Chalon sur Saône

Les travailleurs en temps de guerre virale ont la parole – Une pharmacienne chalonnaise témoigne

Les travailleurs en temps de guerre virale ont la parole –  Une pharmacienne chalonnaise témoigne

Nous achevons la 4e semaine de confinement, décrété mardi 17 mars. En cette période de crise, les commerces autorisés à rester ouverts sont les baromètres de l’état d’esprit de la population. Une pharmacienne de quartier accorde quelques minutes de son temps précieux pour répondre aux questions d’Infochalon, nous la remercions.

Quelles précautions avez-vous mises en place dans votre pharmacie ? 

Dès le lundi 16 mars, nous avons mis des affiches rappelant les gestes sanitaires essentiels et des marquages au sol pour identifier la distance de sécurité de 1 mètre. Et bien sûr, nous portions déjà un masque, des gants et une blouse. Par ailleurs, les clients n’ont plus accès aux produits courants, ils ne peuvent plus se servir eux-mêmes, toujours dans le but d’éviter au maximum les contacts sur les emballages.

Ces gestes barrière : pouvez-vous les rappeler ?

  • Se laver les mains très régulièrement ;
  • Utiliser un mouchoir à usage unique et le jeter ;
  • Tousser ou éternuer dans son coude ou dans un mouchoir ;
  • Saluer sans se serrer la main, éviter absolument les embrassades ;
  • Si vous êtes malade, porter un masque jetable (prescrit par votre médecin).

Sont-ils respectés par tous les clients ?

C’est compliqué. Dans les faits, peu de gens respectent la distance de sécurité de 1 m. Les clients gardaient le plus souvent leurs habitudes : poser leurs sacs sur le comptoir, s’y accouder… C’est pourquoi nous avons installé des vitres plexiglas une semaine après le début du confinement. Et, pour respecter ces distances, nous limitons le nombre de clients à l’intérieur de l’officine.

La clientèle a-t-elle modifié ses habitudes de consommation ?

Avant le confinement, les clients achetaient en réserve des produits d’hygiène : gel hydroalcoolique, lingettes désinfectantes, savons… Nous avons été en rupture de stock de gel hydroalcoolique dès le 29 février. Depuis le 17 mars, nous avons reçu des directives : limiter la vente de gel à 1 flacon par foyer. Les pharmaciens ont, depuis quelques semaines, l’autorisation de fabriquer le gel hydroalcoolique. Pour des raisons de pénurie de flaconnage, certains clients viennent avec leurs propres flacons.

En ce qui concerne les masques, nous devons rappeler qu’ils sont actuellement réservés aux personnels de santé exclusivement. Nous attendons de nouvelles directives prochainement pour savoir si nous pourrons vendre des masques en tissu.

Enfin, la vente de paracétamol a augmenté elle aussi. De la même façon, les directives sont, pour l’heure, de limiter la vente à une boite par personne, 2 boites en cas de fièvre.

Observez-vous un changement dans le moral de vos clients ?

Le stress est évident, nous recevons beaucoup d’appels téléphoniques surtout en ce qui concerne la vente de masques. On peut parfois sentir une légère agressivité, mais, dans ce quartier, il n’y a pas de violences.

Votre chiffre d’affaires s’en ressent-il ?

Depuis la mi-mars, nous enregistrons une légère baisse, bien qu’il soit trop tôt pour le dire. La clientèle de quartier reste la même. Ce doit être plus sensible pour les officines qui ont une clientèle de passage importante.

Un dernier mot ?

J’aimerais insister sur les gestes barrières que nous devons tous respecter et parmi eux, le lavage des mains, impératif dès qu’on rentre de l’extérieur, et réguliers dans la journée, même chez soi. Quand on est dehors ou dans un magasin, il faut également penser à ne pas se toucher le visage ; c’est un geste inconscient, fréquent, d’où la nécessité d’être vigilant.

Enfin, il est recommandé de grouper ses achats et limiter ses sorties. Certaines personnes n’ont pas changé leurs habitudes et viennent à la pharmacie plusieurs fois par jour : c’est une attitude à risque. Ces personnes multiplient les contacts (avec les gens, les surfaces, les objets), donc le risque de propagation du virus, pour elles comme pour les autres. En période de crise sanitaire, la vigilance doit primer sur les habitudes. 

Propos recueillis par Nathalie Dunand

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