Edito

42 000 élus qui ont le droit de vie et de mort sur des candidats à la présidentielle

42 000 élus qui ont le droit de vie et de mort sur des candidats à la présidentielle

Les mêmes qui dénoncent l'abstention à tout bout de champ... rechignent à parrainer un candidat à la présidentielle. Le vrai scandale est l'absence d'obligation de parrainage. L'édito d'info-chalon.com.

Plus que jamais la question des parrainages des candidats à la présidentielle est sur la table... et plus que jamais une part croissante d'élus a fait savoir qu'elle n'entendait pas parrainer un candidat à la présidentielle, compte tenu des risques et des menaces sur les réseaux sociaux. Et pourtant, il est si simple de contourner cette difficulté. 

Plusieurs questions se posent dans le contexte du moment. A quel titre, 42 000 élus auraient le droit de vie ou de mort sur des candidats à la présidentielle ? On en revient finalement au fait d'une présélection opérée par des gens qu'on qualifierait de Sages, considérant que les Français ne sont pas en capacité de choisir par eux-même. On en revient à quelque sorte à un suffrage de l'entre-soi, toutes les candidatures considérées comme "farfelues" ou  non conformes aux intérêts des 42000 étant systématiquement invalidées, validant des candidats dont on sait qu'ils n'exercent aucune menace finalement... En démocratie, c'est aux électeurs de choisir... pas à un microcosme établi ! L'élection présidentielle se doit d'être un moment d'aération démocratique qui permet l'échange d'idées, de débats, d'une définition du vivre-ensemble pour les années futures ... 

Disons-le clairement... si d'aventure, les candidatures de Marine Le Pen, Eric Zemmour ou Jean-Luc Mélenchon... et même bien d'autres ne devaient pas être validées, faute de parrainages, la Ve république inscrirait une nouvelle page bien dommageable à notre vitalité démocratique.

Certains proposent d'étendre les parrainages à tous les élus des conseils municipaux, d'autres d'avoir un socle de soutiens citoyens à des degrés divers... et pourtant la simplicité est bien ailleurs. Pourquoi ne pas convoquer un conseil municipal et procéder à un vote du conseil en vue de parrainer un candidat ? Pourquoi dans des petites communes ne pas proposer à la population une consultation citoyenne en vue de soutenir tel ou tel candidat ? Des solutions faciles à mettre en place et permettant aux élus de se décharger de leurs responsabilités sur une décision collégiale ? 

D'autres proposent l'anonymat à l'image d'un vote... sauf que parrainer ne veut pas dire voter ! Le symbole est venue d'ailleurs cette semaine du maire de Cannes (LR) qui a apporté son soutien à Jean-Luc Mélenchon. Un symbole démocratique qui fait valeur d'exemple. 

Ainsi info-chalon.com a fait le choix de ne pas sombrer dans la médiocrité ambiante du moment, à vouloir publier à tout moment, la liste des maires avec leurs parrainages. Une manière de faire absurde dès lors qu'on considère que parrainer ne veut pas dire soutenir mais bien au contraire permettre la pluralité de l'expression démocratique. 

Alors système à bout de souffle ? Vraisemblablement... sauf qu'en attendant on ne peut changer les règles du jeu. A chacun d'assumer sa responsabilité, et la charge d'élu devrait engendrer l'obligation de parrainage en attendant d'éventuelles modifications pour 2027. A ne pas assumer la charge qui leur incombe, le discrédit sur la classe politique risque tôt ou tard d'être insurmontable. 

Laurent Guillaumé