pense que, chez ces artistes, il y a autant de lucidité que d’espoir et de tendresse.
Lucidité, espoir, tendresse et rire, voilà ce qu’offre Lynda Lemay. En un mot : ses spectacles font du bien à son public !
Par Nathalie DUNAND
[email protected]
La vie est un conte de fous, nouveau spectacle de Lynda Lemay
À Mâcon, samedi 11 décembre 2021
Production : Société Anim15 : https://anim15.com/event/lynda-lemay-la-vie-est-un-conte-de-fous-sochaux-2/
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