Faits divers
Région de Tournus : Facebook, enfants de moins de 15 ans et pédophilie
Par FSA
Publié le 19 Juillet 2024 à 17h31
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La petite avait 12 ans. Il le savait, mais ça n’a rien empêché, c’était même ça qui l’attirait. Par messagerie interposée, ils ont dialogué. « Il y a 173 pages d’échanges » dit la présidente.
Ce jeudi 18 juillet, un homme âgé d’une quarantaine d’années qui vit aux environs de Tournus, est jugé pour « propositions sexuelles faites à un mineur de (moins de) 15 ans par un majeur utilisant un moyen de communication électronique » et « détention de l’image d’un mineur présentant un caractère pornographique ».
Les faits
L’association Les enfants d’Argus fait un signalement sur la plateforme PHAROS*, en 2023. Monsieur XX avait envoyé une invitation sur Facebook à une enfant âgée de 12 ans. Le contenu des échanges est « sans équivoque » dira le procureur : thématique sexuelle et demande d’affection. D’un côté le cru (avec demandes de gestes et de photos – sans demande de rencontre pour autant mais qu’importe, pour la petite il ne peut y avoir que du mal), de l’autre le doux.
Suite au signalement, la brigade de recherche de Louhans est saisie. L’homme est placé en garde à vue en décembre 2023. Il reconnaît, tout. Il dit qu’il a « un fantasme » et « une attirance pour les jeunes de 12-13 ans ». Il a été en contact avec 6 mineures.
13 photos de mineures, dénudées, et des centaines de fichiers porno
Il n’a pas qu’un fantasme, il a aussi une personnalité « immature ». L’expert psychiatre l’écrit, on y reviendra. La procédure a pris un peu de temps. Son matériel informatique et son smartphone sont saisis : les enquêteurs y trouvent 13 photos de mineures, dénudées, et des centaines de fichiers porno. L’historique de ses recherches raconte que l’homme, seul chez lui, avait en effet un penchant orienté.
« Et les conséquences sur ces enfants ? »
Sur le fantasme, le prévenu – qui n’est pas sans capacités mais donne à entendre comme une faiblesse d’esprit, son avocate, Laurence Grenier-Guignard en parlera bien – est clair et rien ne permet de douter de sa parole : « Quand je vois une fillette dehors, ça ne m’excite pas, ça ne me fait rien. »
Rien ne permet de douter… La présidente, doute, elle, car il a dit le contraire pendant sa garde à vue. « Et les conséquences sur ces enfants ? »
« Les enquêteurs m’ont ouvert les yeux. J’ai pas eu le déclic de moi-même »
Le 21 mai dernier, il est de nouveau placé en garde à vue. Il y explique que la première GAV lui a « fait un choc », et qu’il est désormais conscient que « c’est pas bien », et qu’il ne le refera plus jamais. Donc il regrette fort, mais reconnaît qu’il ne sait que c’est « pas bien » que depuis que « les enquêteurs m’ont ouvert les yeux. J’ai pas eu le déclic de moi-même. »
Personnalité « immature » et trouble paraphilique
Qu’écrit l’expert psychiatre ? Cet homme ne souffre d’aucun trouble mental. Il a une « personnalité névrotique immature », une « personnalité carencée ». Donc pas d’abolition ni d’altération du discernement, mais « un trouble paraphilique de type pédophilie ».
En garde à vue, le prévenu se défendait ainsi : « J’ai pas touché, j’ai pas violé, j’ai pas kidnappé. » Bon, il avait quand même connaissance de ce qui se fait de plus sordide.
