Saône et Loire

Cécile Untermaier, députée de Saône et Loire, interpelle le Garde des Sceaux sur les conditions de travail des surveillants pénitentiaires

Cécile Untermaier, députée de Saône et Loire, interpelle le Garde des Sceaux sur les conditions de travail des surveillants pénitentiaires

info-chalon.com diffuse l'intégralité du courrier adressé par la députée de Saône et Loire au Garde des Sceaux. 

 

Monsieur le garde des Sceaux, 

Mon attention a été appelée par les représentants de l’antenne du syndicat UFAP-UNSa Justice du centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand au sujet de la situation dans les prisons de notre pays. Nous avons abordé la question essentielle de la surpopulation carcérale : avec 77 450 détenus en France au 1er avril 2024 pour une capacité opérationnelle de 61 737 places, soit une densité moyenne de 125,4 %, le système pénitentiaire est à bout de souffle. Les personnels, aussi bien les surveillants que les administratifs, en subissent les conséquences.

A cette problématique viennent s'ajouter les carences en effectifs qui perdurent avec de nombreux postes vacants (démissions, recrutements difficiles...) Plus de personnes incarcérées, plus de tâches à accomplir (notamment les extractions judiciaires) et moins de personnel pour les prendre en charge : le cocktail s'avère explosif. 

Les intéressés m'ont fait part de leur lassitude et de leur inquiétude face à un dispositif qui ne s'améliore pas. Leur métier en souffre et l'impossibilité d'un travail sérieux en matière de réinsertion vient heurter leur exigence et leur volonté de faire évoluer de la manière la plus utile ce métier d'acteur de la justice. Ils m'ont confié leur sentiment d'être en danger et que des accidents graves pouvaient survenir à tout moment. 

Cette situation vous la connaissez, nous en avons longuement parlé pendant l'examen de la loi de programmation sur la Justice. La constance de la crise actuelle fait perdre la confiance dans l'avenir de cette profession, pourtant essentielle à la sécurité de notre pays. 

Hélas, le transfert d'un détenu s'est soldé tragiquement ce 14 mai. Une enquête interne nous permettra d'en savoir plus sur les conditions matérielles inhérentes à ce type d'opération. Un mouvement de grève national s’est logiquement ce mercredi 15 mai, au lendemain de cette attaque mortelle d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure. 

D’autre part, les Jeux olympiques vont avoir un impact important sur tout le système pénitentiaire (mobilisation des personnels, incarcérations en hausse...) et ne manquent pas d'inquiéter également ces professionnels. 

Je tenais à vous informer de cette situation extrêmement tendue, mise en lumière avec cet évènement tragique, et vous transmettre les principales revendications du syndicat. Ce dernier demande une réforme statutaire pérenne pour tous les personnels et une véritable prise en compte du métier de surveillant, la mise en place de peines alternatives avec les moyens humains nécessaires, et le paiement rapide des nombreuses heures supplémentaires effectuées par les agents. 

J'ajoute pour ma part la question désormais prégnante des conditions de sécurité s'agissant des transferts et des alternatives possibles à ces transferts. D'ailleurs, une mission de la commission des Lois devrait être lancée à ce sujet dans la droite ligne de nos préoccupations partagées. 

Je vous remercie de l’attention particulière que vous voudrez bien porter à cette lettre et en particulier à ces revendications, et vous prie d’agréer, Monsieur le garde des Sceaux, l’expression de ma haute considération.