Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Quatre Gilets Jaunes condamnés pour dissimulation de leurs visages

TRIBUNAL DE CHALON - Quatre Gilets Jaunes condamnés pour dissimulation de leurs visages

Quatre personnes impliquées dans le mouvement des gilets jaunes ont été jugées hier jeudi 10 septembre selon la procédure de CPV à l’audience des comparutions immédiates. Poursuivis pour dégradations de biens publics et dissimulation du visage sans motif légitime, ils ont été relaxés pour une part et condamnés pour l’autre.

Manifestations du mouvement des gilets jaunes, grève historique des avocats, Covid-19 et confinement national : l’année scolaire 2019-2020 n’en finit pas de s’écluser pour une partie importante de la population et la justice éponge ses dossiers. C’est ainsi que deux femmes et deux hommes étaient convoqués hier pour avoir, le 28 septembre 2019 prolongé une manif à Lons-le-Saulnier par une opération « péage gratuit » improvisée, sur l’A39 à hauteur de Beaurepaire-en-Bresse.

Violation du contrôle judiciaire : le vent du boulet a soufflé

Seuls deux prévenus sont venus, le visage masqué car c’est obligatoire en ce moment. Une femme de 30 ans, mère de deux petits-enfants, son casier est néant ; un homme de 36 ans, père de 4 enfants, 4 condamnations à son casier, dont une pour violence sur un policier ou un gendarme en janvier 2019, sur une manif gilets jaunes. La femme avait enfreint l’interdiction d’aller sur ces manifestations dans le cadre du contrôle judiciaire : mandat d’amener, juge des libertés et de la détention, menace d’incarcération en détention provisoire, ça a bien marché elle a eu très peur.

Aux domiciles, tout le matos du manifestant

Les gilets jaunes sont traités comme des délinquants puisqu’on est délinquant lorsqu’on commet une infraction, mais malgré tout, dans la tête, c’est pas ça : cette femme explique à quel point elle était investie dans des revendications sociales, et pas du tout dans une démarche de casseur ou de délinquant, justement, à tel point qu’on a trouvé aux domiciles tout le matos du manifestant, cache-col ou cagoule comprises, pourquoi se cacher quand on est dans la légitimité ? Le tribunal reproche les moyens employés. L'APRR a fait constater les dégâts par huissier. Caméras et cabines empêchées par du film plastique, barrières démontées.

Ils ne contestent rien sauf la volonté de casser, puisqu’ils n’ont rien cassé

On identifie ces gens qui s'étaient recouvert le visage grâce à leurs vêtements etc., en comparant avec des photos prises ailleurs. De toute façon ils ne contestent rien sauf la volonté de casser, puisqu’ils n’ont rien cassé. Maître Duquennoy le plaide : « Elle s'est expliquée honnêtement, et sans cela vous n'auriez rien pour la poursuivre. »
Une avocate venue du Jura plaide pour son client, « le souhait de changer cette société », et « il n’a pas cassé la barrière, il l’a dégoupillée ». La société APRR n’est pas présente, ni représentée, elle n’introduit aucune demande de réparation, rien.
Le parquet requiert des peines en fonction des casiers de chacun, car les deux absents, une mère et son fils, offrent des profils un peu différents. Pour la femme au casier vierge, 4 mois de prison avec sursis, pour deux autres, 6 mois ferme, pour le fils majeur qui n’est pas venu et dont le casier commence à faire, 9 mois ferme, « eu égard à son absence ».

Condamnés pour dissimulation du visage sans motif légitime

Le tribunal relaxe les prévenus pour les faits de dégradations, et les condamne pour dissimulation « sans motif légitime » de leurs visages. On le précise car hier absolument tout le monde portait un masque à l’audience, on a ainsi appris qu'un nouveau protocole sanitaire interne au palais de justice le rendait obligatoire, contraignant donc chacun à dissimuler son visage, mais pour un motif dit légitime.

La femme de 30 ans est condamnée à 200 euros d’amende avec sursis. L’homme de 36 ans est condamné à 30 jours amende à 10 euros. La femme absente est condamnée à une amende de 500 euros, son fils à 2 mois de prison.

Florence Saint-Arroman