A lire
Avec son roman "Lettre morte", la romancière Nathalie Garance vole au-dessus d'un nid de coucou
Publié le 03 Septembre 2016 à 15h06

Avant que vous ne sachiez plus où donner de la tête en cette période de "rentrée littéraire", Info-Chalon.com vous conseille la lecture d'un excellent roman, édité par une maison d'édition locale, et paru en juillet : "Lettre morte", de Nathalie Garance.
Vol au-dessus d’un nid de coucou. Les moins de vingt ans ne connaissent sans doute ni le roman de Ken Kesey (1), ni le film qu’en a tiré Milos Forman en 1975 (2). Ils préfèrent pour la plupart débusquer des Pikachu derrière un fourré, une statue de Lamartine ou, avant que certains ne s’en émeuvent à juste titre, sur une plaque commémorative d’Auschwitz (3)… C’est bien dommage.
C’est bien dommage car ils passent à côté de ce qui demeure sans doute la meilleure vulgarisation des idées défendues par l’ Antipsychiatrie, ce « mouvement critique des thèses de la psychiatrie traditionnelle né en Grande-Bretagne dans les années soixante » (4), défendant défend le point de vue selon lequel les traitements psychiatriques sont plus nuisibles que thérapeutiques, et que la psychiatrie est un instrument coercitif de l'oppression, en raison de la distribution inégale du pouvoir dans la relation médecin-patient, combiné avec un processus diagnostique qui lui paraît très subjectif. Or, à l’heure où les « chances » pour un individu de tomber dans les mains de tels énergumènes se démultiplient, en raison de l’anomie « naturellement » sécrétée par nos sociétés occidentales et un système capitaliste devenu incontrôlable en raison de décennies de « dérégulation » et de financiarisation de l’économie, ne pas ou ne plus avoir le réflexe de se méfier des « petites pilules ro-roses » (5) et de ceux qui les prescrivent, comme y incitait l’antipsychiatrie, devient problématique. En effet, toutes les conditions pour que s’instaure un système prompt à, comme disait Michel Foucault, « enfermer le dehors» (6), c’est-à-dire tout ce qui ne rentre pas dans le rang – celui de la « société de marché » et de la décérébration des humains qu’elle implique –, sont désormais réunies… Tenez-le vous pour dit : on va vous faire aimer l’an deux mille, un avenir qui dure longtemps, et ceci jusqu’à en crever… On va vous forcer à être libre d’aimer Big Brother, Pokemon Go ® et les dernières saloperies conçues pour vous faire consommer donc, de nos jours, exister.
Bien dommage, donc, que les moins de vingt ans, et sans doute l’immense majorité de leurs géniteurs, ne connaissent pas Vol au-dessus d’un nid de coucou. Ceci étant, on ne va pas non plus passer des heures là-dessus. En outre, quand on observe l’inculture crasse des dirigeants, quand Nadine Morano situe spontanément le Népal en Afrique (7), quand Frédéric Lefebvre confond le nom d’une chaîne de vêtements de prêt-à-porter (concept intéressant le "prêt-à-porter"...) avec un conte philosophique de Voltaire (8), quand l’ex-ministre de la Culture est incapable de vous citer le titre d’un roman du prix Nobel de littérature - le Français Patrick Modiano – (9), il ne faut pas non plus trop reprocher aux jeunes générations de ne pas faire mieux que les prétendues élites de la nation. Et puis, surtout, grâce à l’excellent roman de Nathalie Garance, Lettre morte (10), à défaut de connaître le mot (« Antipsychiatrie »), ils vont pouvoir se familiariser avec la chose (la critique de la psychiatrie et des établissements publics la pratiquant). Ceci dès les premières pages du roman, dans lesquelles le protagoniste, dont on ignore tout, fait un rêve érotique genre « ouvre la fenêtre qu’on respire un peu », puis se réveille attaché sur un lit d’hôpital aux draps puant le propre et le détergent, avant de se faire violer par un infirmier qui, une fois sa besogne terminée, « s’arrache de lui brusquement, le regarde en se rhabillant », « retrouve des gestes professionnels », « attrape un morceau de papier et efface ses traces comme il prodiguerait un soin » (10).
Mieux : grâce au roman de Nathalie Garance, tout lecteur pourra réapprendre à se méfier des psychiatres, de leurs méthodes et de leurs injonctions à une normalité discutable, mais pourra dans le même temps savourer un excellent roman, mixant polar, série noire et policier. Un roman dans lequel Nathalie Garrance fouille avec brio les coins et recoins du cerveau de son protagoniste et de ses personnages plus secondaires, les relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres. Un peu comme le faisait Georges Simenon ou, plus subtile encore, la défunte Patricia Highsmith. Le tout en moins de 160 pages. Brillant !
Bref, à se procurer et à lire sans hésiter.
S.P.A.B.
(1) Ken Kesey, Vol au-dessus d’un nid de coucou, Livre de poche, (1962) 2013
(2) Milos Forman, Vol au-dessus d’un nid de coucou, 1975, 2 h 09 mn
(3) Lire l’article de L’Express :
(4) Le siècle rebelle. Dictionnaire de la contestation au XXème siècle, sous la direction d’Emmanuel de Waresquiel, Larousse, 1999, p 43
(5) Didier Bourdon, dans L’hôpital, sketch des Inconnus :
https://www.youtube.com/watch?v=RFLxu5_m3r8
(6) La formule exacte de Foucault est : « enfermer le dehors, c’est-à- dire, le constituer en intériorité d’attente ou d’exception ».
(7) Lire l’article de Francetv Info :
(8) Voir la vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=aSOmAH93DTg
(9) Lire l’article du Journal du dimanche :
http://www.lejdd.fr/Politique/Remaniement-Fleur-Pellerin-paye-une-erreur-de-casting-772501
(10) Nathalie Garance, Lettre morte, Les éditions Mutine, juillet 2016, 158 p, 15 euros
(à d., Nathalie Garance, en compagnie de son éditrice : Marie-Thérèse Mutin)



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