« Déprimé, inhibé, et seul »
Cela dit, autre point de personnalité, avéré : « Je suis super timide, j’irais jamais parler à une fillette en vrai. » Il irait encore moins parler à une femme de son âge. « J’ai un blocage. » Son avocate le résume ainsi : « Déprimé, inhibé, et seul. »
Un fantasme, c’est que dans la tête, et ce n’est pas réprimé par la loi
Fils unique d’une femme devenue veuve alors qu’il avait 12 ans. Le garçon arrête sa scolarité en 4ème et se met au travail. « Le travail a une valeur, pour lui. » Sur le plan affectif et sur le plan sexuel, c’est difficile. Alors il bosse. Mais, après le travail, au lieu de se tripoter en fantasmant tout seul, il est allé se connecter en oubliant que le « virtuel » porte très mal son nom, et qu’en sollicitant des gosses déjà dotées de comptes sur les réseaux dits sociaux, non seulement il commettait des délits mais en plus, tout cela avait des répercussions au minimum dommageables voire désastreuses, sur les enfants en question.
« Manque de tendresse et d’affection »
Une relation de 6 mois avec une femme mariée a mis le travailleur en grande difficulté : la femme s’est visiblement servi de son « manque de tendresse et d’affection », lui a fait faire deux crédits à la consommation et le voilà surendetté.
Du coup, il ne se soucie plus de faire des rencontres IRL comme on dit. C’est trop dangereux pour lui.
IRL pour « In Real Life », traduit par « dans la vraie vie » sauf que IRL, ça fait « irréel ». On a mis un tel bazar dans les réalités qu’il est peut-être difficile pour les enfants comme pour les esprits immatures de savoir que le virtuel est réel, que c’est aussi la vraie vie.
Parents et exemplarité, une relation pas évidente
Au passage, les parents qui mettent des photos de leurs enfants sur Facebook mais qui font déjà, en « bons parents » la leçon aux dits enfants sur les dangers d’internet, devraient se soucier de donner l’exemple en commençant par ne pas exposer leurs enfants**. Sans exemplarité dans leur comportement, tous leurs discours font faire flop.
« Est-ce que vous êtes en demande de soins ? »
Revenons au prévenu qui dit aux juges « Je sais que je suis malade, j’ai besoin de me faire soigner. » La présidente lui pose une question cruciale : « Est-ce que vous êtes en demande de soins ? » Et l’homme de lui répondre : « Ben oui, je suis très anxieux et angoissé. Depuis 8 mois, ça me ronge. » C’est qu’il a une peur bleue d’aller en prison. Il a cette phrase qui signe décidément son profil : « La prison, c’est pas idéal pour tout le monde. »
« Il y a des interdits moraux et des interdits légaux »
Le procureur est bien conscient que l’homme n’est pas un prédateur. Pour autant ce qu’il a fait est grave et ne doit pas se reproduire. « Il a agi en connaissance de cause, dans un domaine réprimé par le code pénal. » Pas d’altération du discernement, et « troubles pédophiles » : il faut « des soins dans un cadre contraint ». Le magistrat demande une peine de 15 mois avec sursis (casier néant pour le moment), et un suivi socio-judiciaire (SSJ) pendant 5 ans (18 mois de prison au cas où), et une interdiction de contact avec des mineurs pendant 10 ans. « Il y a des interdits moraux et des interdits légaux, j’espère que monsieur l’a bien compris. »
Maître Grenier-Guignard s’attache à dresser le portrait d’un homme « ancré dans la déprime », « totalement solitaire », très « inhibé » mais pour qui travailler a sens et valeur et qui est « très volontaire pour des démarches de soins ».
5 ans de SSJ
Le tribunal dit le prévenu coupable, le condamne à la peine de 15 mois de prison avec sursis, à un SSJ de 5 ans (18 mois de prison au cas où) avec deux obligations particulières : une injonction de soins et une interdiction de contact avec des mineurs.
Peine complémentaire : interdiction d’exercer toute activité (professionnelle comme bénévole) au contact de mineurs pendant 10 ans.
Le tribunal constate l’inscription au FIJAIS.
« Monsieur, il faudra prendre vos dispositions pour vous tenir éloigné de toute personne de moins de 18 ans. »
FSA
* https://www.internet-signalement.gouv.fr/PharosS1/
** https://www.cnil.fr/fr/partage-de-photos-et-videos-de-votre-enfant-sur-les-reseaux-sociaux-quels-sont-les-risques



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