Chalon sur Saône

Le public chalonnais s’est rincé l’œil devant l’invisible devenu émerveillement du mentaliste Viktor Vincent

Le public chalonnais s’est rincé l’œil devant l’invisible devenu émerveillement du mentaliste Viktor Vincent

Avec « Mental Circus », c’est à une plongée dans le New York des années 30, ses profondeurs abyssales et insondables, que les disciples de la condition abracadabrante ont été conviés à Chalon-sur-Saône, salle Marcel-Sembat. Pas pour y faire de la figuration, mais pour un voyage intemporel avec aller simple.

Fascinés par la tournure non maîtrisable des événements

Qui plus est un vendredi 13 ! Si ce n’est pas un signe additionnel…Viktor Vincent ne revendique pas de pouvoir surnaturel, il certifie toutefois que « notre corps trahit constamment nos pensées », et lance alentour de manière sybilline que « le mentalisme, c’est écouter l’autre quand il ne parle pas ». Porteur d’une forme d’ésotérisme, le transmetteur d’émotions apprivoise le paranormal en le rendant tellement simple, naturel, d’une évidence folle,  qu’il force le respect dans les travées. Mystificateur mais pas outre mesure, Viktor Vincent soutient à qui veut bien l’entendre (c’est-à-dire tout le monde !), qu’il ne croit ni au hasard, ni aux coïncidences, en revanche, au destin, sans restriction. « Un mystère est plus précieux qu’un secret », a livré celui dont le mentor est feu le magicien Daniel Miraskill. L’illusionniste se répand en histoires de toutes sortes avec un art consommé, laissant planer un suspense mortel et maintenant l’attention du public en éveil, n’ayant cure du point de non-retour. Chacun d’être alors le témoin favorisé d’un état de grâce au cours duquel il sort les flèches de son carquois avec un humour chevillé au corps.

Fouiller dans le riche passé représentatif, en ressortir des références jubilatoires

Retournés, les spectateurs l’ont été face aux argumentaires ainsi qu’aux invraisemblables aboutissements, sans répit infaillibles. Le public n’a nullement été réduit à la portion congrue, il s’en faut même de beaucoup, plusieurs de ses éléments étant appelés auprès de lui afin de crédibiliser le coup du moment ! Mieux que sa tâche de douzième homme, il aura été mis à contribution, « victime » docile d’une organisation optimale, cependant jamais pris en traître. Identifier un prénom, authentifier une grosse somme, déterminer la position d’un poignard au milieu de leurres, retrouver un seul mot parmi une dizaine de journaux, etc. l’artiste disposait d’une kyrielle d’expédients capables de faire la différence et de démontrer l’étendue de son talent. Lewis, Oskar, Ernest, Brooke et Winston, sublimés lors de cette soirée, ne se retourneront pas dans leur tombe, pas plus qu’Hitchcock, Chaplin, Lindbergh…Dormez du sommeil du juste. Bien vivants, les Chalonnais ont quant à eux opté à l’instant de l’au revoir en faveur d’une standing ovation, une manière vibrante de se conformer au décorum.

                                                                                                                   Michel Poiriault

                                                                                                                   [email protected]