Chalon sur Saône
Débat autour de «Journal d'un médecin de ville» au siège du PCF 71
Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI
Publié le 02 Décembre 2021 à 06h00
À l'issue de ce documentaire réalisé par Nicolas Mesdon, un débat a eu lieu sur le manque de médecins généralistes et les déserts médicaux. Plus de détails avec Info Chalon.
11,6 % de nos concitoyens n'ont pas de médecin généraliste traitant et 6 millions de Français sont à plus de trente minutes d'un service d’urgences, soit 10 % de la population.
Pourquoi une telle situation? Quelles solutions pour éviter la catastrophe?
Quelques unes des questions qui ont été abordées lors d'un ciné-débat organisé ce mercredi 1er décembre à 19 heures au siège de la Fédération Parti Communiste Français à Chalon-sur-Saône.
Après la projection du documentaire par Nicolas Mesdon, «Journal d'un médecin de ville», les militants communistes se sont penchés notamment sur l'idée, récurrente, d'inciter les jeunes médecins généralistes à s'installer dans une zone «sous-dense» en cabinets médicaux.
Autrement dit, un désert médical.
Prendre un rendez-vous chez un médecin généraliste est une vraie galère pour plus de 5,4 millions de Français.
Concrètement, le Ministère de la Santé considère qu'un territoire rentre dans la catégorie du «désert médical» quand la densité de médecins par rapport à la population est de 30 % inférieure à la moyenne nationale.
Et contrairement aux idées reçues, il ne s'agit pas forcément de hameaux en rase campagne. De nombreuses communes urbaines sont concernés, en particulier parmi les plus défavorisées.
Avant de devenir des déserts médicaux, sujet de préoccupation numéro un des Français dans les cahiers de doléances du «Grand Débat» ouvert durant les Gilets Jaunes, ces territoires recensaient généralement bien davantage de médecins généralistes il y a quelques années.
Ce contraste s'explique en partie par une désertion dont souffre la profession elle-même. La médecine générale fait partie des dernières spécialités choisies parmi les étudiants, qui préfèrent désormais majoritairement se spécialiser.
Les départs à la retraite sont donc loin d'être comblés. Pour rappel, en Saône-et-Loire, 35% des médecins généralistes ont plus de 60 ans.
On considère que la France «perd» 3500 médecins généralistes chaque année.
De plus, 148 cantons sont sans médecins.
Face à une telle situation, bon nombre de nos concitoyens et d'élus tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme et veulent faire de l'inégalité d'accès aux soins l'un des sujets prioritaires de la campagne présidentielle.
Début septembre, le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait promis que les déserts médicaux auront disparu d'ici cinq ans.
«Personne n'y croit», réagit Dominique Dhumeaux, vice-président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF).
«Les fractures territoriales sont comprises depuis longtemps et rien n'est fait pour les combattre», déplore de son côté Emmanuel Vigneron, spécialiste des déserts médicaux, dans son rapport.
«Le gouvernement a supprimé le numerus clausus en 2020, mais ça ne peut suffire, toutes les études démontrant (et mon rapport le confirme) qu’il faudra au minimum dix ans pour que cela produise des effets. Ensuite, il faut veiller à ce que les médecins formés s’installent dans les endroits où on en a besoin. En milieu rural, mais aussi dans les grandes villes où existent des poches de paupérisation médicale», souligne Sébastien Jumel, député PCF de Seine-Maritime dans L'Humanité.
À noter que la levée du numerus clausus doit permettre de former 10 000 médecins par an, soit trois fois plus qu'avant.
Ce député PCF défendra devant l'Assemblée nationale, ce jeudi 2 décembre, six mesures concrètes dans sa proposition de loi afin d'améliorer la couverture médicale dans les territoires.
La majorité présidentielle y est «farouchement» opposée.
Pour le député communiste, les déserts médicaux ont été organisés.
Parmi les propositions de Fabien Roussel, le candidat à la présidentielle investi par le Parti Communiste Français, notons la volonté de créer 100 000 emplois médicaux et para-médicaux dans les hôpitaux et 100 000 emplois par an sur 3 ans dans les EHPAD.
Le candidat propose de d'injecter 100 milliards d'euros en faisant cotiser les revenus financiers des entreprises à la cotisation patronale de Sécurité Sociale.
La désertification médicale s'observe également à l'hôpital. En effet, le nombre d'hôpitaux publics a baissé de 5,5% entre 2013 et 2020, «principalement en raison de la forte diminution du nombre de centres hospitaliers, ex-hôpitaux locaux», relève la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) dans un nouveau rapport.
Selon un rapport du Sénat déposé le 29 janvier 2020, 6 à 8 millions de Français vivent dans un désert médical mais cette part de la population, déjà conséquente, pourrait encore augmenter dans les prochaines années.
L'écart d'espérance de vie entre les habitants des campagnes et ceux des villes s'est d'ailleurs creusé au cours des trente dernières années. Ainsi, comme le précise Emmanuel Vigoureux dans son étude, «l'inégalité d'espérance de vie entre rural et urbain est précisément de 2,2 ans chez les hommes, et 0,9 an chez les femmes».
Autant d'indicateurs qui ne présagent rien de bon pour les Français vivant dans les déserts médicaux...
Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati
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