Opinion de gauche

"On ne peut pas combattre l'antisémitisme et marcher avec ceux qui l'instrumentalisent" pour le NPA 71

Les actes antisémites qui se sont développés ces dernières semaines suscitent une peur et une émotion bien légitimes dans une grande partie de la communauté juive en France. Le NPA a réaffirmé sa solidarité à l’égard des personnes victimes d’actes antisémites, et continuera de lutter avec énergie contre l’antisémitisme et contre tous les racismes. 

Pour autant, le NPA n'a pas marché ce dimanche 12 novembre aux côtés des représentants de la minorité au pouvoir, de la droite extrême et de l’extrême droite. Les présidents des deux chambres ont appelé, sur une idée originale d’Olivier Faure du PS, à une manifestation contre l’antisémitisme, suscitant bien des interrogations sur le positionnement politique, et en particulier sur les forces qui devaient composer ce cortège. Mené par la macronie, le nouvel « arc républicain » va désormais jusqu’au RN, rien de moins, et exclut les forces politiques qui s'opposent farouchement à la doctrine régressive et répressive du régime en place ! Pourtant, l’extrême droite a été et est encore aujourd’hui dans les faits un des premiers vecteurs de l’antisémitisme en France, sous ses formes les plus violentes et brutales. Nul doute que la journée de dimanche a marqué une nouvelle étape dans la confusion politique actuelle. Cette banalisation de l’extrême droite, qui accompagne le cheminement de plus en plus autoritaire pris par ce gouvernement, est lourdement chargée d'effroi et de dégoût.

Depuis plusieurs mois, les dernières digues sanitaires qui entouraient le Rassemblement National ont progressivement volé en éclats. Et cette marche du 12 novembre illustre formidablement s'il le fallait cet effondrement. Marine Le Pen et des députés RN ainsi que Eric Zemmour, condamné à de multiples reprises pour injures et provocations à la haine raciale, ont pu tranquillement défiler dimanchecontre l'antisémitisme, dans l'indifférence générale, récoltant en prime un brevet d'honorabilité. A droite cela fait un moment, mais même chez certains à gauche, le RN n'est plus le diable. En tout cas moins que le NPA et nos camarades de LFI, vilipendés de toutes parts depuis leur refus de qualifier le Hamas d'organisation terroriste. Ce que refusent de faire par ailleurs la très large majorité des spécialistes en droit international. Le NPA est aujourd'hui poursuivi pour « apologie du terrorisme ». Demande t-on à ces « miliciens de la pensée » de qualifier Israël « d’État terroriste ? »

Loin de tout ce confusionnisme, nous continuons à lutter contre l’antisémitisme, ce combat fondamental de l’antiracisme, y compris contre ceux qui veulent faire croire que l’antisionisme serait un nouvel antisémitisme. La solidarité avec le peuple palestinien ne saurait tolérer aucun amalgame, aucun acte antisémite, que nous condamnons fermement. Le sionisme est le projet d’un État colonial, et dans ce cadre, critiquer, manifester son désaccord, combattre la politique de l’État d’Israël, sa nature même, n’a rien à voir avec le fait de stigmatiser ou de s’en prendre aux personnes de confession ou de culture juive. Assimiler la politique de l’État d’Israël et l’ensemble des juifs, ce serait faire croire qu’il y aurait une communauté d’intérêts entre eux. Pourtant, on peut être de confession ou de culture juive, tout en étant farouchement opposé à l’État d’Israël, comme le sont nos camarades de l’UJFP (Union juive française pour la paix) mais aussi bien d’autres groupes ou personnes dans le monde. À l’inverse, la défense inconditionnelle de la politique d’Israël, de l’épuration ethnique actuellement menée par le gouvernement israélien d’extrême droite à Gaza et en Cisjordanie, ont pour conséquence d'alimenter et de renforcer l’antisémitisme.

La gauche sociale et politique doit être au premier rang des combats antiracistes, dont celui contre l’antisémitisme, mais cela ne peut se mener qu’en toute clarté, sans arrière-pensées.

Si la plupart des forces politiques de Gauche (Le PS, le PCF, EELV) en participant à ce simulacre de cohésion nationale sont tombées dans le piège mortifère de légitimation et de notabilisation du RN, par facilité ou par calculs purement politiciens, le NPA, LFI et d'autres organisations de la gauche radicale, la plupart des forces syndicales (CGT, FSU, Solidaires, FO), ont refusé de prendre part à ce défilé des faux semblants.

Une grande initiative de mobilisation populaire, antiraciste et antifasciste, reste à construire. Elle est nécessaire et urgente !

Tout comme l'appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, étrangement absent dans la marche de ce dimanche 12 novembre…

Jean-Guy Trintignac, NPA 71