Opinion

«Le loup n'est pas le plus grand danger qui pèse sur les éleveurs», clame la Confédération Paysanne de Saône et Loire

Communiqué :
Une autre agriculture est possible !

C'est ce que nous aurions voulu expliquer au ministre de l'agriculture vendredi 23 juin, lors de sa visite en Saône et Loire. A cette occasion, l'ensemble des syndicats agricoles étaient conviés à un « déjeuner de travail » organisé par la chambre d'agriculture. La Confédération paysanne ayant été invitée la veille au soir, nous nous sommes organisés pour quitter nos champs, nos bêtes ou nos vignes pour rencontrer celui qui mène la politique agricole aux effets désastreux dans notre pays. Après avoir essuyé une démonstration d'opposition au salon « Euroforest » à St Bonnet de Joux, qui, d'ailleurs, n'a été que très peu relayé dans les médias, Mr Fesneau, n'a eu le temps d'écouter seulement les représentants de la FDSEA. Nos délégués n'ont donc eu que le loisir de supporter l'argumentaire du syndicat majoritaire bien connu, et pour cause, les tenants de l'agriculture productiviste font la pluie et le beau temps dans toutes les strates du pouvoir !
   

Notre syndicat est pourtant représentatif selon le droit et siège dans les commissions et organes administrés par l'Etat, à la chambre d'agriculture ou les collectivités ! Mais surtout, la Confédération paysanne représente une part non négligeable de ceux qui travaillent la terre, nourrissent la population et façonnent nos espaces ruraux. Cette nouvelle atteinte au pluralisme syndical fait écho au déni de démocratie quant à la dissolution des Soulèvements de la Terre, mouvement contre l'accaparement des ressources que nous soutenons.
Le pouvoir ne veut pas nous entendre, qualifie tout opposant d’écoterroriste, qu'à cela ne tienne... Fort d'un soutien grandissant de l'opinion, nous continuerons de proposer partout notre modèle d'Agriculture paysanne, qui n'a rien de terrorisant et qui seul, est en mesure de répondre durablement aux défis des changements climatiques, du partage des ressources, de l'avenir des générations futures, des revenus et du bien-être des paysans.
Ce n'est pas par goût des gaz lacrymogènes que nous étions à Sainte Soline et dans bien d'autres lieux avec les Soulèvements de la Terre, aux côtés de nombreux citoyens et même des élus de la république. Nous défendons nos ressources communes, notre eau, notre santé, nos paysages, notre alimentation... Dans ce cadre, nous pourrions nous réjouir que la notion de souveraineté alimentaire, portée par la Confédération paysanne depuis des décennies, ait été ajoutée au titre du ministère. La mise en pratique est toute autre...
L'actualité de ces derniers mois et semaines ainsi que les postures adoptées démontrent l'impasse du modèle agricole ayant cours depuis plus de 70 ans.
Certains, sous couvert de la mission de nourrir le monde à bas coût en augmentant toujours les rendements, à grand renfort de pesticides et de machines toujours plus grosses, en se permettant de s'accaparer la terre et l'eau dénoncent toute remise en cause en hurlant à « l'agri-bashing ».
D'autres, s'insurgent contre l'élevage en utilisant des exemples industriels avec des arguments déconnectés des réalités agricoles et rurales, comme dans les vidéos de L214 sur l'entreprise d'engraissement SAS Cabri Production, filiale de LDC, et sur l'élevage de Mr Chevenet.
Pendant ce temps, nous perdions encore un camarade mettant fin à ces jours, son isolement, sa surcharge de travail, son mal-être de paysan.
En Saône et Loire, nous sommes préoccupés par des sujets qui questionnent cette notion de souveraineté alimentaire, les liens que nous entretenons avec la population, l'image que nous lui renvoyons, l'environnement dans lequel nous travaillons et aussi l'avenir de nos métiers sur ce territoire. Monsieur Le Ministre, nous sommes aussi force de proposition...
A propos de l'énergie, nous refusons les choix binaires entre énergie et alimentation. Nous pensons que les surfaces de toitures, de parkings et de friches industrielles sont assez importantes pour y installer des panneaux solaires avant de construire des centrales photovoltaïques sur des terres agricoles. De la même manière, cultiver des champs seulement pour alimenter des méga-méthaniseurs et produire du gaz est antinomique avec la souveraineté alimentaire ! L'artificialisation aux fins d'industrie du loisir, comme le projet ECLAT dans le Tournugeois, participe à cette même contradiction.
Sur la question du loup, nous réaffirmons que ce n'est pas le plus grand danger qui pèse sur les éleveurs, la concurrence déloyale organisée par les traités de « libre échange » est délétère. Cependant, la présence de ce prédateur est inconciliable avec nos élevages ! La politique de « l'autruche » menée par l'Etat laisse les éleveurs sans solution. Nous voulons continuer à produire des viandes, du lait et des fromages de qualités en respectant le bien-être de nos bêtes. C'est pourquoi nous ne les enfermerons pas, que nous ne les engraisserons pas avec n'importe quelle denrée
Au sujet de la lutte contre la flavescence dorée sur la vigne, nous répétons que la chimie et les traitements ne sont pas les seuls moyens possibles à mettre en œuvre. Refuser la généralisation des traitements à l’eau chaude c’est assumer la contamination généralisée des vignobles. Nous pensons comme l’ANSES, que ce traitement serait efficace afin de planter systématiquement un matériel sain et protégerait les zones indemnes.
Nous soutenons l’expérimentation sur l’appellation Puilly Fuissé pour la prospection précoce et multipliée et l’arrachage immédiat des pieds symptomatiques comme alternative à l’usage d’insecticides.
Chers voisins ruraux ou citadins, paysans, consommateurs et usagers de l'espace rural, nous répétons à qui veux l'entendre, qu'une autre agriculture est possible. Retrouvez-nous sur nos fermes, dans nos domaines, sur les marchés à côté de chez vous et débattons-en car, à la Conf', nous ne produisons pas seulement pour « produire » !


La Confédération paysanne de Saône et Loire