Saône et Loire

"La surprotection du loup doit cesser " pour la députée de Saône et Loire, Josiane Corneloup

"La surprotection du loup doit cesser " pour la députée de Saône et Loire, Josiane Corneloup

Communiqué de presse

 

Depuis plusieurs semaines, notre territoire fait l’objet de nouvelles attaques de loups qui tuent désormais des bovins alors que lors des précédentes vagues de prédation, seuls les ovins étaient visés. La réintroduction de ce prédateur en France, comme dans les autres pays européens, complique à ce point le travail des éleveurs qu’elle menace aujourd’hui dans certaines régions la pratique même de l’élevage agro pastoral ancestral grâce auquel les paysages sont façonnés, entretenus, et la biodiversité préservée. Sans compter la charge financière exorbitante et croissante que les dommages occasionnés par les meutes de loups font peser sur les finances publiques. Dans un rapport parlementaire de 2022, ma collègue de Haute Savoie, Emilie Bonnivard, évaluait à 56 millions d’euros l’enveloppe totale des crédits publics affectée en 2020 au coût généré par la réintroduction du loup !  Est-ce bien raisonnable ?

En début de matinée, ce 4 mai, j’ai appris qu’un loup avait été abattu la veille à Fontenay, au cœur du Charolais. Je tiens à saluer la réactivité de Monsieur le Préfet de Saône-et-Loire et à le remercier au nom des éleveurs qui n’en peuvent plus de vivre dans la crainte d’actes de prédation répétés. Grâce à la réactivité des services de l’État et aux importants moyens déployés, nous pouvons espérer que les attaques vont cesser ; mais force est de regretter que cette pause, si elle se vérifie, ne sera hélas que temporaire. 

Comme je l’ai déjà demandé à maintes reprises, notamment à l’attention des ministres successifs de l’Environnement et de l’Agriculture ainsi qu’à celle de nos représentants au Parlement européen, il est aujourd’hui urgent et impératif de réviser les dispositions beaucoup trop protectrices du loup, contenues dans la convention de Berne et dans le Plan national d’actions sur le loup, et les activités d’élevage en vigueur depuis 2018, qui doit être réécrit cette année. La convention de Berne qui date de 1979 n'est plus adaptée et doit déclasser le niveau de protection du loup, aujourd'hui "strictement protégé » à seulement "protégé", ce qui permettrait une bien meilleure régulation des loups dans l’ensemble des pays concernés. Quant à la nouvelle version du "plan  loup", elle doit enfin autoriser  une mise en œuvre plus rapide de la neutralisation des loups dans la zone attaquée et une augmentation des prélèvements.

La surprotection de ce prédateur qui visait à l’origine de sa réintroduction à lutter contre une possible extinction aboutit aujourd’hui à une surpopulation ; celle-ci est, écrivons-le sans ambages, devenue incompatible avec l’élevage d’ovins, de caprins, de bovins et d’équins.

Bien sûr, la mise à disposition des éleveurs de moyens de protection, comme par exemple les filets entourant les parcelles, n’est pas vaine lorsque la configuration de ces dernières le permet ; ce n’est pas le cas dans notre département où l’élevage se pratique dans un bocage composé de parcelles dispersées, non seulement impossibles à protéger efficacement mais qui impose de surcroît une très importante  charge de travail  aux éleveurs sans garantir pour autant  une  sécurité absolue de leurs troupeaux. C’est pourquoi je continue de demander que soit prononcé le statut de non-protégeabilité de notre territoire à l’instar de zones aveyronnaises. 

N’en déplaise aux associations autoproclamées protectrices du loup et composées essentiellement de citadins dotés d’une connaissance quelque peu bucolique de la ruralité, la finalité de nos élevages n’est pas de nourrir les loups. Aujourd’hui, l’espèce n’est plus du tout menacée mais c’est notre élevage qui le devient ! Et cela, je ne m’y résoudrai jamais ! C’est pourquoi et sans aucune haine à l’encontre d’un animal qui agit comme son instinct le lui commande, j’appelle à un sursaut politique et à des actes forts de l’État à la mesure de la gravité d'un péril qui plonge nombre d'éleveurs et leur famille dans un profond désarroi et un stress continu jusqu'à pousser certains à abandonner leur métier. Cela doit cesser.