Faits divers

En prison cause violences conjugales, il harcèle d’appels son ex-compagne

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 14 Juillet 2022 à 11h43

En prison cause violences conjugales, il harcèle d’appels son ex-compagne

« Pourquoi elle aurait déposé plainte contre vous si ce qu’elle dit est faux ? - Pour pas que je sorte de prison, elle sait que j’ai une autre liaison. » ... Certains jours on admire l’abnégation et le sérieux professionnels des juges, parce que quand ça part comme ça, il y en a pour des heures et finalement on sait peu de choses, et puis alors, ces embrouilles sans fin.

Cela dit la présidente Verger est très précise, et finalement le nombre insensé d’appels du détenu (à son ex compagne et mère d’un de ses fils finit par l’emporter du côté de sa mauvaise foi. Ils ont vécu ensemble pendant 6 ans, mais elle s’enfuit du domicile à cause de violences pour lesquelles le prévenu est condamné à 3 ans de prison dont 18 mois avec sursis probatoire. Interdiction de tout contact.

La femme avait pu bénéficier d’un logement d’urgence, ses deux enfants ont été placés à l’ASE. « On a du mal à comprendre pourquoi, puisque vous ne pouvez plus la voir, dites-vous, vous l’appelez aussi souvent » lui dit la présidente Verger. Les appels dépassent le millier en quelques mois alors bon, même si leur contenu n’est pas spécialement agressif ou menaçant, elle a peur. 

A l’audience le prévenu apprend qu’il est aussi prévu que les autorités administratives françaises le fassent reconduire au Portugal, son pays d’origine. Il a été écroué le 17 mars 2021, devait finir sa peine le 16 juillet, c’est à dire ce samedi... il se pourrait que la peine prononcée aujourd’hui sème le bazar dans le planning de la Préfecture. En plus le parquet a oublié d’inscrire la récidive légale dans la prévention jugée ce mercredi 13 juillet : une condamnation du 7 juillet 2021. 

Il fait penser à Jésus, mais c’est juste à cause de la barbe et des cheveux longs, parce que pour le reste, il est portugais, et puis il a un casier mais ce n’est pas pour s’être rebellé contre l’establishment et ses façons de (se) poser qui, de toute éternité, sont assez pénibles, on peut le dire. Non, c’est pour vol, pour violences, pour conduites sans assurance, pour menaces de mort, et encore menaces de mort, violences et messages malveillants, sur conjoint, ITT supérieure à 8 jours. 

Pas de revenus, pas d’emploi, beaucoup de dettes. Sa détention se passe « très mal », dit-il. Pourquoi ? « Parce que j’ai rien. Pour avoir quelque chose, je suis obligé d’aider aux trafics (stups, principalement) pour manger. - Vous êtes nourri, en détention, objecte la présidente. - C’est pour avoir un peu de cantine, et des cigarettes. »

La représentante du ministère public est certaine, dit-elle, que le prévenu a usé de tous les téléphones possibles, en détention pour contacter son ex. « En 20 jours, elle a été contactée 1007 fois, et puis, en avril 2022, par exemple, comme par hasard les appels déclenchent des relais à Varennes le Grand. Madame vit à Guéret. » Elle requiert la peine de 7 mois de prison ferme. 

Le raisonnement de la défense est simple : pour qu’il y ait appels malveillants, il faut un élément moral, en plus de l’élément matériel. En d’autres termes, explique maître Faure-Revillet, il faudrait que monsieur ait eu l’intention de tourmenter la mère de son fils. Or celle-ci l’a dit aux enquêteurs : il est courtois, calme, et « ne me coupe plus la parole comme il faisait avant ». « Il prenait des nouvelles de son fils, se souciait du loyer, etc. C’est tout. D’ailleurs le ministère public n’apporte aucune preuve de l’intention morale et monsieur n’est pas poursuivi pour avoir enfreint l’interdiction de contact. Je demande la relaxe. »

Le tribunal déclare le prévenu coupable des faits qu’on lui reproche en retenant l’état de récidive légale, le condamne à la peine de 6 mois de prison, décerne mandat de dépôt. Il ne sortira pas samedi.

FSA