Culture

Chantal Ladesou et son personnage baroque ont dégrippé la mécanique du rire à Chalon

Chantal Ladesou et son personnage baroque ont dégrippé la mécanique du rire à Chalon

Ce fut, en ce dimanche 12 novembre à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, le retour –en fanfare-des Théâtrales chouchoutées par Pascal Legros Organisation. Comme à l’accoutumée, le grand espace a fait salle comble. Pas étonnant, car Chantal Ladesou y a opéré en qualité de vedette par le biais de la comédie « 1983 » engendrée et mise en scène par Jean-Robert Charrier. Du rire à profusion.

Une mise en quarantaine intentionnelle

La collection de mode de Michèle Davidson (Chantal Ladesou) a rencontré un succès phénoménal au début des années 80, et l’artiste a éprouvé le légitime besoin de couper afin de se refaire la cerise pour repartir comme si de rien n’était. Le hic, c’est que le temps qui passe lui a fait la nique, la doublant sans un regard dans le rétroviseur. D’une courte période de répit la créatrice a cumulé les ans en s’isolant de la civilisation, au point de ne reprendre pied qu’en…2022 ! Alors le parallèle entre ce que d’aucuns appellent le bon vieux temps jadis, et d’autres  la contemporanéité immédiate, n’a pas manqué d’alimenter les truculents débats. L’imparable déphasage aura mis en joie un public gavé de souvenirs d’un passé révolu. « Est-ce que Mitterrand est toujours président ? » Les euros, quèsaco ? Quid de Lady Di, de la RDA, de Coluche… ? Le bon vieux téléphone à roulette, l’antique Minitel, tous objets hors d’âge, ont retrouvé, peu ou prou, de leur lustre d’antan, notamment opposés à leurs successeurs ayant trouvé grâce au moyen des bonds technologiques : l’ordinateur, internet, le portable…une sorte de satire du temps présent avec parfois ses excentricités, et de la désuétude d’autrefois qui ne dit pas son nom, mais qui l’affiche ouvertement !  

Des ondes de choc se sont propagées

L’extravagance faite femme ! Avec son style brut de décoffrage, peu académique car très olé olé, son ego surdimensionné, Michèle mène la danse. Rugueuse, elle lutte pied à pied à l’aide de son phrasé légendaire mâchoires crispées, suscitant immanquablement la légèreté dans les travées. Tant qu’à être là, alors autant boire le calice jusqu’à la lie ! Elle n’a de cesse d’échanger des propos amers avec son assistant Bernard, un bougre quelque peu déglingué. Ne valant guère mieux, bien que sous des dehors beaucoup plus formatés, une inspectrice de la police nationale fait irruption comme un chien dans un jeu de quilles…N’omettons pas l’outrancière influenceuse, là pour symboliser l’art et la manière de transformer l’eau en vin d’une manière exubérante…Agitez l’ensemble, et vous obtiendrez un cocktail explosif propre à une singulière pièce de boulevard durant laquelle le rire désinhibiteur a toute sa place. Et au moment de l’au revoir, c’est Chantal Ladesou qui prit les choses en main en incitant les spectateurs à se quitter festivement, de par le ban bourguignon placé sur orbite. Il y avait pire comme dénouement heureux !

La prochaine fois des Théâtrales

Ce sera au tour de la pièce « Drôle de genre », laquelle se déroulera le dimanche 17 décembre à 16h30 à l’Espace des Arts, avec dans les rôles principaux Victoria Abril et Lionnel Astier.

                                                                                                                Michel Poiriault

                                                                                                                 [email protected]