Culture
Rencontre avec Chantal Eden, Folly Afahounko et...« le monde de Hopi »
Publié le 21 Novembre 2017 à 17h04
Face à son « book », sa vie en coupures de presse, le journaliste que je suis a presque eu honte de ne jamais en avoir entendu parler. Fort heureusement, Chantal Eden ne s’est pas le moins du monde offusquée qu’on puisse ne pas le connaître. Du coup, la rencontre, organisée par Folly Afahounko (professeur d’arts à EMA Fructidor, plasticien et photographe), s’est très bien passée. Le retour d’info-chalon.com.
Originaire de Maiche, en Franche-Comté, Chantal Eden a fait un assez long détour par la Belgique où, excusez du peu, elle s’est hissée tout en haut du Top 50, avec des chansons prisées des enfants et de leurs parents. C’était à la fin des années 1990, plus exactement en 1999. Elle avait alors 38 ans.
Des sommets du Top 50 belge…
En Belgique, un beau jour de cette année-là, sur une radio nationale, Fréquence Wallonie de RTBF, le standard explose, dans l’émission de Serge Van Halewijn. Chantal Eden présente son premier album « Le chemin du bonheur », dont un certain Guy Mattéoni* a signé les arrangements. Le standard explose parce que le public réclame l’artiste. Trois semaines après, elle entre au Top 50 des meilleures ventes d’albums de la RTBF et y reste pendant cinq mois, avant d’enchaîner par un deuxième album, qui se propulsera aussi au sein de ce prestigieux classement. Malgré un début de carrière fulgurant, le succès ne lui monte pas à la tête. C’est même le contraire. En revanche, elle bosse, elle tourne. En quelques mots : elle n’arrête pas. Belgique, Suisse, Allemagne, Québec, sud de la France, elle est très vite partout. Dans le même temps, elle se montre extrêmement disponible pour les écoles. Les enfants, déjà, c’est une immense partie de sa vie, peut-être toute sa vie. Ce qui explique sans doute qu’elle et Folly Afahounko se soient attelés à la réalisation d’un projet qui leur est avant tout destiné.
…à la conception d’un projet ambitieux pour les enfants
Quel projet ? Celui consistant à donner vie au « Monde de Hopi », en une vingtaine de tomes. Au début de cette aventure, il y a l’imagination débordante de Chantal Eden. Dans sa tête, naît l’idée d’un conte qui mettrait en lumière la philosophie des indiens « hopis », ainsi que des sagesses présentes dans de nombreuses légendes ou mythes, tous pays confondus. Une entreprise digne de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, dont la tétralogie des Mythologiques ne finit pas de fasciner tous ceux qui s’intéressent à ce champ de la connaissance. Sauf que Chantal Eden ne veut pas tant compiler et disséquer ces sagesses que les mettre à disposition à des enfants, pour que ceux-ci en profitent, dans le sens noble du terme. Car les enfants, le psychanalyste Bruno Bettelheim l’a très bien démontré dans un ouvrage de référence**, ont tout à gagner, pour leur équilibre psychique et humain, de la lecture de contes.
A la recherche de l’illustre illustrateur
L’idée à peu près arrêtée, elle se lance. Avec un premier dessinateur, d’abord. Celui-ci, indéniablement talentueux, n’a toutefois pas des illustrations en totale adéquation avec le projet. Et, de fait, en observant ses dessins, votre infochaloniste s’est dit que celui-ci était plus un artiste amené à régaler les lecteurs du Journal de Spirou, ce qui n’est rien moins qu’un immense compliment dans la bouche d’un homme vouant une admiration sans bornes à Franquin, Cauvin, Peyo et tous ces grands dessinateurs de la « Belgian connection ».
A la suite de cette première tentative, Chantal Eden cherche donc l’illustrateur de ses rêves. Revenue vivre à proximité de la région qui l’a vue naitre, elle finit par le trouver, en contactant EMA Fructidor. L’école d’arts la met alors en relation avec Folly Afahounko. Le courant passe, très bien même. Et depuis, ils ont réalisé le premier tome du « Monde de Hopi » : Le voyage de Giorgio.
Un univers à part entière, celui du « Monde de Hopi »
« Hopi », c’est le personnage principal, mais il n’émergera vraiment qu’à partir du tome 2, en cours de réalisation, et même plutôt bien avancé étant donné les ébauches que votre infochaloniste a pu regarder en exclusivité.
« Hopi » est un lutin qui possède, sans le savoir, les plus grands pouvoirs magiques du monde des lutins. A travers lui, les enfants vont découvrir ces fameuses sagesses ancestrales de tous les pays, accéder à des « codes » et des « outils » qui leur permettront de mieux vivre leur vie d'enfants et, plus tard, d'adultes.
« Nous sommes à Bellagio, en Italie. Dans ce magnifique village vit un boulanger très singulier. Giorgio est un homme passionné par son métier. Il aime ce qu’il fait et il y met tout son cœur. Quand il fait le pain, il pétrit la pâte avec infiniment d’amour et tout son être. De son cœur à ses mains, il sait faire passer ce quelque chose qui va en faire un pain différent, parce qu’il a l’intention de donner à travers cela, le meilleur de lui. » C’est ainsi que commence l’histoire, toute l’histoire qui se déroulera sur vingt tomes. Elle se poursuit par un songe que fait ce boulanger qui fait son pain avec infiniment d’amour et ne cesse de penser que la terre ne tourne plus très rond, et que les gens sont de plus en plus absents à eux-mêmes – « aliénés », aurait dit Marx ou, un peu plus tard, son actualisateur Guy Debord.
En fait, dès les deux premières pages, on est embarqué et on ne peut plus s'extraire de ce monde. Est-ce en raison des illustrations littéralement envoutantes de Folly Afahounko ? De l’écriture de Chantal Eden ? De l’univers que ces deux-là ont réussi à faire naître ? Difficile à dire. Une seule chose est sûre, c’est à mettre bentre les mains d’enfants. En effet, c'est Beaucoup moins dangereux qu’un smartphone et bien plus en phase avec l’Emile de de Jean-Jacques Rousseau, même si ce dernier rechignait à l’idée que l’enfant puisse apprendre à lire trop tôt, sans avoir eu le temps d’être, précisément, un enfant. En plus, cela ferait un excellent scenario de pièce, si d’aventure on souhaitait monter un spectacle avec des scolaires.
Vous voulez découvrir « le monde de Hopi » ? Sachez alors que Chantal Eden et Folly Afahounko présenteront publiquement leur projet ce vendredi 24 novembre 2017 à 18 H 30, en la salle des fêtes de St Maurice-en-Rivière (Grande Rue). Sinon, consultez le site d’ « arc-en-ciel production »***.
Samuel Bon
(Photo en Une : Chantal Eden et Folly Afahunko)
*Connaître un peu mieux Guy Mattéoni :
https://www.franceinter.fr/personnes/guy-matteoni
** Bruno Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées, Pocket, (1976) 2013, 477 p
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